Plus de 8 000 000 d’enfants prennent aujourd’hui le chemin de l’école. L’entrée en vigueur du nouveau week-end semi-universel fait que cette rentrée ait lieu un dimanche.
Un changement brusque pour les bambins qui devront s’habituer à ce que le premier jour de la semaine soit désormais un dimanche et le samedi un jour de repos, en plus du vendredi et de la demi-journée de mardi.
C’est aussi un grand changement pour les parents qui posent d’ores et déjà le problème du manque d’espaces de loisirs et de détente pour occuper les enfants pendant ces deux jours.
Non sans exprimer des inquiétudes concernant le risque de surcharge des programmes après qu’il a été décidé de dispatcher les quatre heures du jeudi sur les autres jours.
Des inquiétudes et des interrogations somme toute légitimes mais que le ministre de l’Education, M. Boubekeur Benbouzid, minimise chaque fois qu’il est interpellé sur la question.
Le ministre rappelle que l’année scolaire 2009/2010 s’étalera sur 35 semaines au lieu de 27 auparavant, soit huit semaines de plus.
Ce qui permettra aux élèves d’avoir plus de temps pour les cours et pour les révisions, selon ses dires. Le ministre assure que les enfants auront même droit à cinq jours de plus de vacances, en plus de celles de l’été.
Côté administratif, force est de reconnaître que les services du ministère ont déployé de grands efforts pour assurer une bonne rentrée 2009/2010.
Les manuels sont arrivés dans la majorité des écoles avant même la fin de l’année 2008/2009 et en grandes quantités (60 millions d’ouvrages).
Même chose pour la prime de scolarité dans de nombreux établissements, si l’on croit les dires du ministre.
Concernant les infrastructures, il subsiste encore des retards mais les ministères de l’Education et de l’Habitat travaillent de concert de façon à faire face à d’éventuels dysfonctionnements et perturbations.
Les deux ministres se sont rencontrés plusieurs fois autour de cette question et s’engagent à résorber les retards. La tâche n’est pas facile. Les données sur le terrain le confirment.
Les chiffres de la rentrée indiquent que le nombre d’élèves attendus cette année est de 8 147 237, soit une augmentation de 318 000 élèves comparé à celui de l’année dernière. Les encadreurs sont au nombre de 370 259.
17 995 écoles primaires, 4 853 CEM et 1 825 établissements du secondaire sont ouverts pour les accueillir.
Les cantines scolaires sont au nombre de 609 et les demi-pensionnats au nombre de 224. 12 nouveaux pensionnats sont ouverts dans le secondaire.
Les bénéficiaires du soutien scolaire sont au nombre de 3 800 000 élèves. L’enveloppe financière allouée à ce soutien est de 30 milliards de dinars.
Le nombre des bus de transport scolaire est de 4 808, celui des unités de dépistage scolaire est de 1 380.
L’enveloppe financière consacrée au manuel scolaire est de 6,5 milliards de dinars pour une production totale de 60 millions d’ouvrages comme nous l’avons mentionné plus haut.
Ces manuels seront distribués gratuitement à quelque 4 millions d’enfants entre les nécessiteux, les élèves du préscolaire et des classes de première année primaire, ainsi que les enfants des enseignants et autres personnels du secteur de l’Education.
L’allégement des programmes n’est pas à l’ordre du jour. Les séances de cours seront maintenues pendant une durée de 60 minutes au lieu des 45 proposées. Du moins pour cette année.
Le ministre Benbouzid soutient que l’idée est toute nouvelle et qu’elle mérite d’être mieux réfléchie.
Les syndicats du secteur émettent la même appréciation et proposent donc son report à la rentrée 2010/2011.
Certains se montrent disposés pour son application à condition toutefois que cette séance de 45 mn soit rétribuée au même tarif que celle de 60 mn.
C’est la seule chose qui semble préoccuper certains de ces syndicats. La nouveauté qui continue de soulever des appréhensions et des interrogations, c’est le port obligatoire de la blouse bleue pour les garçons et rose pour les filles.
Les parents se perdent dans leurs questions. Il n’y a pas de couleur spécifique pour le bleu, ni d’ailleurs pour le rose et le blanc (pour les filles du secondaire).
Quelle couleur choisir ? Faut-il un tablier avec ou sans manches ? Les fabricants se posent les mêmes questions. Le ministre rassure qu’il n’exige pas un bleu ou un blanc spécifique.
L’essentiel est que la blouse devienne obligatoire dans les trois cycles. Pour le reste, affirme-t-il, une commission est chargée de suivre cette question.
«Nous sommes au début de l’application de cette opération. La commission se charge de vérifier la faisabilité de la chose sur le terrain. Nous comptons associer les parents d’élèves et les fabricants pour voir de quelles façons nous pourrons arriver à des solutions qui seront à même de satisfaire toutes les parties» affirme le ministre.
Il est à souligner que les prix des tabliers dans les commerces ont augmenté de façon inquiétante.
Et pour cause : beaucoup de parents ont préféré attendre la dernière minute pour acheter un tablier à leur enfant.
En plus des changements imposés par le réaménagement du week-end semi-universel et la prorogation de l’année scolaire jusqu’au 4 juillet –ce qui n’est pas nouveau si l’on se réfère à la réglementation- la menace d’une propagation de la grippe porcine constitue un problème réel.
Le ministre affirme prendre ses devants en multipliant les actions de prévention. Le cours inaugural de cette rentrée, aujourd’hui même à 8 heures, porte d’ailleurs sur les dangers de cette grippe.
Trois ministres assisteront à la présentation de ce premier cours : Boubekeur Benbouzid, le ministre de l’Education nationale, Saïd Barkat, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et Rachid Haraouabia, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
En cas de pandémie, le premier responsable de l’Education nationale évoque la fermeture temporaire de tous les établissements.
Ce qui risque de pénaliser les élèves, exception faite (et encore!) de ceux des classes d’examen.
Le ministre affirme avoir élaboré tout un plan d’urgence pour assurer à ces derniers des cours scolaires.
Dans un premier temps, ces cours seront mis en ligne, en attendant de terminer les négociations avec les services de la télévision et de la radio algérienne pour la réalisation de cours radiophoniques et télévisuels.
La rentrée 2009/2010 s’annonce différente pour ne pas dire difficile en comparaison avec les années précédentes, en ce sens qu’elle prévoit des changements qui risquent de bouleverser aussi bien les habitudes des élèves que celles des enseignants et des parents.
Et ce, malgré tous les moyens mis en place pour assurer un meilleur accueil des élèves et qu’il faudrait d’ailleurs encourager.
Des syndicats montent au créneau et menacent de troubler la rentrée par des journées de protestation.
Karima Mokrani