Pour Renault, l’Etat français a fait passer en 2015 de 15,01% à 19,74% sa participation dans le groupe automobile. L’opération, évaluée à 1,2 milliard d’euros, avait été présentée comme transitoire. Mais la revente des titres n’a toujours pas eu lieu, faute de conditions de marché favorables, le titre évoluant actuellement autour de 75 euros, contre 86 euros lors de l’opération.
La vente des Aéroports de Paris est aussi une des principales pistes évoquées pour permettre à l’Etat actionnaire de dégager des marges de manœuvre. Actuellement, 51% du capital d’ADP se trouve dans le giron public. Mais ce niveau pourrait sensiblement baisser. ADP «n’a pas d’intérêt stratégique pour l’Etat » et sa vente « pourrait rapporter beaucoup», souligne à l’AFP Christopher Dembik, économiste chez Saxo banque, qui rappelle qu’Emmanuel Macron avait songé à une telle opération en 2015. Pour céder ses parts, l’Etat devra au préalable faire voter un texte l’autorisant à descendre sous le seuil des 50% exigé par la loi. Et vaincre les éventuelles réticences des syndicats d’ADP. Orange est également sur la liste des entreprises privatisables. «Orange n’est ni une entreprise du secteur nucléaire ou de la défense, ni une entreprise assurant un service public en monopole», déclarait en avril le président français au site spécialisé Electronlibre, ajoutant que la part de l’Etat dans le groupe pouvait «évoluer».
L’Etat détient, directement et indirectement, près de 23% du numéro un français des télécoms, une participation valorisée aux alentours de 9 milliards d’euros. Pour Eric Beaudet, analyste chez Natixis, il faudrait que la cession soit « progressive et ordonnée » pour éviter de faire chuter le cours de Bourse. «Une petite cession d’une partie que l’Etat possède ne changerait rien à son influence au sein du groupe», souligne-t-il. Le PDG du groupe, Stéphane Richard, insiste d’ailleurs pour une sortie de l’Etat, un actionnaire jugé encombrant.
La cession d’une partie de La Française des jeux par l’Etat, qui possède 72% de l’opérateur, est revenue aussi sur le tapis ces dernières semaines, sur fond de résultats record pour l’entreprise: 14,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2016. La FdJ fait partie «des pistes intéressantes», susceptibles de «séduire de nombreux investisseurs», estime ainsi Christopher Dembik. Seul bémol, pour l’Etat: réduire sa participation impliquerait de revoir à la baisse les dividendes qu’il perçoit chaque année de l’opérateur. Soit près de 130 millions d’euros, bon an mal an.
D’autres grandes entreprises peuvent être touchées par cette vague de privatisations, car l’Etat français est endetté et devra respecter ses engagements de maitrise de déficit avec l’Union européenne. Les privatisations vont lui permettre d’engranger des sommes importantes pour y faire face.
Samir M.