La romancière algérienne, Khaouther Adimi, auteure en 2017 de «Nos Richesses », un troisième roman publié aux éditions Barzakh, également édité en France aux éditions du Seuil, était présente, samedi passé à Alger, pour animer une rencontre-débat et une vente-dédicace à la librairie « L’Arbre à dire».
Publiée depuis ses débuts d’écrivaine, en 2008, par Barzakh, et figurant aujourd’hui à la maison d’édition en tête de liste des auteurs plébiscités par le public aux côtés du célèbre Kamel Daoud, Kaouther Adimi a déclaré, avant-hier, à l’occasion de sa présence à la librairie «l’Arbre à dire », que cette rencontre est destinée avant tout à « dialoguer avec son public ». L’écrivaine algérienne y a présenté son dernier roman «Nos richesses» pour lequel elle a décroché plusieurs prix, dont notamment le Renaudot des lycéens 2017.
Khaouther Adimi, face à une cinquantaine de lecteurs, reviendra notamment sur le long travail de recherche qu’a nécessité l’écriture du roman « Nos Richesses ». Un ouvrage mettant, pour rappel, en avant une tranche de vie de l’un des personnages centraux de l’histoire de l’édition et de la littérature francophone du XXe siècle, Edmond Charlot, notamment resté célèbre pour avoir été le premier à suivre la démocratisation du livre en « inventant » la quatrième de couverture. Mais surtout le premier à publier un texte d’Albert Camus ; cet aspect de l’ouvrage de l’écrivaine algérienne ayant certainement le plus attiré l’attention en France.
Expliquant ainsi que le roman, dont le fil conducteur reste néanmoins, le parcours du personnage du nom de Ryad. Un jeune étudiant algérien en France qui, bien que totalement indifférent à la littérature, est chargé de vider le local de l’ancienne librairie d’Edmond Charlot, à l’ex-rue Charras, dans le but de la reconvertir en local à beignets.
L’histoire, marquée par la rencontre avec l’ancien gardien des lieux, est ainsi le prétexte pour revenir sur la vie du libraire, éditeur, bibliothécaire et galeriste, Edmond Charlot. «Un personnage longtemps oublié », dira l’écrivaine Kaouther Adimi. En ajoutant que le travail qu’elle a accompli aurait dû être fait bien plus tôt. «Il est mort en 2004, même en France, il a été assez oublié.
On aurait dû s’intéresser à lui il y a vingt ans.» Elle a aussi expliqué s’être concentrée sur une courte période de sa vie, en imaginant le journal qu’aurait pu tenir Edmond Charlot en y consignant les étapes de sa vie, mais surtout de son «aventure», souvent difficile, dans l’édition, sa librairie ayant entre autre subi deux attentats de l’OAS, qui le considéraient comme un éditeur trop proche de la cause des indépendances. Kaouther Adimi précise aussi que «la période de la vie d’Edmond Charlot qui m’a le plus intéressée a été celle s’étendant de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à la guerre d’Algérie, c’est-à-dire de 1935 environ jusqu’à 1961. Mais il est vrai que toute la correspondance, les carnets d’Edmond Charlot ont été détruits, en 1961, par l’OAS qui avait plastiqué par deux fois ses librairies». Elle ajoute à propos de cet aspect du roman, du choix d’évoquer le parcours du libraire au travers d’un journal imaginaire, que ce dernier reste bel et bien basé sur des documents et archives d’époque. L’auteur précise qu’elle n’a fait que «combler les vides». Elle affirme dans ce sens : « J’ai retrouvé un certain nombre de lettres qu’il avait envoyées à des proches, après 1935.
Seulement ses correspondants sont aujourd’hui très âgés, souvent ce sont leurs enfants qui m’ont aidée. Ce travail a nécessité une année entière sachant que parfois une lettre était dispersée dans toute la France. Parfois il a fallu voyager pour ne lire qu’un petit fragment. Ce fut un travail long mais passionnant. »