Rentrée scolaire 2018-2019: L’innocence à la conquête du savoir

Rentrée scolaire 2018-2019: L’innocence à la conquête du savoir

Par 

Portant des habits neufs et des tabliers en rose et bleu, les nouveaux écoliers ont été au centre de l’actualité. Parents et même grands-parents se sont mobilisés pour ce rendez-vous important de l’année.

Des visages innocents et naïfs qui exprimaient ce moment fort de la vie. Certains appréhendaient, d’autres s’impatientaient. Ils étaient des milliers de bambins à franchir, pour la première fois, les portes de l’école. Un monde inconnu pour eux qui marque le début de tout un parcours aussi long. L’événement de la rentrée scolaire a bien marqué les esprits. Portant des habits neufs et des tabliers en rose et bleu, les nouveaux écoliers ont été au centre de l’actualité. Parents et même grands-parents se sont mobilisés pour ce rendez-vous important de l’année. Il était 7 h 30mn en cette matinée du 5 septembre quand les parents et leurs enfants ont pris d’assaut les portes des établissements scolaires. Des foules qui ont compliqué davantage la circulation.

A l’école «Malika Gaïd» de Réghaïa, l’ambiance était indescriptible. Les parents se bousculaient pour se renseigner sur les classes, les livres et la liste des affaires scolaires. Accrochés à leurs parents, les enfants étaient là à scruter, les yeux grands ouverts, l’établissement. Certains avaient du mal à se séparer de leurs parents le temps d’un cours. «J’espère que la maîtresse sera gentille avec nous», demande un petit garçon à son papa, les larmes aux yeux. Une petite fillette se montre, quant à elle, plus excitée et tente de le rassurer. «Moi j’ai hâte de me retrouver en classe, on va apprendre beaucoup de choses», lui dit-elle en guise de le consoler. D’autres par le regard dégagent plein d’interrogations sur ce que sera cette nouvelle aventure. L’école est, sans doute, la première étape où l’enfant apprend à voler de ses propres ailes. Sur place, un enfant a surpris toute l’assistance par l’ampleur de ses cris. Dépassée, la maman avait du mal à le calmer. Son visage était baigné de larmes au point où il a sali tous ses habits. Peinés par la scène, des parents tentaient de le calmer, en lui assurant qu’il va apprendre beaucoup de choses à l’école. A la grande surprise des présents sur place, l’enfant n’était pas angoissé par la rentrée. Ce dernier voulait à tout prix rentrer en classe «Il veut commencer à étudier, alors qu’il n’a pas encore bouclé l’âge de la scolarité», explique sa maman, venue les documents en main pour tenter de trouver une place. «Je l’ai inscrit mais en liste d’attente, le directeur de l’école m’a informé d’une possibilité de le scolariser en cas de non-surcharge des classes», a-t-elle précisé. Or, ces angoisses ont vite disparu à la sortie de l’école «24 Février 1971» sise à Panorama. Vers 11h15 mn, les nouveaux écoliers étaient contents de retrouver leurs parents. Des sourires s’affichaient sur leurs visages en dégageant un soulagement qui n’avait rien à voir avec la panique du matin. «Le premier cours était amusant, on a fait du coloriage et un peu les lettres», se réjouit Sarah, tout emportée par la joie de découvrir les bancs de l’école. «La maîtresse était gentille avec nous», raconte Racim à sa maman.

Les parents paniquent aussi

La journée d’hier a été pénible même pour les parents. Ces derniers ont vécu un grand stress. Nombreux d’entre eux étaient forcés de faire la navette durant toute la journée. «J’ai pris un congé pour accompagner mes enfants durant ces premiers temps en attendant de trouver une crèche ou une nourrice», confie une maman de deux enfants scolarisés. Même les femmes au foyer se plaignent de l’absence des cantines et des garderies. «On passe notre temps à faire des navettes toute la journée entre la maison et l’école», se plaint une maman venue avec un bébé d’à peine six mois. «Cela fait des années qu’ils nous promettent l’ouverture de la cantine, mais il n’y a rien de concret», déplore-t-elle. L’absence des cantines au sein des établissements publics est un véritable souci pour les parents, notamment ceux qui travaillent. Pourtant, dans de nombreux villages en Kabylie, les écoliers ont droit à la restauration et sont même soumis à une autorisation pour se rendre chez eux entre 11h et 13h. «Les parents sont malheureusement livrés à eux- mêmes, ailleurs il y a des cantines et même des garderies, mais en pleine capitale où la plupart des couples travaillent souffrent le calvaire», regrette un cadre dans une administration. Avec le phénomène du kidnapping, les parents sont de plus en plus inquiets. D’ailleurs, les nourrices et les crèches tirent profit en proposant leurs services à des prix élevés. Il n’y a pas que ça. L’épidémie du choléra est un autre problème qui accentue les angoisses des parents. «Je suis inquiet par rapport à cette épidémie», avoue un homme à peine la cinquantaine, qui soutient que l’eau du robinet n’est pas vraiment fiable et qu’un enfant peut à tout moment attraper cette maladie. De nombreux parents ont pris leurs dispositions en prévoyant pour leurs enfants des bouteilles d’eau, histoire d’éviter tout problème. D’ailleurs, un agent au sein d’une école a reconnu que l’administration temporise l’ouverture de la cantine à cause de l’épidémie.

Le tablier, le grand absent

Contrairement aux primaires, l’ambiance était toute autre au niveau des lycées. Pas de tablier, place aux tendances. Les filles et les garçons ont profité pour exhiber leurs tenues de différentes couleurs. Au lycée Aïcha de Hussein dey, on a eu droit à un défilé de mode. Même constat tiré au lycée Hassiba Ben Bouali où le tablier n’était pas le maître de la cérémonie. Or, l’exception ne fait pas la règle. Le port du tablier est obligatoire et cela ne fait pas de doute. «On nous a demandé de porter des tabliers dès cet après-midi», nous apprennent des filles croisées au lycée Aïcha. Hier, les lycéens étaient heureux de retrouver leurs amies et copains. Plusieurs groupes de filles se sont mis à raconter leurs aventures lors des vacances. «On a passé de bonnes vacances et maintenant place aux études», tranche Célia qui compte mettre les bouchées doubles pour décrocher son bac cette année avec une bonne moyenne.