Le gouvernement Abdelmalek Sellal a décidé de réactiver tout le potentiel industriel mal exploité et relancer les usines fermées à travers des partenariats sous ses différentes formes, qu’elles soient publiques, privées ou même mixtes, avec des entreprises étrangères, a annoncé hier à Alger le président du Forum des chefs d’entreprise (FCE) Réda Hamiani.
Dans une conférence de presse organisée suite à la rencontre du FCE avec le Premier ministre, le 20 février, M. Hamiani a salué la volonté de M. Sellal qui souhaite «un rapprochement» entre les entreprises publiques et privées et la construction d’une complémentarité entre elles. Des mesures précises seront annoncées dans les prochains mois afin de mettre en œuvre ce partenariat, a-t-il annoncé, notant que le gouvernement cherche des «solutions pragmatiques» et «un mode opératoire» pour relancer la machine économique.
Pour donner forme au partenariat, des réunions seront programmées avec les Sociétés de gestion et de participation (SGP) pour dégager les opportunités à mettre en œuvre et définir les possibilités de prise de participation et de cession d’actifs des entreprises qui n’exploitent pas pleinement leurs capacités. Le gouvernement Sellal est également favorable pour l’encouragement des rapprochements entre les entreprises des deux secteurs public et privé afin de tirer profit du potentiel existant, sous toutes les formes.
C’est-à-dire, a-t-il expliqué, les entreprises privées seront associées en tant que fournisseur, client ou partenaire. La question des actifs dormants des entreprises publiques a été également évoquée. Les opérateurs du FCE sont favorables pour la prise de participation dans les entreprises publiques afin de les redynamiser. Cependant, une batterie de mesures sera annoncée dans les prochains mois pour concrétiser les nouvelles orientations du gouvernement. «L’essentiel c’est d’exploiter toutes les opportunités», a soutenu le patron du FCE.
M. Sellal a proposé de «tout mettre en œuvre pour produire localement en substitution aux importations» à travers la mobilisation de toutes les énergies des autorités disposées à accompagner et faciliter les opérations pouvant aider à réaliser cet objectif. Les industriels sont invités, ajoutera M. Hamiani, à «profiter de toutes les facilités octroyées par la réglementation actuelle». A présent, le gouvernement tient compte «des échecs et du temps perdu» pour relancer la machine économique, surtout avec le recul de la production de pétrole adossé d’une pression exercée par l’augmentation démographique, le chômage des jeunes et des diplômés et l’obligation de garantir une sécurité alimentaire.
«Le laxisme» qui caractérisait la gestion au sein des précédents gouvernements est révolu, a-t-il soutenu, affirmant que l’actuel gouvernement s’inscrit dans une optique de solutions ciblées d’où «l’optimisme» du FCE pour que la relance soit accélérée. Le forum, qui défend une «politique de proximité» avec les pouvoirs publics a salué la disponibilité du Premier ministre à écouter les opérateurs économiques du forum, qui «doit être associé en tant que partenaire du gouvernement à la mise en œuvre des nouvelles mesures décidées».
Adhésion à la politique du gouvernement
Revenant sur la rencontre avec le Premier ministre, M. Hamiani a estimé qu’elle a permis d’avancer sur l’évaluation des questions qui ont une incidence sur le fonctionnement de l’économie. Le gouvernement actuel prône une «politique d’ouverture et de dialogue entraînant l’adhésion des chefs d’entreprise au programme de développement et à la recherche de solutions concrètes aux nombreux problèmes résultant d’un environnement problématique».
Les propositions du FCE ont un caractère «opérationnel», a soutenu M. Hamiani. Pour l’épineuse question du foncier, le forum a proposé de céder les assiettes, en concession, aux investisseurs au bout d’une période de 3 à 5 ans après le lancement du projet. Car la concession ne permet pas aux entreprises de s’inscrire dans la durée, contrairement à la session. M. Hamiani a indiqué également avoir transmis au Premier ministre les difficultés rencontrées en raison des excès administratifs du fait que la légalisation de tous les documents est obligatoire. Le forum a fait également une proposition pour prévoir de nouvelles mesures permettant aux entreprises d’importer du matériel rénové.
Actuellement, la réglementation en vigueur prévoit l’autorisation de l’importation d’une ligne complète de matériel rénové et interdit l’importation des unités ou du matériel roulant. Les arguments avancés par les opérateurs du FCE pour élargir la liste des équipements rénovés autorisés à l’importation n’ont pas convaincu le Premier ministre, a reconnu M. Hamiani. Mais M. Sellal ne s’est pas opposé à la révision de la réglementation actuelle. Du moins, a-t-il ajouté, le ministre de l’Industrie a demandé à ses services d’étudier les demandes des opérateurs économiques du FCE qui veulent importer du matériel rénové. Le ministère de l’Industrie étudiera également la question de l’extension du matériel autorisé à l’importation.
«Le FCE adhère à la politique économique conduite par le gouvernement Sellal qui est pragmatique, réaliste et confirme ainsi sa disponibilité à travailler à son succès». Cependant, le FCE plaide pour l’application rapide des modes opératoires qui demeurent «la grande difficulté entre la conception des textes et leur application sur le terrain» et souhaite la consécration des réunions périodiques entre le gouvernement et les opérateurs économiques afin d’évaluer les actions engagées et les résultats obtenus.
Karima Sebai