Alors que la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères prévue hier à Jeddah en Arabie saoudite a été reportée à une date ultérieure et sans explications de la Ligue arabe, les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) ont opposé hier une résistance farouche aux troupes du régime. Quatre jours après avoir lancé son offensive terrestre pour déloger les rebelles d’Alep, les chars et les avions de combat du régime de Bachar El-Assad continuent de pilonner plusieurs quartiers de la métropole du Nord. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les quartiers Chaar, Tariq al-Bab, Hanano, Boustane al-Qasr et Salaheddine, secteur emblématique des insurgés où des combats ont lieu, sont la cible des violents tirs d’artillerie par l’armée. Les rebelles de l’ASL ont affirmé cependant avoir repris à l’armée des positions «stratégiques» à Salaheddine après que l’armée a dit contrôler totalement le quartier mercredi dernier. Mais les communications sont entièrement coupées avec la ville et il n’était pas possible de joindre des militants sur place. Par ailleurs, selon le journal officiel Al-Watan, la voie vers le quartier al-Sukkari, deuxième bastion en importance des rebelles, «est désormais ouverte pour l’armée qui a pris le contrôle de plusieurs axes lui permettant de le prendre d’assaut». Des tirs ont été en outre entendus à Damas alors que les localités proches d’Al-Tal et de Harista étaient bombardées, d’après l’OSDH, une ONG basée en Grande-Bretagne qui tire ses informations d’un réseau de militants et de témoins. Plus au nord, à Homs, des soldats aidés de miliciens ont «exécuté» dix jeunes dans le quartier Chamas où ils sont entrés après plusieurs heures de pilonnage, selon le Conseil national syrien, principale coalition de l’opposition. Les victimes ont été choisies parmi une foule de 350 personnes rassemblées sur une place, affirme le CNS qui dit craindre un «terrible massacre». Des accrochages avaient lieu par ailleurs dans la province de Deraa (sud), berceau de la révolte déclenchée en mars 2011 contre le régime d’El-Assad. Au fil des mois, la contestation en Syrie contre le régime de Damas a fait plus de 21 000 morts selon l’OSDH, des dizaines de milliers de réfugiés et des centaines de milliers de déplacés. Avant-hier, près de 150 personnes en majorité des civils ont péri, a précisé l’OSDH qui ajoute que 8 personnes sont mortes hier, selon un bilan provisoire de cette ONG. Par ailleurs, un journaliste de l’agence officielle syrienne Sana a été assassiné par un groupe armé, avant-hier à son domicile, dans la province de Damas, ont rapporté l’agence et l’OSDH.
Impuissance diplomatique
La recrudescence de la violence armée en Syrie s’accentue chaque jour un peu plus, alimentée par l’impuissance de la communauté internationale à s’accorder sur les moyens de régler le conflit: les Occidentaux et certains pays arabes d’un côté appuyant la rébellion et réclamant un départ de Bachar El-Assad, et d’un autre, les Russes et les Iraniens refusant tout changement de régime par la force. Dans ce contexte, la réunion ministérielle arabe censée porter sur ce conflit dévastateur, qui dure depuis près de 17 mois, et prévue à Jeddah en Arabie saoudite, a été reportée sine die sans explications de la Ligue arabe. Cette «réunion d’urgence» devait permettre de discuter du conflit et du remplacement du médiateur international Kofi Annan, qui a démissionné la semaine dernière après l’échec de ses efforts de paix. Le diplomate algérien Lakhdar Brahimi était pressenti pour lui succéder. Toutefois, les chefs de la diplomatie des six monarchies du Golfe (Arabie saoudite, Oman, Koweït, Emirats arabes unis, Qatar, Bahreïn), tiendront en soirée à Jeddah une réunion sur la crise syrienne. Cette session interviendra avant un sommet islamique après-demain dans le royaume, à l’initiative du roi Abdallah d’Arabie saoudite qui cherche à mobiliser le monde musulman en faveur du soulèvement en Syrie.
Clinton évoque une zone d’exclusion aérienne
A Istanbul, Hillary Clinton déclare avant-hier avoir évoqué des plans opérationnels avec la Turquie afin d’«accélérer la fin de l’effusion de sang et du régime El- Assad». Par ailleurs, alors qu’on lui demandait si l’hypothèse de zone d’exclusion aérienne au-dessus du territoire syrien a été envisagée, elle a répondu par l’affirmative : «Les problèmes que vous avez soulevés dans votre question sont exactement ceux dont le ministre et moi-même avons convenu qu’ils nécessitaient une analyse plus approfondie».
Hollande à la recherche «obstinée» d’une solution
De son côté, Paris recherche de façon «obstinée» une solution politique en Syrie, a souligné avant-hier François Hollande, répondant implicitement à ceux qui le taxent d’«attentisme». Il s’agit, a-t-il spécifié, de «venir en aide aux réfugiés mais aussi aux combattants qui font face à une répression menée par un régime qui n’est plus animé que par la seule peur de sa propre fin». Le groupement médico-chirurgical déployé par la France pour venir en aide aux réfugiés syriens à Zaatari, à la frontière jordano-syrienne, est ainsi dé-sormais opérationnel.
Lynda Naili Bourebra