L’ouverture de la session d’automne du Parlement a été une occasion pour le Premier ministre Ahmed Ouyahia de s’exprimer sur des dossiers d’actualité sans entrer dans le détail. Il s’agit notamment de la position de l’Algérie vis-à-vis de la Libye, la rentrée sociale et le code de l’information.
Sur ces trois importants dossiers, le Premier ministre s’est montré optimiste. Dans une conjoncture régionale et mondiale spécifique, notamment avec le développement de la situation en Libye, outre les accusations portées contre l’Algérie surtout après l’accueil des membres de la famille du colonel Kadhafi sur le sol algérien, la position de l’Algérie est interprétée par certaines parties comme une confirmation du soutien au régime Kaddafi. Dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a expliqué la position de l’Algérie lors de la conférence de Paris. Il était d’ailleurs absent à la cérémonie d’ouverture de la session parlementaire. Toutefois, le Premier ministre Ahmed Ouyahia s’est exprimé sur les relations algéro-libyennes. A ce propos, il a déclaré que «le retour de la sécurité et de la stabilité en Libye, que nous souhaitons rapide dans ce pays frère, permettra le retour à nos relations fortes et solides et favorisera la construction de l’édifice maghrébin». Ouyahia a réaffirmé la position de l’Algérie vis-à-vis de la crise libyenne, rappelant les récentes déclarations du chef de la diplomatie algérienne Mourad Medelci qui s’était exprimé, a-t-il dit, sur la position de l’Algérie «au nom de la République». Pour Ouyahia, l’Algérie et la Libye «sont liées par des relations de fraternité et de bon voisinage». Ainsi, l’Exécutif semble optimiste sur l’avenir des relations avec la Libye même si rien n’est encore clair sur la fin du conflit libyen. Il faut dire que les choses se sont compliquées après l’accueil par l’Algérie de certains membres de la famille Kaddafi. Sur ce point, Ouyahia dira qu’il s’agit d’un cas humanitaire, Selon lui, les membres de la famille Kaddafi présents en Algérie sont «sous la responsabilité des Algériens», ajoutant que «les Libyens eux-mêmes l’ont affirmé et nous ont demandé de les considérer comme des Algériens» sans préciser de quels Libyens il s’agissait. Dans ce contexte, il a souligné que l’Algérie «a une histoire, des traditions et une civilisation, et la Libye, pays frère, a un peuple avec une histoire ancestrale, un peuple voisin avec qui nous partageons un passé glorieux et un avenir radieux», précisant qu’il «existe des cas humanitaires que l’Algérie a traités». En outre, il s’est interrogé sur le motif ayant suscité le tollé qui a suivi cette affaire (l’accueil par l’Algérie de membres de la famille Kaddafi), rappelant que «des responsables d’autres pays» ont déjà été accueillis sans susciter ce tapage médiatique. Ouyahia a rappelé que des membres de la famille du défunt président Saddam Hussein ont été accueillis par d’autres pays sans soulever un tel tollé tout comme l’accueil du président tunisien déchu «en personne» et de sa famille qui n’a pas provoqué «cette tempête».
Des «avancées importantes» dans l’ouverture de l’audiovisuel
Interrogé sur des questions liées à l’actualité nationale, notamment la rentrée sociale qui s’annonce houleuse avec les mouvements de grève annoncés dans les secteurs de l’Education nationale et l’Intérieur, le Premier ministre a rassuré qu’il n’y aucune inquiétude. S’agissant de la tripartite, Ouyahia dira que celle-ci se «tiendra fin septembre ou au plus tard début octobre». Sans expliquer l’ordre du jour de cette rencontre, il a souligné qu’il sera question de «débattre de tous les dossiers» ajoutant : «On se rencontrera avec la bonne volonté de tous et j’espère qu’il y aura des résultats». Evoquant les projets de loi qui s’inscrivent dans les réformes politiques, Ouyahia a indiqué que d’autres textes seront adoptés lors du prochain Conseil des ministres qui se tiendra dans dix jours, donc probablement le 11 ou au plus tard le 14 septembre. «Dans une semaine à dix jours, nous allons examiner les projets de loi sur les partis, l’information, les associations, les finances et le règlement budgétaire», a-t-il dit. Pour ce qui est du projet de révision du code de l’information, le Premier ministre dira que ce texte contient des «avancées importantes» dans l’ouverture de l’audiovisuel, des facilités dans la délivrance des agréments aux nouveaux titres de la presse écrite qui ne seront pas du ressort de la justice, en plus de la réactivation du Conseil de l’information qui s’occupera notamment de la délivrance de la carte nationale de presse. Selon Ouyahia, c’est la première fois qu’il y a une législation «claire» sur l’audiovisuel. Il est à rappeler que lors des consultations sur les réformes politiques menées par la commission Bensalah, le parti d’Ahmed Ouyahia avait surpris tout le monde en soutenant l’ouverture de l’audiovisuel avec des conditions, notamment la soumission à un cahier des charges. Avant ces consultations, aucune volonté n’a été affichée sur une éventuelle ouverture de l’audiovisuel alors que les derniers événements que connaît le monde montrent comment les chaînes satellitaires peuvent être une arme servant les intérêts des uns et des autres.
N. C.