Le chef du gouvernement s’est impliqué en personne dans l’opération
En moyenne, le coût de réhabilitation d’un seul immeuble situé dans le centre-ville oscille entre 8 et 9,5 millions de dinars.
La restauration des vieux immeubles situés dans le centre-ville bat son plein ces derniers jours. Les responsables locaux misent sur la nouvelle image visible à donner à la cité, notamment à son centre-ville, relookée après avoir été abandonnée et livrée à son triste sort pendant plusieurs décennies. Dans une sortie publique, le wali d’Oran a annoncé que «l’opération de réhabilitation du vieux bâti dans le centre-ville d’Oran connaîtra une nouvelle dynamique» expliquant que «de nouvelles entreprises espagnoles spécialisées dans la restauration du vieux bâti, sont venues renforcer celles qui sont déjà opérationnelles sur le terrain, à savoir des firmes italiennes, françaises, algériennes et ibériques».
Dans cette opération, qui est la première depuis l’Indépendance de l’Algérie, un quota de 200 immeubles, répartis un peu partout à travers plusieurs quartiers d’Oran, sont concernés. Le nombre exact d’immeubles devant être réhabilités, sur décision prise par le président de la République, est de 600 bâtiments. Les responsables locaux disent que «la plus-value de cette opération de réhabilitation est la formation dans les métiers de restauration au profit de jeunes Algériens désirant verser dans ce créneau».
Ce bloc de déclarations, suivi de la prise de plusieurs mesures, est souvent fait lors des réunions, et briefings regroupant le wali d’Oran et ses lieutenants, les directeurs exécutifs. Mais, l’enjeu est tout autre. Etant donné que les responsables locaux qui multiplient de telles confessions, visent loin. «La première finalité recherchée est l’attraction de maximum d’entreprises étrangères spécialistes en restauration, tandis que l’objectif principal tant visé est d’en finir une bonne fois avec le lourd fardeau du vieux bâti». Le créneau, qui est un marché très juteux, est purement commercial et lucratif. Il continue d’alimenter les concupiscences insatiables, souvent précédées par des offres alléchantes et tant appétissantes, de plusieurs entreprises étrangères comme celles venues d’Espagne, d’Italie, de la France et même des USA.
Un bâtiment à 9,5 millions de dinars
le marché de la réhabilitation du vieux bâti à Oran est fécond et rentable, puisqu’en moyenne, le coût de réhabilitation d’un seul immeuble situé dans le centre-ville oscille entre 8 et 9,5 millions de dinars. Le gros lot du marché a été disputé et partagé entre des entreprises étrangères, des espagnoles, des françaises et des italiennes. Les Espagnols, ayant été les premiers à postuler pour ce marché, ont bénéficié de 69 immeubles tous situés dans le centre-ville en l’occurrence dans le boulevard Maata (ex-Valero). Aux fins d’attester leur bonne foi, ils sont allés jusqu’à restaurer à titre d’expérimentation et gracieusement un immeuble totalement abîmé, comme ils ont été à l’origine de la réalisation d’une expertise sur l’Hôtel de ville. Là encore, l’expertise, qui a été élaborée au profit de la municipalité d’Oran, a été gratuite.
Les Espagnols ne voulant aucunement se gourer dans leurs démarches en visant à s’adjuger le gros lot d’immeubles à retaper, particulièrement après que les responsables locaux aient chargé une entreprise française de la rénovation, dans le cadre du premier quota, de 18 immeubles. Ce n’est pas tout, un autre quota, constitué d’une trentaine d’immeubles, a été confié à une entreprise italienne. Cette dernière a, avant de lancer les travaux, innové dans ses démarches séductrices en misant tant sur les délais de réalisations ainsi que dans la formation des jeunes restaurateurs, tous constitués de jeunes Algériens. «Une cinquantaine de jeunes sont formés dans le domaine de la restauration», a-t-on appris auprès de l’Opgi. Et d’ajouter que «les chantiers de réparation des immeubles sis dans le centre-ville sont aussi transformés en écoles d’exercices pratiques pour de jeunes ouvriers et restaurateurs algériens voulant se spécialiser dans la réhabilitation». Les entreprises américaines, qui étaient sur le point de se mettre de la partie en affichant au départ leur volonté de soumissionner, se sont rétractées après avoir feuilleté le cahier des charges contenant des conditions qui ne sont pas séductrices. Le chef du gouvernement, Abdelmalek Sellal, semble vouloir s’impliquer en personne. Sa récente déclaration sur le retard accusé dans la réalisation du programme du million et demi de logements serait réitérée dans le cadre de la visite de Sellal à Oran. Comme serait posé à la table des discussions le programme de restauration du vieux bâti à Oran, programme auquel a été alloué une enveloppe dépassant les 2,5 milliards de DA.
Impliquer les propriétaires
Dans ce chapitre bien nommé, l’objectif visé est de combler, malgré la multiplication des formules d’aide, au déficit du logement qui frappe de plein fouet la wilaya d’Oran, notamment dans son chef-lieu. Le responsable direct du secteur du bâtiment, le ministère de l’Habitat, ambitionne, quant à lui, de mettre en place, et pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie, la politique de l’entretien des villes et de ses immeubles tout en impliquant les propriétaires. Le ministre a, dans ce chapitre bien précis, évoqué récemment ce qu’il a ambitionné d’instaurer comme politique responsabilisant les particuliers. Il a, en un sens, invoqué «la nécessité de l’entretien, la maintenance et la réhabilitation du bâti qui devaient devenir des opérations permanentes à la charge des propriétaires». Le contraire s’est produit en tous cas, des locataires d’immeubles restaurés, n’ont trouvé rien de mieux à faire que de profiter de cette plus-value pour revoir à la hausse les prix des loyers et provoquer une grande flambée des prix de l’immobilier notamment dans le centre-ville d’El Bahia. Suite aux visites du chef d’Etat, qu’il a effectuées distinctement en 2007 et 2008 dans la wilaya d’Oran, 600 immeubles ont été inscrits dans le programme de réhabilitation. Les travaux concernent 200 bâtiments. Les responsables locaux semblent vouloir passer à des actions radicales en démolissant plusieurs autres immeubles situés dans les quartiers de Sidi El Houari, Derb, la Bastille, Cavaignac et Saint-Pierre. «Plusieurs bâtisses seront rasées vu leur état irrémédiable de dégradation.»
A Oran, le vieux bâti est devenu une réalité tant amère étant donné que la rénovation des immeubles en décomposition avancée relève d’une mission impossible. Il continue à occuper les sujets principaux des débats aussi bien des populations en souffrance que du pouvoir local en quête permanente de solutions. Une chose est sûre, toutes les conclusions tirées indiquent que la ville est en décrépitude totale. Le recensement de référence effectué par l’Opgi fait état de près de 2000 immeubles, occupés par plusieurs centaines de familles, qui menacent de s’effondrer à tout moment.