En marge du Sommet arabe qui s’est tenu hier à Syrte, le président Bouteflika s’est entretenu avec le guide de la révolution libyenne, le colonel Mouammar El Gueddafi.
Si certains observateurs ne voient pas l’utilité de l’organisation d’un sommet arabe «extraordinaire» à Syrte, le président Bouteflika a participé à cette rencontre, dont l’agenda à l’air très important mais pour sa mise en œuvre, beaucoup d’interrogations se posent notamment sur la réforme du système de la ligue arabe, ses institutions et comment arriver à un travail commun «efficace» ou encore le conflit arabo-israélien devant lequel les arabes sont restés impuissants.
D’ailleurs, il est question dans se sommet de donner une nouvelle chance à l’administration américaine pour poursuivre ses efforts visant à convaincre la partie israélienne d’arrêter la colonisation et de reprendre les négociations avec l’Autorité palestinienne. Donc, où est l’action arabe ? En tout cas, participer à un tel sommet relève plus du travail diplomatique du chef de l’Etat. Surtout que l’Algérie tient à récupérer sa place au sein du monde arabe.
A ce titre, le sommet arabo-africain est vu par quelques observateurs comme la meilleure occasion pour réaliser un tel objectif, puisque l’Algérie reste «le premier défenseur des intérêts du continent noir». D’autre part, les relations avec les pays arabes n’ont pas encore atteint un volume important et avec les voisins du nord de l’Afrique ce n’est pas la lune de miel.
C’est le cas avec la Libye surtout avec les sorties médiatiques de son guide Maamar El Gueddafi, notamment concernant la question des touareg, le Sahel, la question des frontières entre l’Algérie et le Maroc sans oublier le dossier des algériens détenus en Libye qui «est toujours ouvert», etc. Toutes ces questions perturbent les relations entre les deux pays même si l’image donnée est tout à fait contraire.
En marge du Sommet arabe qui s’est tenu hier à Syrte, le président Bouteflika s’est entretenu avec le guide de la révolution libyenne, le colonel Mouammar El Gueddafi. Ce dernier lui a réservé, selon l’APS , un «accueil chaleureux» à son arrivée à Syrte pour prendre part au sommet arabe extraordinaire et au sommet arabo-africain. Mais officiellement, rien n’a été dit sur les questions évoquées entre les deux hommes.
Ainsi, il n’est pas écarté que les deux présidents auraient évoqué la question du Sahel, les touareg et les récents dérapages verbaux du guide libyen sur notamment la réouverture des frontières entre l’Algérie et le Maroc. Il est à rappeler que le 26 septembre dernier, Maâmar El Gueddafi a eu un entretien téléphonique avec le président Bouteflika. C’est en tout cas ce qui a été rapporté par l’agence de presse officielle libyenne JANA.
Si on revient au timing de cet appel, il est intervenu au moment où l’Algérie a abrité à Tamanrasset, une réunion des chefs d’état-major des pays du Sahel (Algérie, Mauritanie, Mali et Niger). Une réunion qui a été suivie d’un autre sommet, auquel aurait participé la Libye. En outre, au début du mois en cours, le président El Gueddafi a appelé à la réouverture des frontières terrestres entre l’Algérie et le Maroc fermées depuis 1994. Selon lui, c’est devenu «une revendication populaire et une nécessité stratégique».
Pour argumenter, il a mis l’accent sur «le rôle historique joué par le Maroc dans le soutien à la Révolution algérienne entre 1954 et 1962», d’après la presse marocaine. Ainsi, Mouamar El Gueddafi a trouvé dans le conflit du Sahara occidental et la question des frontières entre le Maroc et l’Algérie, deux sujets pour se donner de la puissance dans la région.
Voilà de nouveaux dérapages verbaux auxquels Alger n’a pas répondu mais probablement, le président Bouteflika aurait fait comprendre au guide libyen que cette histoire des frontières relève des relations bilatérales entre l’Algérie et le Maroc
. Il faut savoir que ce n’est pas la première fois que le leader libyen veut se poser en médiateur dans des différends qui opposent l’Algérie à un pays tiers, puisqu’il n’y a pas longtemps, il s’est proposé comme médiateur entre l’Algérie et le Caire, suite à une proposition du SG de la ligue arabe, l’égyptien Amr Moussa. Il faut noter aussi que sur le plan économique, il n’y pas d’échanges importants entre les deux pays.
Par Nacera Chenafi