La visite de deux jours qu’effectuera le président français, François Hollande, en Algérie à partir d’aujourd’hui ne laisse pas, loin s’en faut, indifférent une partie de la classe politique.
Des partis politiques viennent en effet de l’interpeller sur la question de l’histoire commune entre les deux pays en l’invitant à faire acte de repentance pour les crimes commis par la France coloniale contre le peuple algérien.
Cette lettre adressée à l’hôte de l’Algérie et qui a été signée par 11 partis politiques a d’ailleurs été déposée hier à l’ambassade de France à Alger. Il va sans dire que cette missive adressée au locataire de l’Elysée tourne principalement autour de la question de la repentance et de la nécessité pour la France de présenter des excuses au peuple algérien pour les crimes commis durant la longue nuit coloniale.
Ce point vient en tête des huit revendications que contient cette lettre. Les 11 partis demandent aussi une indemnisation pour ces crimes commis. Les signataires de la lettre demande aussi au président français de ne pas provoquer les sentiments du peuple algérien en évitant d’inviter les harkis et les pieds noirs pour faire partie de la délégation qui l’accompagnera lors de sa visite car, selon les termes de la lettre, « ils ne sont pas les bienvenus ».
A ce propos ces partis demandent à ce que ces derniers, les pieds noirs notamment, arrêtent de revendiquer des indemnisations pour leurs biens laissés en Algérie après l’independance du pays en 1962.
Il est aussi demandé à Hollande de restituer les archives et de mettre à la disposition de l’Algérie les cartes des mines disséminés notamment le long des frontières avec le Maroc et la Tunisie. Autant dire qu’il s’agit là de questions encore en suspens qui pèsent lourdement dans la balance des relations bilatérales entre les deux pays.
De plus les11 partis signataires demandent à la France de cesser de faire dans la provocation dans la région du Sahel et de privilégier les solutions pacifiques pour régler la question du Nord-Mali. L’indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires et l’arrêt des humiliations des ressortissants algériens établis en France font aussi partie des revendications formulées par ces partis politiques.
« Nous allons attendre la fin de la visite pour faire le bilan et après nous allons décider de la suite à donner à nos revendications » dira hier Djamal Benabdessalam, le secrétaire général du Front de l’Algérie nouvelle, un des partis signataires de cette lettre , lors d’une conférence de presse.
« Les harkis et les pieds noirs n’ont aucun droit en Algérie » dira de son côté Tahar Benbaibeche, président du parti El Fedjr El Djadid, ajoutant, sur un ton interrogatif : « Comment osent-ils demander des indemnisations alors qu’ils sont des spoliateurs ? ». Et quel sera l’attitude de ce groupe politique au cas de la non satisfaction des revendications par la
France ? « Nous sommes prêts à sortir dans la rue » indique, pour sa part, Naïma Salhi, présidente du Parti de l’équité et de la proclamation. Une attitude que les autres intervenants ont vite tempérée en soulignant, comme l’a fait le président du MSP, Bouguerra Soltani, lorsqu’il a souligné que cette « question est du ressort de tout le peuple algérien ».
Le président du MSP, interrogé sur l’attitude qu’adopteront les députés de ces partis politiques, a précisé que les représentants du peuple ne vont pas boycotter le discours de Hollande jeudi devant les parlementaires.
Kamal Hamed