Quelle interprétation donner aux positions affichées par les syndicalistes à la veille de la rentrée scolaire 2015 / 2016 ? Excepté le Syndicat national des corps communs des ouvriers et professionnels de l’éducation nationale (SNCCOPEN)qui a annoncé récemment la couleur en optant pour le boycott de la rentrée scolaire «comme seule alternative pour faire valoir ses revendications», tous les autres syndicats du secteur ont décidé à l’unanimité de passer le cap de la rentrée dans la sérénité.
Un signe qui plaide pour une année sans trop de remous, voire d’adhésion à la charte chère à Mme Benghebrit qui exclut tout mouvement de grève dans le secteur de l’éducation ? «Il ne faut rien conclure dans la hâte», nous ont arrêté nos interlocuteurs parmi les syndicalistes interrogés à ce propos. Adhérer au principe d’une rentrée sereine «ne veut en aucun cas dire que la protesta est écartée pour de bon pour le reste de l’année scolaire». Les syndicalistes adoptent pour le moment le profil du «wait and see» et d’agir en prenant les décisions appropriées selon le développement des négociations engagées avec la tutelle depuis l’année écoulée, disent-ils. L’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (UNPEF), par la voix de M. Sadek Dziri, considère que la rentrée scolaire est un grand évènement, une fête nationale, et il serait malvenu de la perturber. D’autant, estimera-t-il, que la tutelle semble afficher de bonnes dispositions pour régler les revendications soumises.
Pour rappel, la ministre de l’Education qui s’est engagée d’ores et déjà à répondre favorablement à la principale revendication des économes (relative la prime pédagogique) a quelque peu apaisé les esprits au sein de ce syndicat qui attend encore que d’autres préoccupations soient traitées de la même manière.
Pour sa part, M. Larbi Nouar, coordinateur du Conseil national autonome du personnel des enseignants du secondaire et technique élargi (CNAPESTE), considère qu’il faut s’en tenir aux termes de l’accord signé avec la tutelle. «Nous sommes tenus par un accord avec le ministère de l’Education nationale et nous attendons la concrétisation des acquis qui ont obtenu de fermes engagements de la part de la tutelle. Donc, pas de précipitation ni dans un sens ni dans un autre», a estimé M. Larbi Nouar, ajoutant que le délai de la concrétisation de ces acquis va jusqu’au 31 décembre 2015, et peut-être que les choses vont s’éclaircir avant cette date car la ministre a annoncé qu’elle va tenir des rencontres bilatérales avec les syndicats à partir du 15 octobre. «C’est un défi que la ministre a lancé pour régler les préoccupations des enseignants bien avant la fin de l’année en cours», a-t-il supposé.
Pour notre interlocuteur, prendre part à l’ouverture solennelle de l’année scolaire, aujourd’hui, à partir de Skikda (les syndicats ont été invités par le département de Mme Benghebrit pour assister à cet évènement) ne peut pas donner lieu à des déductions erronées. «L’année dernière, rappellera-t-il, on a assisté à l’ouverture de l’année scolaire à partir de Ghardaïa mais cela ne nous a pas empêché de déclencher par la suite un vaste mouvement de protestation. Tout dépend de la suite à donner à nos revendications, devenus des acquis après la signature de l’accord avec la tutelle ».
Enfin, les syndicalistes du secteur dans leur ensemble attendent le passage à l’acte de la part de la tutelle et aller vers la matérialisation des points contenus dans l’accord du mois de mars dernier. Ainsi, les actions à venir des syndicalistes sont intimement liées aux résultats des réunions qui auront lieu à partir du 15 octobre prochain. Notons que parmi les revendications que le ministère s’est engagé à satisfaire, on parle avec insistance de l’organisation d’un examen dès la rentrée scolaire pour la promotion de 45.000 enseignants dans les trois cycles et l’intégration systématique des enseignants «en voie d’extinction» dans la grille actualisée (admission aux postes d’enseignant principal et enseignant formateur classé à l’échelle 14). Sur d’autres sujets, M. Larbi Nouar conviendra que, malgré la persistance des problèmes de surcharge dans les classes, l’Etat a consenti un effort colossal en faveur du secteur de l’éducation, et il continue encore aujourd’hui sur la même voie en excluant le secteur de toute action d’austérité. Quant à la réforme de l’Ecole, il estimera qu’«on irait vers un ajustement de ce qui a été entrepris jusque-là plutôt que de remettre tout en cause». Pour le moment, on est en phase de collecte des informations et propositions de la dernière Conférence sur la réforme de l’éducation, puis on devrait s’atteler à préparer un seul rapport à soumettre au gouvernement qui décidera ce qu’il y a lieu de faire. «Et il y a beaucoup à faire à l’Ecole», conclura-t-il.