L’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires sera saisie pour réaliser “en urgence” les clôtures des emprises ferroviaires pour mettre un terme aux jets de pierres ayant causé de graves blessures, voire le décès de conducteurs.
Partant d’un argument fallacieux pour justifier une grève surprise qui aura duré près d’une semaine, les conducteurs de train du dépôt ferroviaire d’Alger ont réussi leur forcing et ont pu arracher de nouveaux engagements de la direction générale de la Société nationale du transport ferroviaire (SNTF). En effet, ne voulant pas pénaliser davantage les nombreux usagers, la DG, sur instruction du département de tutelle, a décidé de lâcher du lest. La rencontre qui a réuni, lundi, les responsables de la société, la Fédération nationale des cheminots et les syndicalistes du dépôt d’Alger a permis d’arracher au moins un engagement signé par la DG pour la satisfaction de nouvelles doléances.
La principale, et qui touchera l’ensemble des travailleurs des chemins de fer, porte sur l’examen des revendications relatives au régime indemnitaire, et ce, à partir du mois de janvier 2013 “conformément au protocole d’accord signé entre la DG et la Fédération des cheminots au mois de juin 2011”, précise un communiqué de la direction générale de la SNTF. Et de poursuivre que le ministère du Travail sera saisi par la DG de la SNTF “à l’effet d’introduire les demandes relatives à la reconnaissance des maladies professionnelles relatives à l’exercice du métier de conducteur de train ainsi que l’étude des possibilités des départs à la retraite des conducteurs de train après 25 ans de service”. D’autres démarches auprès du même département ministériel seront entreprises “par l’intermédiaire de notre tutelle pour la sensibilisation des autorités concernées quant au traitement réservé aux conducteurs de train à l’occasion d’incidents et d’accidents ferroviaires”. Le problème de “la sécurité des circulations” n’est pas en reste puisque les deux parties se sont mises d’accord pour que les craintes formulées par les conducteurs “soient reprises dans un rapport et que la DG y apporte les réponses adéquates”. Abordant justement le volet de la sécurité sur les ondes de la Chaîne III, le SG de la section syndicale d’Alger, Abdelkader Sid, est revenu sur le vol de câbles qui affecte énormément la signalisation ainsi que sur les actes de vandalisme et autres jets de pierres au passage des trains qui ont provoqué de graves blessures et même le décès de conducteurs. “Il faut procéder à la clôture des voies ferroviaires” recommande-t-il. La réponse ne se fera pas attendre et sur les ondes de la Chaîne III, de la bouche même du directeur chargé de la sécurité à la SNTF. Précisant que des accidents se produisent parfois pour inobservation des consignes de sécurité par certains conducteurs, sans oublier les actes de vandalisme et le vol de câbles, Mourad Benameur indiquera qu’il a été convenu “d’établir un mémorandum qui reprendrait toutes les craintes formulées par les conducteurs pour qu’elles soient traitées et puissent mettre un terme au problème de l’insécurité”. La DG s’est, à ce propos, engagée “à insister auprès de l’Anesrif (Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires), sur la nécessité de réalisation urgente des clôtures des emprises ferroviaires”. L’autre doléance soulevée par les syndicalistes, et par laquelle ils ont justifié leur débrayage concernant “le licenciement” d’un conducteur de train qui a, suite à une faute professionnelle, provoqué un accident mortel à l’entrée de la gare de Corso en 2011, le ministère des Transports a instruit la DG pour “l’ouverture d’une enquête administrative sur cet accident survenu le 22 août 2011”. Évidemment, suite à cette entrevue qui a abouti à la reprise du travail “les poursuites administratives engagées par l’entreprise à l’occasion de cet arrêt de travail seront levées”. Pénalisés donc pendant près d’une semaine, les usagers du transport ferroviaire ont repris hier le chemin des gares. Un soulagement, certes, mais la crainte d’une nouvelle paralysie “surprise” n’est pas à écarter. Certaines sections syndicales de la SNTF ne se gênent nullement pour paralyser le trafic ferroviaire afin de contraindre la tutelle à satisfaire leurs doléances. Et quand on sait que l’entreprise compte pas moins de 280 sections, on comprend que la grève est une épée de Damoclès suspendue non pas sur la tête de la DG uniquement mais également sur les nombreux usagers du train.
M B