Rentrée scolaire en Algérie : l’éternel défi de l’encombrement des classes

Rentrée scolaire en Algérie : l’éternel défi de l’encombrement des classes
Rentrée scolaire en Algérie

À l’approche de la rentrée des classes, les directions de l’éducation accélèrent les préparatifs pour accueillir plus de 11 millions d’élèves. Mais le spectre de l’encombrement persiste, poussant les établissements à recourir à des solutions provisoires comme le double emploi du temps ou les « classes tournantes », en attendant la livraison de nouvelles infrastructures.

Chaque rentrée scolaire en Algérie se heurte au même problème : l’encombrement des salles de classe. Malgré les projets annoncés chaque année pour construire de nouvelles écoles ou agrandir les structures existantes, la pression démographique rattrape le système éducatif.

Pour absorber l’afflux massif d’élèves, les directions de l’éducation privilégient deux mécanismes temporaires. Dans le primaire, le système du double horaire est appliqué : une classe accueille deux groupes, l’un le matin, l’autre l’après-midi. Une solution qui soulage provisoirement les effectifs, mais qui réduit le volume horaire et fatigue élèves comme parents.

Dans le moyen et le secondaire, on opte souvent pour les « classes tournantes », où les élèves changent de salle au fil des cours, faute de locaux fixes. Cette organisation accroît la confusion et nuit à la concentration, avertissent les pédagogues.

Selon des estimations, certaines classes pourraient accueillir jusqu’à 45 élèves au primaire et plus de 55 au moyen et au secondaire, notamment dans les grandes villes comme Alger, Oran, Sétif, Constantine ou Blida. Une surcharge qui rend difficile le suivi pédagogique, limite l’interaction et fragilise la qualité de l’enseignement.

Encombrement scolaire : un impact direct sur la qualité de l’éducation

Les experts en sciences de l’éducation insistent : l’encombrement scolaire n’est pas un simple désagrément logistique, mais un facteur déterminant de la baisse de niveau. Plus le nombre d’élèves par classe augmente, plus l’accompagnement individuel diminue, et plus les activités interactives disparaissent au profit d’un enseignement magistral figé.

Les conséquences dépassent l’école. De nombreux parents constatent un affaiblissement du rendement scolaire et se tournent vers les cours particuliers, alourdissant leurs charges financières. Quant aux élèves, ils subissent un stress quotidien lié au manque d’espace et à la difficulté de suivi, pouvant entraîner démotivation, troubles de comportement ou décrochage précoce.

Si les solutions d’urgence comme le double horaire permettent d’éviter le chaos en début d’année, elles ne répondent pas au cœur du problème. Les spécialistes plaident pour une vision stratégique à long terme, articulée autour de plusieurs axes :

  • Accélérer la construction des établissements scolaires et les intégrer dans les plans d’aménagement urbain.
  • Revoir la carte scolaire pour mieux répartir les élèves entre quartiers saturés et zones moins denses.
  • Recruter davantage d’enseignants afin de réduire le nombre d’élèves par classe.
  • Valoriser les partenariats avec les collectivités locales, en utilisant provisoirement des espaces alternatifs (centres culturels, salles de quartier) jusqu’à la mise en service des nouvelles écoles.

La rentrée 2025 s’annonce comme un véritable test, non seulement pour les élèves et leurs familles, mais pour tout le système éducatif. Les solutions transitoires permettront d’amortir le choc, mais la question de fond reste entière : comment garantir à chaque élève une scolarité de qualité dans un cadre adapté ?

Au-delà des réponses provisoires, c’est une volonté politique claire et une planification rigoureuse qui permettront de restituer à l’élève son droit à une éducation digne et à l’enseignant les conditions nécessaires pour accomplir pleinement sa mission.