Un semblant de calme règne dans la capitale mozabite…
Au fond, les deux communautés ne comprennent pas les origines de cette «fitna», et les deux n’en veulent pas. Elles demandent les mêmes solutions: instaurer la sécurité et appliquer les lois de la République.
Heureux celui qui ne s’est pas rendu à Ghardaïa! On dirait que la ville de Ghardaïa sort d’une guerre! Maisons, magasins, marché, véhicules… en plusieurs dizaines, incendiés, saccagés lors des affrontements qui opposent, depuis mercredi dernier Mozabites, et Chaâmba dans la ville de Ghardaïa. Le décor est planté! Une soixantaine de locaux à caractère commercial et d’habitation et onze véhicules ont été saccagés.
Les rues sont désertes! Dehors, des milliers d’agents antiémeute, gendarmes et policiers quadrillent et occupent chaque coin de la ville. Un véritable couvre-feu. Sillonnant les ruelles «dangereuses» de la ville, les visages, les rares croisés, des citoyens de cette vallée expriment un seul message: La peur! «On ne sait pas pourquoi tout ça!

À Ghardaïa, y a toujours de petits conflits entre les deux communautés.
Des conflit qui ne durent pas plus de deux jours se limitent dans quelques quartiers», raconte un médecin sous couvert d’anonymat. Le médecin en question est issu de la tribu des Chaâmba, il est l’un des conseillers de la communauté chaâmbie dans la gestion de cette «fitna», comme il l’a nommée. Selon lui, «on ne comprend pas ce qui se passe! Cette fois-ci ça a dépassé les lignes rouges. Est-ce que c’est lié aux printemps arabe? On reconnaît qu’il y a quelques voyous qui volent et incendient des magasins et des maisons, mais là, c’est à l’Etat de faire son travail.
Nous sommes surpris de la tournure que prennent les événements.» «Des édifices publics et du mobilier urbain ont été saccagés, en plus du siège du parti FLN, situé à la place du marché de Ghardaïa, qui a été incendié», a-t-on constaté sur place. Il regrette surtout le fait que «le pouvoir ne veut pas y aller au fond des choses. Il ne s’agit pas de faire venir des représentants des communautés en conflit et les installer autour d’une même table pour les voir se serrer la main.
Il faut instaurer un maximum de sécurité dans l’urgence. Appliquer les lois de la République et se donner le temps d’aller au fond du problème pour le régler à long terme».
Au fond, les deux communautés ne comprennent pas les origines de cette «fitna», et les deux n’en veulent pas.
Ils demandent les mêmes solutions: instaurer la sécurité et appliquer les lois de la République. «La solution est claire et nette. Il faut mettre en place une commission autonome pour déterminer les responsabilités. Pour cerner et déterminer les causes de ce qui se passe à Ghardaïa.
Il faut une commission qui va se pencher sur tous ces évènements, en toute indépendance et autonomie», indique Hamou Mesbah, fédéral du FFS et membre de la commission des sages de la communauté mozabite. Pour rappel, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, a réaffirmé, à l’issue des rencontres organisées séparément avec les parties en conflit, que «l’État est déterminé à appliquer les lois de la République dans toute leur rigueur, contre toute personne impliquée dans les actes criminels et de vandalisme perpétrés à l’encontre des personnes et des biens».
Il a promis que des investigations «très poussées» seront menées par les services concernés en vue «d’identifier les fauteurs de troubles et les personnes à l’origine de ces événements et de les présenter devant la justice». «Des enquêtes administratives seront également ouvertes contre toute personne ayant commis des dépassements dans l’exercice de ses fonctions», a-t-il aussi indiqué. Le ministre d’État a promis que «les décisions de justice et autres décisions administratives prises à l’encontre des auteurs de faits vérifiables seront rendues publiques et les citoyens en seront informés».
Le ministre a annoncé le renforcement du centre «opérationnel» de sécurité mis en place en février dernier et cogéré par la Gendarmerie et la Sûreté nationales. «Le calme et la quiétude seront rétablis à compter d’aujourd’hui», a-t-il promis.
Les différents interlocuteurs convergent sur un seul point: «Ils ont demandé l’application de la loi et le renforcement du dispositif de sécurité.»
Enfin, M. Mesbah conclut en reprenant un passage du chanteur tunisien, Loutfi Bouchnaq:
«Prenez des postes, prenez les acquis, laissez-nous la nation.».