Repas empoisonnés, faux papiers : une nourrice algérienne jugée pour antisémitisme en France

Repas empoisonnés, faux papiers : une nourrice algérienne jugée pour antisémitisme en France
Une nourrice algérienne est jugée à Nanterre pour avoir intoxiqué une famille juive et utilisé de faux papiers.

Une femme algérienne de 42 ans, Leila, fera face mardi au tribunal correctionnel de Nanterre, où elle sera jugée en détention pour administration de produits nuisibles pour une famille juive. L’affaire est d’une gravité et de nature inédite en France.

Sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français, elle est la première nourrice à être accusée d’avoir ciblé une famille juive en raison de sa confession. Les faits se sont déroulés au sein d’un foyer parisien, touchant un couple et leurs trois enfants âgés de 2, 5 et 7 ans.

Leila, d’origine algérienne et âgée de 42 ans, sans enfant et visée par une OQTF depuis février 2024, est attendue ce mardi 9 décembre 2025 devant le tribunal correctionnel de Nanterre. Elle doit être jugée pour « administration de substances nuisibles suivies d’incapacité supérieure à huit jours commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion« .

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Une nourrice jugée pour avoir intoxiqué une famille juive

L’employée, placée en détention depuis février 2024, est accusée d’avoir volontairement ajouté des produits ménagers toxiques dans les aliments et les boissons de cette famille. Le mobile de ces actes serait lié aux « stéréotypes antisémites concernant les juifs, l’argent et le pouvoir ».

Les faits remontent à janvier 2024, quatre mois après l’embauche de Leila comme garde d’enfants à domicile. La nourrice est également poursuivie pour avoir utilisé une fausse carte d’identité belge pour se faire recruter.

L’alerte a été donnée le 30 janvier 2024 par l’employeuse, qui avait constaté un goût de produits ménagers et une odeur de javel dans ses boissons et son démaquillant. Le couple a rapidement suspecté la nourrice, seule personne étrangère au foyer à y avoir accès.

Par ailleurs, la police a saisi les contenants suspects. Les expertises toxicologiques ont confirmé la présence massive et anormale de polyéthylène glycol (PEG) et d’agents chimiques, provenant notamment d’un nettoyant multi-usage et d’un produit WC à base de javel, dans le vin, le jus de raisin et les pâtes. L’ordonnance de renvoi a souligné que ses produits étaient « nocifs, voire corrosifs » pour le tube digestif.

La défense conteste le caractère antisémite

Placée en garde à vue le 5 février 2024, Leïla a d’abord nié les faits. Cependant, lors de la perquisition, elle a justifié ses actes par des propos antisémites, affirmant : « Parce qu’ils ont de l’argent et le pouvoir, je n’aurais jamais dû travailler pour une juive… »

Elle a ensuite reconnu avoir versé une « lotion à base savonneuse » dans les denrées, qu’elle décrit comme une « punition » et un « avertissement » suite à des tensions salariales et un sentiment de « manque de respect ». Elle a assuré n’avoir voulu provoquer que des douleurs, sans intention de tuer.

Pour le juge d’instruction, cette première déclaration constitue le socle de la qualification pour circonstance aggravante d’antisémitisme.

Les faits requalifiés

L’avocate de Leïla affirme que sa cliente conteste l’antisémitisme et est revenue sur ses aveux, plaidant pour une motivation liée à la jalousie et au « ressentiment financier ». Elle insiste sur le fait que seules les boissons des parents contenaient les substances nuisibles.

Cependant, l’enquête révèle des recherches téléphoniques de l’accusée sur l’identité des victimes et les pratiques religieuses juives.

Sur le plan judiciaire, l’inculpation pour « tentative d’empoisonnement » a été abandonnée, car les produits n’étaient pas mortels. La circonstance aggravante d’antisémitisme, écartée par le parquet, a finalement été maintenue par le juge lors de l’ordonnance de renvoi.

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