Le défi de l’élu local
En dépit de la chute des prix du pétrole et son impact sur les recettes du pays, l’Algérie ne renoncera pas à sa politique de croissance, en témoigne le montant de plus de 2.600 milliards DA, soit plus de 26 milliards dollars, consacré aux besoins de développement au titre de l’année en cours.
Le Président de la République, qui a mis en garde contre les pratiques du gaspillage dans cette phase précise, lors du Conseil des ministres du 22 juillet dernier, confirme ainsi la détermination de l’État quant à parachever les projets stratégiques, sur la base de priorités.
En effet, la prochaine étape qui répond à des impératifs dictés par la conjoncture économique du pays et les mutations qui caractériseront le marché pétrolier, à moyen terme, du moins, doit être soumise aux paramètres de la rigueur et de la clairvoyance en matière d’objectifs et de décisions, car le temps demeure un facteur déterminant. C’est là, d’ailleurs, l’un des axes phares qui seront abordés lors de la rencontre gouvernement-walis, prévue ce samedi au Palais des Nations.
L’investissement, dans toute sa dimension socioéconomique, sera, en effet, abordée dans le sillage des décisions prises lors du Conseil des ministres de juillet dernier, et des dispositions contenues dans la loi de finances complémentaire pour 2015, élaborée sur la base d’une prévision de croissance hors hydrocarbures de l’ordre de 5,1%. Des dispositions censées contribuer à améliorer les conditions et l’environnement de l’investissement productif dans cette démarche qui consiste à promouvoir la production nationale hors hydrocarbures.
La réduction des dépôts auprès des notaires sur les actes des sociétés et autres actes liés à l’investissement, la révision des taux de l’IBS et de la TAP, soit 1% pour les activités de production de biens, 1,5% pour les activités de BTPH, 3% pour les activités de transport par canalisation d’hydrocarbures et 2 % pour les autres activités, des réductions ou des exonérations de droits de douanes sur le intrants de certains produits sidérurgiques, les profilés d’aluminium et les corps gras végétaux pour encourager la production locale, l’accès au foncier industriel sans passer par le Comité d’assistance à la localisation et à la promotion des investissements et de la régulation du foncier (CALPIREF) et l’institution d’une pénalité à la charge des bénéficiaires de terrains à vocation industrielle, non exploités trois années après leur attribution, sont les principales mesures décidées pour encourager l’investissement productif. Aussi, tout l’effort consistera à stimuler l’investissement local qui reste tributaire de contraintes souvent liées à la problématique de la décentralisation de la décision et à l’absence d’initiatives.
Le constat établi lors de la Conférence nationale sur le développement économique et sociale (novembre 2014) est édifiant.
Composition du CALPIREF trop étendue avec fonctionnement disparate d’une wilaya à une autre, rallongement des délais de traitement des demandes d’accès au foncier, méconnaissance et absence de vulgarisation de plans de développement de wilaya, les mesures incitatives prévues (abattements pour les concessions) ne sont pas appliqués aux investisseurs bénéficiaires de terrains relevant des AFW (Agences foncières de wilaya), une immobilisation et inexploitation d’un important potentiel foncier et immobilier détenu par des particuliers, aux fins de rentes foncières spéculatives, manque de financements, un important patrimoine inexploité détenu par les EPE, détournement de biens de leurs vocations, indues occupations au niveau des zones industrielles et des zones d’activités, implantation anarchique d’activités industrielles et, enfin, «accès difficile, voire impossible à l’immobilier aux TPE industrielles innovantes», telles sont les lacunes évoquées par M. Azzedine Belkacem Nacer, représentant du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales lors de cette conférence qui avait plaidé, par conséquent, pour un mode de gouvernance adapté à l’échelle locale. En fait, les collectivités locales ont un rôle déterminant dans la mise en œuvre des objectifs des réformes, dans le cadre du Schéma national de l’aménagement du territoire (SNAT)-2030, notamment en ce qui concerne l’encouragement de l’investissement. Une entreprise qui «exige une revalorisation du potentiel local avec le concours de PME, une consolidation des ressources financières locales, et une reconsidération des instruments de l’urbanisme», avait suggéré ce responsable.
Le défi de l’élu local
De par sa position de proximité, l’élu local dispose de tous les atouts pour influer sur le cours de la collectivité. En contact permanent avec le citoyen pour mieux saisir ses attentes et ses aspirations, fort de l’institution qu’il représente (une assemblée communale ou de wilaya), il reste cet acteur incontournable du développement local, en faisant valoir son esprit d’initiative et d’entreprise. Il étudie, propose et assure un suivi des projets de sa circonscription pour une meilleure exécution des programmes de développement. De telles attributions exigent des aptitudes d’assimilation et de traitement, c’est-à-dire un niveau d’appréciation et une vision dépassant le cadre partisan pour le bien-être des administrés et la promotion de la région. Des aptitudes et également une parfaite connaissance des textes et de la réglementation en vigueur, notamment les codes de l’APC et de l’APW, pour situer ses prérogatives .
La classe politique est dans sa majorité interpellée par ses élus à se conformer aux impératifs de l’étape et à faire preuve d’union, de mobilisation et de solidarité dans les assemblées populaires, au-delà des convictions ou des tendances politiques, pour répondre aux préoccupations des citoyens.
En fonction des spécificités de chaque zone, une fiche technique d’identification des sites touristiques et des créneaux d’investissement, entre autres, est obligatoire pour être exposée et médiatisée à l’effet d’attirer les opérateurs potentiels par des formes d’encouragement, notamment la facilitation dans l’examen des dossiers et un soutien dans l’accomplissement des formalités techniques, administratives et financières. C’est de cet élu, loin de sa couleur politique, que le citoyen et la collectivité ont besoin plus que jamais, en cette phase quelque peu particulière où le compter sur soi et l’esprit d’imagination et de créativité doivent guider l’action commune. Veiller au respect de la notion de service public, garantir une transparence dans la gestion de la chose publique, protéger l’environnement, préserver le patrimoine et être à l’écoute des pulsations de la société, en clair des missions qui constituent un grand défi pour l’élu local…
A. Bellaha