La rentrée sociale approche. Les différents départements ministériels mais aussi les partenaires sociaux préparent ce come-back.
Et chacun à sa manière. Les uns et les autres emploient les mêmes mots mais dans un sens différent. Les montres des uns et des autres n’indiquent pas la même heure.
Il faut dire que les prémices d’une entrée perturbée sont là : menaces des syndicalistes de renouer avec la protestation, malaise au niveau de certains secteurs, Code du travail, dossier de la retraite, rappel des enseignants pas encore versés… Voilà, en somme, les éléments qui risquent de faire mal lors de la prochaine rentrée sociale.
MONTÉE AU CRÉNEAU DES SYNDICATS
Une chose est sûre : les clignotants sont au rouge. Deux départements et de surcroît névralgiques sortent du lot : l’éducation et la santé. Le secteur de l’éducation nationale qui a connu l’année dernière un large mouvement de grève risque de revivre le même scénario.
Certes, le premier responsable de secteur a organisé une série de rencontres avec ses directeurs de l’éducation, dont la première a été tenue mercredi dernier, mais cela reste de loin insuffisant pour dire que le feu est définitivement éteint. La fumée est toujours omniprésente. D’autant que d’autres, le non-versement, du moins en totalité, des rappels 2009 au profit des enseignants.
Cette « volte face » du ministre risque de faire couler beaucoup d’encre sous peu. Le Conseil national autonomes des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest) met, déjà, en garde Benbouzid quant à toute tergiversation dans le traitement de cette question. Les oeuvres sociales, le régime indemnitaire ainsi que de la médecine du travail attendent, également des réponses positives de la part du ministère de l’Éducation nationale. Sur le plan pédagogique, la situation n’est guère meilleure.
Outre, la grogne des enseignants, la colère pourrait toucher les élèves. Et ce n’est pas sans motifs. Le constat n’est pas du tout reluisant : classes pléthoriques, programmes surchargés et un volume horaire on ne peu plus suffoquant.
D’ailleurs l’année précédente, les élèves sont montés au créneau pour dénoncer cet état de fait. C’est ainsi qu’il ont mis l’accent sur la nécessité urgente de procéder à l’allégement des programmes. Comme ils ont interpellé Benbouzid afin de trouver la meilleure formule possible pour réduire le volume horaire qualifié alors d’insupportable.
Du côté du secteur de la santé, les choses ne se présentent pas sous de bons auspices. Les praticiens de la santé publique attendaient toujours des mesures concrêtes quant à la prise en charge de leur plateforme de revendications. Ces derniers réclament la révision purement et simplement de l’actuel statut particulier élaboré selon eux, d’une façon unilatérale par le ministère alors sous la direction de Saïd Barkat.
À cela, il y a lieu d’ajouter la mise en place d’une commission mixte pour le régime indemnitaire. Le département de Ould Abbès fait, aussi, face à une pénurie du médicament. Le problème est sérieux sans pour autant arriver à lui trouver une issue. La mise en place d’une carte de la santé est tout bonnement renvoyée aux calendes grecques.
Comme c’est le cas, d’ailleurs, pour les autres chantiers engagés mais qui tardent toujours à voir le jour à savoir, le Code de la santé. Le port d’Alger risque lui aussi la paralysie à l’orée de la prochaine rentrée sociale. Le Syndicat des travailleurs de l’entreprise Dubai porword Djazeair (DPW) gestionnaires du terminal à conteneurs du port d’Alger menace d’une grève.
La protestation est, selon lui, motivée par « l’inertie de la direction quant à la prise en charge de leurs revendications. Celles-ci tournent autour de la nécessité de réduire le volume du travail actuel imposé par la direction aux travailleurs, la signature d’une convention jusque-là refusée par la direction.
Les dockers trouvaient insensé ce refus. L’augmentation des salaires figurait également au rang des éléments incontournables de la plateforme des revendications du syndicat.
CES ASSURANCES QUI NE RASSURENT PAS
Les assurances des ministères concernés par les mouvements de protestation des syndicats autonomes ne manquaient point : Ould Abbès avait à moult reprises indiqué que les revendications des partenaires sociaux seront prises en charge.
Il a même reconnu que le corps médical est mal payé et qu’il fera tout pour lui redorer le blason. Ces déclarations ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd. Et pour cause, les syndicalistes ont salué le discours du ministre en proférant, toutefois, quelques réserves.
Pour eux, l’essentiel est de joindre à ses propos des actes. Pour les professionnels de la santé tout sera clair d’ici la rentrée sociale. Et de mettre en garde Ould Abbès : Seul des mesures fiables pourraient mettre fin à ce bras de fer qui n’a que trop duré.
De son côté, son collègue du gouvernement, le ministre de l’Éducation nationale, Boubekeur Benbouzid peine à convaincre les syndicats de son secteur de renoncer à leur mouvement de protestation.
Les syndicalistes reprochent à leur ministère sa politique de fuite en avant quant à la prise en charge concrète, de leurs revendications. D’ailleurs, cette manière de gérer les conflits sociaux a failli engendrer l’irréparable, l’année dernière. Une année blanche a été évitée de justesse. Mais il a été enregistré un retard considérable dans l’avancement des programmes.
Un état de fait qui a brouillé les cartes du ministère, notamment pour les sujets du BAC qui ont été confectionnés uniquement sur la base du premier trimestre. Autrement, l’évaluation des élèves n’a été faite que sur 60% du programme scolaire.
Éviter à un tel scénario de se reproduire cette année est le crédo du ministère mais qui passe inéluctablement par la prise en charge des revendications des enseignants et surtout par la mise en place d’un programme allégé, un emploi du temps souple concocté selon les normes pédagogiques.
RETRAITE, CODE DU TRAVAIL ET AUTRES DOSSIERS QUI FÂCHENT
D’autres points aussi compliqués qu’épineux attendent des réponses fiables et claires de la part de la tutelle. Il s’agit, notamment, des deux dossiers en l’occurrence le Code du travail et celui de la retraite.
Depuis l’annulation du dispositif relatif au départ à la retraite avant l’âge légal de 60 ans, la tension n’a pas baissé d’un pouce du côté des travailleurs. Les syndicalistes, quant à eux, voyaient du mauvais oeil cette décision prise, faudra-t-il le rappeler, lors de la dernière tripartite.
Ils réclament le maintient de l’ancien système. Notons, dans ce sillage, que le ministre de l’emploi et de la Sécurité sociale,Tayeb Louh a souligné, ce jeudi, que ce dossier est entre les mains du Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Il y a également le projet de loi portant nouveau Code du travail. Un projet qui a suscité des inquiétudes parmi les travailleurs.
Ceux-ci appréhendent la manière « en catimini », avec laquelle le département de Tayeb Louh avait procédé à son élaboration. Tout ça pour dire combien le terrain, même s’il est prématuré d’avancer quoi que ce soit, est miné à la veille de la rentrée sociale… Attention à la marche.
Amokrane Hamiche