Rénovation des immeubles et entretien des vieilles bâtisses,L’argent qui ruine le Trésor public

Rénovation des immeubles et entretien des vieilles bâtisses,L’argent qui ruine le Trésor public

Effondrement dans le quartier de Sidi Senouci à Oran

La rénovation des vieux immeubles et l’entretien des édifices publics, classés monuments historiques, coûtent les yeux de la tête à l’Etat et au contribuable.

Alors qu’il est estimé à 7 millions d’unités environ, le patrimoine immobilier national souffre terriblement du manque de soins et d’entretien ce qui a précipité son vieillissement et l’a fragilisé, à la longue. Selon Abdelhamid Boudaoud, président du Collège national des architectes, plus de 55% des habitations recensées à travers le pays sont vétustes. 1 900 000 ont été construites avant l’Indépendance. Beaucoup ont plus de cent ans d’âge et font partie des édifices à protéger et pour lesquels l’Algérie consacre un argent fou pour les entretenir et assurer leur bon fonctionnement. C’est le cas de la prison d’El Harrach qui date de 1853, du CHU Mustapha Bacha, construit sur les ruines d’une ancienne caserne, en 1856, de l’hôpital Maillot en 1870, du Sénat et de la cour d’Alger qui remontent à l’année 1900 et de l’Université d’Alger qui a ouvert ses portes en 1909. D’autres, à l’instar de la wilaya d’Alger, du ministère de la Défense, du Palais du gouvernement et de l’APN ont été construits, respectivement en 1913, 1930, 1933 et 1934. Des bâtisses qui font, déjà, figure de monuments tant la place qu’elles occupent dans la vie du pays est considérée comme très importante. Mais pour les spécialistes, ce sont les vieux immeubles et la menace qu’ils font peser sur les locataires et les membres de leurs familles, surtout en cas de violent séisme comparable à celui qui a secoué durement la wilaya de Boumerdès en 2003, qui posent le plus problème. «Le patrimoine immobilier national souffre de l’absence d’entretien et les citoyens font fi des mesures d’hygiène et de sécurité», nous a confié M.Boudaoud. D’après lui, «la plupart des immeubles sont laissés à l’abandon et ne possèdent pas de livrets de soins et d’entretien, indispensables pour assurer et contrôler leur fonctionnement». Allant encore plus loin dans son raisonnement, le président du Collège des architectes est persuadé que les constructions sur les terrasses, le taux élevé de l’occupation par personne des logements, l’absence de concierges chargés de l’entretien des immeubles et l’inondation des caves transformées souvent en dépotoirs, ont accéléré l’usure des habitations et les ont fragilisées à la longue. «Les immeubles ont atteint un taux de vétusté très élevé, qui varie entre 40 et 75%.» Citant l’exemple de certains bâtiments, Abdelhamid Boudaoud nous a déclaré qu’en moyenne, ils sont repeints tous les 20 ans, alors que la durée, dit-il, ne devrait pas excéder 10 ans. Ce n’est pas tout. Toujours à propos de la peinture, l’invité du journal a indiqué que l’Algérien en consomme, en moyenne, 0,2 litre par an, soulignant au passage que la norme est fixée à 5 litres. Idem concernant la tuyauterie dont la durée de vie est en principe de 20 ans, alors qu’en Algérie elle ne dépasse pas, en moyenne, les 10 ans. A l’en croire, même les grandes villes sont exposées à ces problèmes et les élus ne font pas beaucoup d’efforts pour recenser le patrimoine immobilier existant pour pouvoir établir sa cartographie. «Chaque APC ou commune doit recenser son patrimoine immobilier déclaré vétuste, c’est-à-dire indiquer si elle doit rénover, réhabiliter, conforter ou, le cas échéant, démolir l’immeuble ou la bâtisse ayant été expertisée. Si un immeuble est démoli et que ceux qui ne sont pas encore achevés sont répertoriés, la commune pourra avoir une cartographie et évaluer son patrimoine foncier.» A partir de là, nous aurons une banque de données qui nous renseignera sur ces APC et indiquera si elles s’acquittent convenablement de leur mission ou pas. Evoquant les séismes et les zones classées à hauts risques, le spécialiste a précisé que l’Algérie fait partie des pays qui sont soumis à une activité sismique régulière et qu’Alger est classée en zone 3. «Une bonne urbanisation, c’est l’unique moyen de prévention et de lutte contre les séismes», a-t-il souligné. Et de conclure: «L’architecte est l’homme le plus heureux du monde et le plus riche si son plan est exécuté au pied de la lettre, en respectant les normes en matière de construction en vigueur.

Malheureusement, ce n’est pas souvent le cas. Dès qu’il a le permis de construire en poche, il fait fi de l’étude et suit les conseils de son maçon.»