Le coup d’envoi de l’année scolaire 2011-2012, qui concerne plus de 8 millions d’élèves, tous cycles confondus, a été donné, hier matin, à partir de l’établissement primaire Fadila Saadan à Tindouf, par le ministre de l’éducation nationale, M. Boubekeur Benbouzid.
A l’occasion de cette rentrée scolaire, le premier responsable du secteur a déclaré l’importance de donner le coup d’envoi au niveau national à partir de la wilaya de Tindouf « en raison des efforts accomplis par la wilaya dans le domaine de l’éducation, le meilleur au niveau national et ce depuis une dizaine d’années ». « Nous sommes arrivés à un taux d’occupation de 16 élèves par classe », précise-t-il, ajoutant « nous sommes arrivés aujourd’hui à généraliser l’informatique dans tous les établissements scolaires ».
Selon le ministre de l’Education nationale, la climatisation de tous les établissements permettra d’organiser les examens nationaux dans les meilleures conditions, sachant que durant le mois de juin, les conditions climatiques de la région sont généralement insupportables, « c’est pour quoi la climatisation est devenue indispensable », dit-il. M. Benbouzid explique que les moyens déployés par l’Etat « permettent d’améliorer les résultats et d’atteindre, comme l’année dernière, un taux de réussite au baccalauréat, supérieur au niveau national ». Le ministre a insisté, cependant, à souligner que la wilaya de Tindouf est sur le bon chemin : « Il faut l’aider davantage pour que ces résultats s’améliorent à l’avenir », a-t-il affirmé. Par ailleurs, le ministre a distribué les livres aux élèves nécessiteux et a également distribué des enveloppes aux tuteurs des élèves démunis. Le ministre de la tutelle a saisi l’occasion de sa visite au niveau de la wilaya de Tindouf, pour visiter l’ensemble des établissements scolaires de la wilaya, et a inspecté tous les établissements afin de confirmer que toutes les instructions ont été prises en charge. Lors de son intervention, le ministre a rappelé que « plus de 8 millions d’élèves ont pu rejoindre les bancs scolaires, hier, au niveau national au titre de la rentrée scolaire 2011-2012, dans les trois paliers de l’enseignement », précise-t-il. L’effectif global des élèves inscrits pour cette année est de 8.239.000, a-t-il annoncé. Pour rappel, le secteur enregistrera ainsi une augmentation de l’ordre de 273.000 élèves par rapport à l’année dernière (+3,4%), tous cycles confondus, selon le ministère de l’Education nationale. Le cycle primaire connaîtra une hausse estimée à 96.000 élèves (+2,8%), le moyen à 98.500 élèves (+3,2%) et le cycle secondaire général et technologique à 78.500 élèves (+6,1%). Il est à noter que cette augmentation est due au renforcement des infrastructures pédagogiques, comprenant 24.932 établissements scolaires, dont 17.994 écoles primaires, 5.040 collèges et 1.898 lycées.
La rentrée scolaire, cette année, sera également caractérisée par le nouvel aménagement horaire dans le cycle primaire qui permettra l’allègement de la journée scolaire tout en prévoyant des espaces horaires permettant d’exercer des activités périscolaires. Le volume horaire prévoit 28 séances de 45 mn obligatoires, réparties du dimanche au jeudi de 8 h à 11 h 15 mn et de 13 h à 14 h 30 mn. Cependant, l’horaire hebdomadaire variera dorénavant entre 21 h (pour les élèves des 1re et 2e années primaires), 22 h 30 (3e année primaire) et 24 heures pour les classes des 4e et 5e années primaires. Ce volume se densifie au fur et à mesure de la progression de l’âge de l’élève. Les séances à partir de 14 h 30 mn ainsi que celles du mardi après-midi sont réservées à des activités périscolaires non obligatoires. En outre, deux séances de remédiation pédagogiques en mathématiques et en langue arabe, destinées uniquement aux élèves accusant des retards dans ces matières, sont programmées le dimanche et le jeudi à partir de 14 h 30 mn. Quant à l’effectif global du personnel du secteur sera de 632.402, c’est-à-dire 406.285 (64,24%) pour l’encadrement pédagogique et 226.117 (35,76%) pour l’encadrement administratif. Près de 40 milliards de dinars ont été consacrés par l’Etat aux actions de soutien à la scolarisation au titre de l’année scolaire 2011-2012. Une enveloppe destinée, en premier, aux cantines scolaires, dont le réseau s’est renforcé depuis la mise en place de la réforme de l’éducation et dont le nombre est passé de 4.114 en 1999 à 13.962 en 2011. En 2010, le nombre de bénéficiaires a atteint 3 100 000 avec une enveloppe de plus de 14 milliard de dinars alors qu’ils étaient 500.000 bénéficiaires avec une enveloppe de plus de 600 millions de dinars. Les demi-pensions et les internats sont également concernés par la solidarité scolaire. 7,2 milliards de dinars ont été affectés pour la prise en charge de plus de 833.589 demi-pensionnaires et 59.000 internes. Instituée par le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, depuis la rentrée scolaire 2000-2001, la prime de scolarité est destinée à 3 millions d’élèves nécessiteux. Suivant les instructions du Président de la République, le ministre de la tutelle a insisté sur le fait que cette prime de 3.000 dinars doit être mise à la disposition des bénéficiaires dès les trois premiers jours de la rentrée, énonçant qu’elle représente une enveloppe financière de 9 milliard de dinars. Avec un parc national de près de 4.565 bus, plus de 584.259 élèves bénéficieront également du transport scolaire, tous cycles confondus. Par ailleurs, le ministère œuvre à élargir la couverture sanitaire aux élèves avec la densification du réseau des unités de dépistage et de suivi (UDS) dont le nombre est passé de 1.228 en 2008 à 1.251 en 2011. Elles seront encadrées par 1.487 médecins généralistes, 1.311 chirurgiens-dentistes, 721 psychologues et 1.868 agents paramédicaux. Elles sont tenues d’effectuer périodiquement des visites médicales systématiques de classes au niveau des secteurs géographiques qu’elles couvrent et de tenir un dossier médical de suivi pour chaque élève. Dans le même contexte sera poursuivie l’opération « prévention de la carie dentaire » en milieu scolaire en collaboration avec le ministère de la Santé, de la Population et des Réformes hospitalières, et ce par la distribution de comprimés de fluor. Le secteur de l’éducation accorde une attention particulière aux élèves handicapés ainsi qu’aux élèves hospitalisés pour lesquels un dispositif organisationnel spécifique est mis en place. Le soutien continu de l’Etat en faveur de multiples actions de solidarité scolaire, particulièrement au profit des couches les plus défavorisées, aura des retombées certaines sur les conditions de scolarisations des élèves. Estimée à 40 milliards de dinars, le budget consacré à cet effet, permettra de favoriser la réussite des élèves et de réaliser les objectifs de qualité de l’enseignement et de rendement du système dans son ensemble.
Sihem Oubraham
A propos des revendications des enseignants
«Nous allons commencer le tour de table avec les syndicats, pour apporter des solutions appropriées et idoines»
Lors de sa rencontre avec les enseignants au niveau de la wilaya de Tindouf, le ministre de l’Education nationale, M. Benbouzid a déclaré que « les logements qui sont situés en dehors des établissements et qui ne sont pas des logements d’astreinte seraient soumis à désistement ». « Il faut qu’on fasse un effort, dans le cadre de la réglementation en vigueur », a-t-il dit. Dans ce contexte, le responsable du secteur a demandé au wali de Tindouf, M. Chater Abdelhakim, de « procéder à l’application de la directive qui s’inscrit dans le cadre de la réglementation en vigueur ». En marge de sa visite dans la wilaya de Tindouf, le ministre de l’Education s’est adressé aux syndicats et les a remerciés de leur compréhension ainsi que de leur sens de la responsabilité. M. Benbouzid a déclaré, à cet effet, que les doléances, qui ont été signées en mois d’avril dernier, seront prises en charge cette année et dès aujourd’hui. « Tous ce qui a été signé entre nous durant le mois d’avril dernier, concernant la prise en charge de leurs doléances socioprofessionnelles, seront prises en charge dès aujourd’hui », a-t-il dit. Le ministre de la tutelle a déclaré « nous allons commencer le tour de table avec les syndicats, pour apporter des solutions appropriées et idoines aux problèmes qu’ils ont posés ». Les adjoints de l’éducation, les financiers du secteur de l’éducation ainsi que les intendants ne seront pas mis en marge des décisions qui vont être prises : « Ils sont concernés par les mesures qui vont être prises pour les enseignants », a précisé M. Benbouzid. Evoquant le sujet des enseignants qui sont insuffisant dans le Sud, le ministre s’est engagé à « offrir des postes budgétaires, à leur donner des logements pour amener des enseignants dont ils ont besoin du Nord » et ce dans le but « d’améliorer la qualité de l’enseignement à nos enfants » a-t-il expliqué.
Sihem Oubraham
Ecole primaire Mohamed-Kaddour (Hydra)
Bachir, Riadh, Anis, Yasmine, Khalida et les autres
Dimanche 11 septembre 2011. Loin de l’actualité internationale dominée par la commémoration des attentats du World Trade Center de 2001, nos chérubins entament leur premier jour de la rentrée des classes.
A l’école primaire Mohamed-Kaddour, à la cité des PTT, dans la commune d’Hydra, il y avait foule devant le portail de l’établissement. Après deux mois de vacances, les élèves sont de retour. Et les retrouvailles sont très chaleureuses. Ils semblent heureux de se retrouver. Vêtus de leurs habits neufs, fillettes et garçons arborent de larges sourires à la vue d’un camarade. C’est le cas de Manil, Farès et Sofiane, élèves en 4e année. Ils sont visiblement contents de revoir leur copain Bachir. Cheveux « piqués » pour être à la mode, ce dernier s’est dirigé spontanément vers eux. Y a pas de doute, le quatuor va se reconstituer au cours de cette nouvelle année scolaire, au grand dam de leur institutrice. Les nouveaux venus sont plus timides. Les plus petits, ceux du préscolaire, sont accrochés aux jupons de leur maman. Certains s’attachent au sentiment de sécurité que leur procure la présence de leur mère, hésitant à se diriger vers les autres élèves, dont certains sont déjà en rangs, prêts à rejoindre la classe. Les transférés des autres établissements sont aussi reconnaissables. Ils sont là, à côté de maman ou de papa, dans l’attente que la directrice, très affairée en ce jour de rentrée, leur désigne leur classe. Le personnel enseignant fait aussi preuve d’une grande disponibilité à l’égard des parents et des élèves. Pour les 9 enseignantes, la rentrée date de quelques jours déjà. L’école aussi s’est offert un brin de toilette. Il faut dire aussi que cet établissement, fermé pour présence d’amiante, a rouvert ses portes au cours du deuxième trimestre de l’année scolaire 2009-2010. En place et lieu de l’ancienne école en préfabriqué, un nouvel établissement en dur, de 12 classes, a été érigé. L’école dirigée par Mme Zara compte aujourd’hui 210 élèves, dont de nombreux nouveaux venus d’écoles privées. « La surcharge du programme enseigné dans ces écoles, ajoutée au fait que la langue arabe y est délaissée au profit du français, fait que de nombreux parents préfèrent revenir vers les établissements publics », explique la directrice de l’école.
A sa faveur aussi, il faut signaler que cette école jouit d’une très bonne réputation, et que les classes comptent en moyenne 30 élèves. Le taux de réussite à la première session de la sixième est de 100%. L’encadrement pédagogique est assuré par 9 enseignantes, dont certaines comptent plusieurs années d’expérience. On cite entre autres mesdames Faïza, Baya, Fella ou encore Boudraâ, chacune d’elle comptabilisant plus de 25 ans d’ancienneté. Certaines sont à la veille d’un départ plus que mérité à la retraite. La présence de ces enseignantes, encadrées par Mme Zara, qui a été leur collègue, puisqu’elle avait enseigné dans cette école plusieurs années avant sa fermeture, rassure les parents d’élèves quant à la qualité de l’enseignement qui y est dispensé. Les nouvelles, comme la jeune enseignante de français Amina, venue remplacer l’année dernière une enseignante partie en maternité, ne se sentent pas dépaysées. Quant aux parents rencontrés devant l’entrée de l’établissement, les préoccupations divergents. Il y a ceux qui sont à la recherche d’une nourrice pour assurer le gardiennage de leur progéniture entre 11 h 15 et 13 h 30. C’est le cas de cette maman, médecin de profession, dont son fils de 9 ans a été inscrit cette année scolaire dans cet établissement. Elle a reconnu que sa décision n’est pas fortuite. « Mon fils était à Descartes avant, mais j’ai décidé de lui changer d’établissement parce que je cherche une école où il pourra s’épanouir et bénéficier d’un bon encadrement », a-t-elle déclaré. 7 h 45, les élèves entonnent l’hymne national. Quelques minutes après, les enseignantes donnent le signal de départ vers les classes sous le regard des parents dont certains filment la scène pour la postérité. La directrice renseigne ceux qui veulent de plus amples explications sur les nouveaux horaires. La décision relative à l’allègement des horaires des classes du primaire n’a pas été bien assimilée. De nombreux parents ont découvert, hier matin, que seules les classes du préscolaire, de la première et de la deuxième année sont concernées. Patiemment, Mme Zara explique à chaque fois le contenu de la décision du ministère. 8 h 15, les derniers parents quittent l’établissement. L’école Mohamed-Kaddour retrouve son calme. Dans les classes, les enseignantes dispensent le premier cours de l’année scolaire 2011-2012. Il a porté sur l’unité nationale. Tout un programme.
N. Kerraz
Batterie de mesures pour améliorer la scolarisation et les résultats scolaires
Une batterie de mesures est préconisée pour l’amélioration des conditions de scolarisation devant permettre d’atteindre de meilleurs résultats scolaires. »Une série de mesures sera mise en œuvre pour la promotion des conditions de scolarisation à même de permettre de meilleures performances pédagogiques, au titre de cette saison scolaire », a indiqué M. Benbouzid. Le ministre a, dans ce cadre, fait part du lancement d’une vaste opération d’équipement en outils informatiques de près de 25.000 établissements scolaires et d’amélioration de la restauration scolaire à travers le territoire national, particulièrement en zones sahariennes, rurales et enclavées. »L’Etat veille aussi à faire parvenir la prime de scolarité, décidée par le Président de la République, et le manuel scolaire aux élèves nécessiteux », a poursuivi M. Benbouzid en signalant, en ce qui concerne la lecture obligatoire dans les différents cycles scolaires, que les établissements seront dotés des ouvrages nécessaires. »Une enveloppe financière de 1,02 milliard de DA est consacrée cette année à cette opération », a fait savoir le ministre. L’allègement du volume horaire du cycle primaire et des programmes d’enseignement, ainsi que la généralisation des œuvres sociales et de la pratique sportive dans l’ensemble des établissements du primaire ont été aussi évoqués par le ministre de l’Education. Concernant le choix de Tindouf pour le lancement officiel de la nouvelle rentrée scolaire, le ministre a indiqué que l’initiative était motivée par « l’importance stratégique » que revêt cette région et en reconnaissance aux résultats scolaires « positifs » qu’elle a obtenus, lors de la précédente année scolaire.
Les enseignants contractuels montent au créneau
Plusieurs dizaines d’enseignants contractuels, qui travaillaient auparavant dans divers établissements scolaires du pays, se sont rassemblés hier devant le siège de la direction de l’éducation d’Alger, pour dénoncer la précarité de leur situation, à la faveur de cette rentrée scolaire, et surtout, réclamer la mise en œuvre de la circulaire ministérielle du 13 avril 2011, soulignée par ailleurs par le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika.
Issus de plusieurs wilayas, les contestataires qui sont des diplômés de l’université ayant occupé jusqu’au 28 mars 2011 des postes vacants d’enseignants au niveau des établissements scolaires du pays, ont tôt investi les abords de la direction de l’éducation hier pour revendiquer leurs droits légitimes à la permanisation, au même titre que leurs collègues, qui ont bénéficié de l’intégration dans le corps enseignant. Rencontré sur les lieux, un des représentants des enseignants contractuels n’a pas manqué de déplorer la situation particulière dans laquelle ils se trouvent en estimant que la mise en œuvre de la circulaire ministérielle ne s’est pas faite dans un esprit d’équité, en ce sens que ce texte de loi a été appliqué uniquement au profit de leurs collègues qui occupaient des postes dans les domaines de leur formation, et non à l’ensemble des enseignants contractuels. S’exprimant hier à partir de Tindouf, où il a présidé le lancement de la rentrée scolaire, le ministre de l’Education nationale, M. Boubekeur Benbouzid, a assuré de la prise en charge « dans le courant de cette année scolaire » des revendications des travailleurs du secteur, tous corps confondus. Il a ensuite précisé : « Toutes les revendications consignées dans les procès-verbaux officiels, signés en avril dernier, trouveront leur solution dans une démarche coordonnée avec les enseignants et les syndicats nationaux qui n’exclura aucune catégorie de travailleurs, y compris les adjoints de l’éducation et les intendants. »
Mourad A.