Depuis la réunion d’Alger, la complexité de la situation interne, conjuguée à la multiplication calculée des lieux de conférence, ont impacté négativement cette avancée.
La reprise d’un nouveau cycle de dialogue inter-libyen prévue lundi à Genève puis reportée au lendemain en vue d’ aboutir à la signature d’un accord entre les protagonistes pour mettre fin à la crise qui secoue le pays depuis plusieurs années, a focalisé l’attention politique et diplomatique cette semaine.
Tandis que la presse libyenne consacrait un vaste espace à la vidéo fuitée de la prison où est détenu Saâdi El Gueddafi, fils de Mouammar El Gueddafi, dans laquelle il apparaît victime de vexations et d’ actes apparentés à de la torture, l’annonce par le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), Bernardino Leon, de la convocation d’une nouvelle série de pourparlers de dialogue inter-libyen le 10 août 2015,a suscité une série d’interrogations.
La Manul a estimé que cette reprise résulte de larges consultations avec les parties prenantes libyennes et les partenaires internationaux pour tenter de faire aboutir le dialogue.
A cet égard, Bernardino Leon a rappelé les progrès importants enregistrés depuis l’amorce du processus et il a exhorté les principaux acteurs à «redoubler d’efforts en continuant à travailler ensemble pour forger une plate-forme commune qui peut constituer la base d’une résolution pacifique du conflit». Observant que certains protagonistes continuent à avoir des réserves sur ce projet de plate-forme, il appelle les récalcitrants à persévérer dans un dialogue constructif seul à même de résoudre les problèmes encore posés, d’autant que tout règlement politique définitif devra inclure des garanties pour rassurer l’ensemble des signataires.
Ces pourparlers inter-libyens permettraient de mettre fin à la double crise politique et sécuritaire qui a engendré un Etat bicéphale, avec deux gouvernements et deux Parlements, les uns installés dans la capitale, Tripoli, contrôlant plusieurs villes de l’ouest du pays, et les autres à Tobrouk, dans l’est de la Libye, jouissant d’une reconnaissance de la Communauté internationale.
Le dialogue auquel l’Algérie a contribué activement, ne lésinant sur aucun moyen pour réunir les parties agissantes au conflit et pour sceller un processus de réconciliation nationale, s’est quelque peu dilué au cours des derniers mois, ce qui a permis aux groupes terroristes de reprendre le contrôle de pans entiers du territoire libyen, voire de menacer les zones sous contrôle des deux gouvernements antagonistes. Lors des dernières rencontres de juin, et notamment celle à laquelle ont participé les chefs militaires, les leaders des tribus et des représentants de la société civile, un progrès décisif a été obtenu avec l’adhésion des parties au pacte de transition, porteur d’un gouvernement d’union nationale et d’arrangements sécuritaires garants de la stabilité du pays.
Depuis la réunion d’Alger, la complexité de la situation interne conjuguée à la multiplication calculée des lieux de conférence ont impacté négativement cette avancée au point que les responsables du Congrès général national (CGN), Parlement sortant, basés à Tripoli, ont refusé de valider cet accord, exigeant la prise en compte d’amendements de certaines clauses. Un membre du CNG, Abderahman al-Swehli, a d’ailleurs confirmé récemment que «la rencontre avec le chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye, Bernardino Leon, dans la capitale algérienne, Alger, a porté sur les exigences du retour de l’équipe de dialogue du CNG à la table de négociations et l’accord sur un mécanisme pour la poursuite du dialogue».
C’est dans des conditions peu propices que la rencontre de Genève a été programmée alors que Bernardino Léon avait cru bon, au cours des dernières semaines, d’exclure toute modification du projet d’accord, ce qui n’est pas pour plaire aux factions de Tripoli (CNG). De quoi seront faites ses conclusions et à quel deal parviendra-t-elle? Voilà d’ores et déjà une question à laquelle la réponse ne saurait être autre qu’incertaine.