Le danger et la menace terroriste à la lumière de la situation en Libye a été au centre d’une rencontre organisée hier à l’hôtel « El- Djazair » par le Centre international de recherche et études sur le terrorisme (CIRET) et animée par des experts nationaux et internationaux.
«Cette manifestation entre dans le cadre de la sensibilisation de l’opinion publique nationale et internationale sur les dangers du fléau du terrorisme, à la lumière de la situation en Libye», a indiqué Mme Saida Benhabyles, membre fondatrice du CIRET, initiatrice de l’évènement.
Les participants à la rencontre ont appelé, selon l’APS, l’opinion internationale et les instances des Nations unies à prendre conscience des dangers potentiels qui résulteraient d’une possible déstabilisation de certains pays de la rive sud de la Méditerranée, dont la résurgence de l’islamisme radical.
«Les participants en appellent à l’opinion mondiale et aux instances internationales sur les dangers potentiels qui résulteraient de la déstabilisation de certains pays de la rive sud de la Méditerranée et tout particulièrement à la résurgence d’un islamisme radical et au redéploiement des réseaux terroristes d’El Qaida, et le crime organisé», lit-on dans la déclaration finale ayant sanctionné les travaux de cette rencontre.
«A la lumière de l’expérience algérienne dans la lutte antiterroriste, nous dénonçons le renforcement des moyens des organisations subversives comme l’AQMI et les réseaux de trafic d’armes à partir de la Libye et les menaces qui pèsent sur la stabilité de la région, en raison (…) de sa transformation en sanctuaire des organisations terroristes, des réseaux de trafic de drogue et du crime organisé», souligne la même déclaration.
Parlant de l’intervention de l’Otan en Libye, Yves Bonnet, ancien chef de la DST, aujourd’hui à la retraite et aussi président du CIRET, fait le constat de la violation des règles du droit international, des conventions et des principes qui régissent les relations entre Etats.
L’intervention de l’OTAN en Libye est dénoncée par cet intervenant. Il épinglera les pays qui au nom d’un droit « humanitaire » interviennent, selon leurs convenances et leurs intérêts immédiats. Il soulignera que la coopération dans la lutte antiterroriste dans la région subsaharienne «ne peut se faire si on ignore l’Algérie», qui a une longue expérience et l’expertise en la matière.
«L’Algérie, un pays qui a la meilleure expérience en matière de lutte antiterroriste, a surmonté seul ce genre d’agression et gagné en maturité », a indiqué M. Bonnet. Rappelant que l’Algérie a subi «un assaut frontal terroriste d’une extrême violence», il a appelé à reconnaître à ce pays «cette grande victoire sur le terrorisme remportée par ses propres moyens, dans l’indifférence internationale».
«Il faut que nous ayons, aujourd’hui, l’humilité et l’honnêteté de reconnaître à l’Algérie cette grande victoire remportée par ses propres moyens dans l’indifférence internationale, singulièrement celle de la France», a-t-il dit. Pour M. Bonnet, «l’Algérie apparaît aujourd’hui comme un pays fort, stable qui ne peut être menacé dans son existence par le terrorisme», ajoutant qu’»il n’y aura pas de déstabilisation de l’Algérie».
Il a appelé aussi à une coopération internationale «étroite» et «poussée» pour faire face aux menaces terroristes ou à celles subséquentes, comme le trafic d’armes et de drogue et les criminalités de toutes natures.
Et d’appeler à mettre en place une «réelle» coopération militaire basée par exemple, sur l’observation satellitaire effectuée par un certain nombre de pays comme les Etats-Unis d’Amérique et la France et qui permet de repérer facilement des convois acheminant des armes ou de la drogue, à travers les frontières.
«Ces observations doivent être communiquées à l’Algérie », souligne-t-il. Pour sa part, Mme Benhabyles axera son intervention à l’ouverture de cette rencontre à laquelle ont pris part également des ambassadeurs de plusieurs pays, sur le danger terroriste dans le Maghreb et sur notre pays, à la suite de « cette intervention dévastatrice de l’OTAN en Libye».
Elle saisira l’occasion pour s’interroger sur la politique de deux poids deux mesures des pays occidentaux par rapport aux résolutions onusiennes concernant la Palestine ou encore le Sahara Occidental. Le conseiller à la présidence de la République, M. Kamel Rezag-Bara, s’est inquiété, quant à lui, des dangers pouvant résulter d’un éventuel «effritement identitaire» en Libye. Cette possibilité, si elle venait à se confirmer, pourrait avoir des «répercussions importantes sur l’ensemble des pays de la région», a précisé M. Rezag-Bara.
Il a estimé que l’Etat central de la Libye, «qui s’est construit au fil des civilisations risque d’être disloqué, à la lumière des derniers évènements qu’il a connus», d’où l’importance d’oeuvrer pour une «édification institutionnelle et un retour de la bonne gouvernance dans ce pays». Abordant la question des Touaregs, il a notamment souligné les dangers qui pèsent sur ceux de Libye. Les Touaregs ont leur appartenance nationale, que ce soit en Algérie, en Tunisie, en Libye, au Mali, au Niger ou en Mauritanie.
Salah-Eddine K