Plus que les années précédentes, la nouvelle rentrée scolaire 2012-2013 à Oran, qui débutera demain dimanche, s’annonce des plus stressantes pour la famille éducative, mais aussi pour les parents et les élèves.
Entre l’insuffisance du nombre d’établissements scolaires (tous paliers confondus), le nombre d’élèves inscrits en constante augmentation et des équipes éducatives souvent réduites, il faut avouer que la peur et l’angoisse l’emportent cette année sur la joie de retrouver ses collègues de travail et ses camarades de classe, comme cela devrait être en pareilles circonstances.
Pour les observateurs avertis, au vu des données actuelles et des expériences passées, cela ne pourrait être autrement du moment que «pratiquement rien ou très peu a été fait pour bien préparer cette rentrée scolaire», selon un professeur du secondaire qui n’hésite pas à avouer ses craintes quant au bon déroulement de la rentrée et même de toute l’année.
Sous le sceau de l’anonymat, cet enseignant s’explique : «En fait, nous ne faisons que récolter les fruits du bricolage prôné depuis quelques années déjà par les autorités concernées. La wilaya d’Oran compte quelque 60 lycées alors qu’elle devrait en compter une centaine environ. Une petite partie de ceux qui existent fonctionne à bon régime alors que la majorité des autres établissements, notamment ceux érigés dans les nouveaux groupements urbains et certains villages, sont en surcharge continue.
Au point où tous ceux qui y travaillent, notamment les enseignants et les adjoints d’éducation, étouffent au même titre que les élèves qu’on case dans des classes dépassant souvent la cinquantaine d’individus.
Indéniablement, la répercussion de cet état de fait ne peut qu’être négative sur le rendement des uns et des autres en fin d’année». Concernant le point chaud de la surcharge des classes, d’aucuns parmi les enseignants approchés, qu’ils soient du cycle moyen ou secondaire, abondent dans le même sens en affirmant que leur tâche se complique d’année en année dans la mesure où les résultats récoltés en fin d’année ne reflètes pas toujours les efforts fournis.
«Cela fait dix-neuf ans que j’enseigne et j’avoue que ces quatre à cinq dernières années, le doute s’est réellement installé chez-moi, ne sachant plus si c’est moi qui suis défaillante, si le problème vient de mes élèves dont le niveau ne cesse de reculer ou si c’est toute cette charge de travail (emplois du temps très serré, 6 à 7 classes de 50 élèves à enseigner, préparation des cours, tâches administratives et programmes pédagogiques qui n’en finissent pas de se renouveler) qui en sont à l’origine, au point que je ne sache plus comment enseigner.
Vraiment, je ne sais plus sur quel pied danser», avoue cette enseignante dépité au sortir, jeudi, de l’établissement où elle travaille. Autre souci majeur qui angoisse encore plus les enseignants est celui des recours qu’introduisent, chaque début d’année, les élèves exclus du système scolaire pour revenir même si leur résultats sont très mauvais, leur discipline est décriée et leur âge dépasse le seuil limite de scolarisation.
Sur ce point, ce directeur de lycée, tout en compatissant avec les enseignants, s’en défend mais non sans jeter la balle à la direction de l’Education de la wilaya d’Oran : «Il est vrai, du moins noir sur blanc, que le conseil de classe est souverain, et c’est ce même conseil qui décide de l’exclusion de ces élèves, néanmoins, nous directeur d’établissements, subissons souvent des pressions de nos supérieurs qui nous imposent, pour des raisons souvent politiques, de les récupérer et de leur donner une nouvelle chance.
Il faut avouer qu’en générale, seulement 5 à 10% de ces rescapés donnent satisfaction et réussissent en fin de compte. Le reste ne fait que chauffer les bancs». En conclusion, gageons que même la peur au ventre, enseignants comme élèves feront contre mauvaise fortune bon cœur en entamant cette nouvelle année scolaire avec optimisme et bonne volonté afin de bien la réussir.
S. Makhlouf