Depuis l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une nouvelle résolution sur le Sahara occidental, sous occupation marocaine, une nouvelle guerre de déclarations s’est enclenchée entre Alger et Rabat.
Les relations algéro-marocaines se détériorent à nouveau. Et comme à l’accoutumée, c’est la question du Sahara occidental qui est à l’origine de la dégradation de ces relations, mais surtout à l’origine d’une guerre de mots sans précédent. La guerre médiatique menée contre l’Algérie par le Maroc a fait réagir les responsables algériens. L’Algérie ne cesse de rappeler qu’elle n’est pas partie prenante mais concernée, à l’instar de la Mauritanie. Les deux pays participent en tant qu’observateurs dans les négociations organisées sous l’égide des Nations unies. C’est le président de l’APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa qui tient à corriger cette fois-ci le Maroc. «Il y a lieu de rappeler que l’Algérie n’est et n’a jamais été partie au conflit et n’a aucune visée expansionniste ni une quelconque volonté de tirer profit du conflit entre le Front Polisario et le Maroc», a déclaré hier le président de l’APN, lors d’une journée parlementaire sur le droit des peuples à l’autodétermination. Le responsable est revenu à l’initiative américaine qui est à l’origine d’une grande panique au Palais royal. «La résolution proposée par les Etats-Unis au Conseil de sécurité a provoqué une grande panique dans les milieux politiques et au niveau du gouvernement marocain, et quels que soient les amendements et les pressions liés aux intérêts, notamment ceux exercés par deux pays connus pour leurs positions partisanes, cette résolution constitue un sérieux avertissement et un prélude à l’adresse des autorités coloniales», a ajouté Larbi Ould Khelifa. Les déclarations du président de l’APN interviennent après celle du porte-parole du Palais royal marocain, Abdelhak Lamrini, qui ne cesse de citer l’Algérie comme partie prenante dans le conflit. «Le nom de l’Algérie n’est évoqué nulle part dans la résolution, car il revient, à titre principal, aux parties en conflit, et non pas aux pays voisins, à s’impliquer plus résolument pour mettre fin à l’impasse actuelle. Les tentatives d’impliquer l’Algérie à travers une telle lecture, dont le caractère erroné et unilatéral n’échappe à personne, resteront, comme par le passé, vaines et sans lendemain», affirme un haut responsable algérien au journal électronique, TSA, sous couvert de l’anonymat. Selon le même responsable, «la déclaration du Palais royal fait état de la prééminence de l’initiative sur l’autonomie, alors qu’en vérité le Conseil de sécurité met, systématiquement et dans toutes ses résolutions, sur un pied d’égalité la proposition marocaine et celle présentée par le Font Polisario au secrétaire général de l’ONU, le 10 avril 2007». Dans sa déclaration, le roi du Maroc fait le lien entre le conflit sahraoui et la crise au Mali ainsi que la situation qui prévaut au Sahel. L’Algérie «rejette et récuse fermement tout amalgame factice et tout lien artificiel établi entre la question du Sahara occidental, qui est et demeure une question de décolonisation reconnue et enregistrée en tant que telle par l’ONU, et le contexte sécuritaire régional ou la coopération sous-régionale au niveau du Maghreb, qui ne peuvent pas servir de prétextes à un déni de justice», corrige le responsable algérien. La campagne médiatique marocaine contre l’Algérie risque également de freiner le processus de négociations entre les deux pays pour l’ouverture des frontières. Le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, avait annoncé à Rabat que «les frontières terrestres entre l’Algérie et le Maroc ne peuvent pas rester fermées indéfiniment et la question sera résolue dans un avenir proche». L’acharnement et le harcèlement des autorités marocaines contre l’Algérie risquent de retarder cette ouverture, tant souhaitée de l’autre côté des frontières.
Par Mehdi Ait Mouloud