Dans son discours prononcé à l‘occasion de la clôture des travaux du conseil national du parti, le SG de l’instance exécutive du FLN, Abdelaziz Belkhadem dira : «Je n’invente rien quand je vous dis que le FLN se dirige vers son 9e congrès après avoir retrouvé l’union entre les militants et qu’il est sorti des effets de la crise qui l’a secoué».
Hélas, ce n’est pas le cas, car le désaccord au sein du vieux parti est toujours là et les débats contradictoires qui ont caractérisé les travaux du conseil national affirment que l’ex-parti unique a du chemin à faire pour arriver à une vraie réconciliation entre ses militants.
D’ailleurs, le prochain congrès ne se tiendra pas finalement le 1er février 2010 comme prévu ; en outre Belkhadem a choisi le moyen de la censure pour se débarrasser de ceux qui le dérangent comme c’est le cas de l’actuel vice-président du Sénat, Abderrezak Bouhara.
S’agissant du report du congrès, la commission chargée de la préparation a été installée il y a six mois. Belkhadem a indiqué que le congrès du parti devait se tenir le 1er février 2010 pour éviter la problématique du vide juridique mais il fallait «pour cela que nous soyions prêts, ce qui n’a pas été possible du point de vue organisationnel».
Dans une conférence de presse tenue jeudi dernier à Alger à l’issue de la clôture des travaux de la session du conseil national du parti, Belkhadem a expliqué que certaines sous-commissions n’ont pas terminé leur travail, ajoutant qu’il fallait élargir la sphère de participation au débat. Toutefois, il a précisé que le parti avait arrêté un délai pour la tenue du 9e congrès qui ne saurait aller au-delà du 31 mars prochain.
Le rapport Bouhara censuré
Pour ce qui est du rapport de Abderrezak Bouhara, président de la commission «Message de Novembre» qui a dérangé la direction du FLN, Belkhadem a eu recours à la censure, d’autant que son auteur avait écrit : «Un parti en déclin est condamné à la disparition s’il ne procède pas à une refondation.»
A ce titre, Belkhadem dira que seules les recommandations approuvées par la majorité des membres leaders du parti seront retenues dans les rapports finaux des différentes commissions de préparation du 9e congrès.
Concernant le cas de Bouhara, Belkhadem a précisé que «tout ce qui est jugement de valeur sera éliminé du rapport final», ajoutant : «Nous remettrons à la base militante seulement les recommandations qui ont obtenu l’approbation de la majorité des membres de la direction du parti». Selon Belkhadem, «personne n’a le droit d’apporter des jugements à nos militants, ils sont mûrs et peuvent juger eux-mêmes».
Après avoir minimisé le poids de Abderrezak Bouhara au sein du parti, il déclarera que «ceux qui apparaissent dans les médias comme des poids lourds ne le sont pas forcément au sein du parti», rétorquant qu’«il ne s’agit pas de censure».
Dans ce cadre, un membre de l’instance exécutive du parti dira : «Le rapport de Bouhara sera recentré, on n’est pas là pour imposer des règlements de compte d’une époque passée», avant d’ajouter : «Vous savez, le rapport présenté par Bouhara et la même lettre qu’il a rédigée il y a deux ans ; il n’a même pas réuni sa commission «Message de Novembre» comme c’est le cas pour la commission des affaires étrangères présidée par Goudjil» .
Il y a lieu de rappeler que dans sa précédente lettre, Bouhara avait tiré la sonnette d’alarme sur l’avenir du parti, notamment après le recul constaté lors des législatives de 2007, appelant à ouvrir le débat sur le parti.
Cependant, si des militants partagent cette vision, la direction du FLN fait l’impasse et il faut attendre le jour du congrès pour connaître la suite.
Par ailleurs, Belkhadem a clarifié les prérogatives du président du parti qui est Abdelaziz Bouteflika, déclarant : «Bouteflika est président du FLN, il peut présider le conseil national du parti. Je lui ai remis moi-même tous les rapports des commissions». Selon le statut général du parti ,«le président du parti est candidat à la présidence». A ce titre Belkhadem dira : «Puisse Dieu lui prêter longue vie».
«Le PT parti vieillissant et le RND né avec des cheveux blancs»
Interrogé sur l’alliance entre le PT et le RND pour les sénatoriales, Belkhadem n’a pas caché sa colère, estimant que c’est juste une alliance pour ce rendez-vous électoral.
Dans ce cadre, il a déclaré qu’«il s’agit d’un parti qui a vieilli avant de se mettre debout sur ses jambes (PT) et d’un autre parti qui est né avec des cheveux blancs (RND)», ajoutant : «Je ne commente pas les choix des partis, mais parfois des situations nous amènent à le faire.
Nous sommes dans une alliance et nous sommes en droit de nous poser des questions». Selon Belkhadem, toutes ces questions seront posées dans un autre cadre.
On ne sait pas si cela sera fait durant une rencontre de l’alliance. Pour lui, la vraie crainte «c’est de nous affaiblir en disséminant nos voix à travers de nombreuses candidatures».
Le FLN pour l’incrimination du colonialisme
D’autre part, les excuses et l’indemnisation demandées à la France pour ses crimes coloniaux en Algérie ont été relancées.
Pour le secrétaire général, l’incrimination du colonialisme devait faire l’objet d’une loi «car une telle entreprise ne saurait être glorifiée». Ajoutant : «Nous encourageons toute démarche dans ce sens, et on est fier que cela vienne de nous.» A rappeler qu’un député du FLN a soumis une proposition de projet de loi dans ce cadre et plus de 50 députés ont apporté leur signature.
Il faut dire que le vieux parti se dirige vers son congrès sans tenir compte des contradictions qui existent en son sein. Belkhadem se dit prêt à continuer sa mission si cela est souhaité par le parti et Abdelkader Hadjar se dit non intéressé par ce poste.
Nacera Chenafi