Renault s’installe en Algérie. Après trois ans de périlleuses négociations, un accord pour l’implantation d’une usine d’assemblage de la marque au losange sera signé, mercredi 19 décembre, lors de la visite officielle de François Hollandeen Algérie, confirme le constructeur.
En l’absence de Carlos Ghosn, le PDG de Renault et Nissan, Jean-Christophe Kugler, directeur de la zone Euromed-Afrique de Renault, signera avec le ministre de l’industrie algérien cet accord maintes fois reporté. Tous les détails de l’opération seront révélés mercredi, mais l’architecture de l’accord entre l’Etat algérien et le groupe français, dont l’Etat français détient 15,01 %, est d’ores et déjà connu.
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La coentreprise sera détenue par l’Etat algérien à 51 % – la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) prendra 36 %, le fonds national d’investissement algérien 15 % – et Renault les 49 % restants.
Après d’âpres débats, le site a été trouvé. Alors que Renault voulait s’installer à Alger, afin de trouver plus facilement la main-d’oeuvre compétente, le gouvernement algérien militait pour Jijel, à l’est, afin de développer cette région.

54 % DES PIÈCES SERONT IMPORTÉES DE FRANCE
Finalement, l’Etat hôte a proposé de nouveaux emplacements à l’ouest du pays. Renault a choisi Oran, à proximité d’un port, car, dans un premier temps, 54 % des pièces seront importées de France, avant que se développe une filière locale plus étoffée. Quelque « 44 % de la valeur ajoutée sera produite en France », précise-t-on au sein du gouvernement français.
A l’horizon 2014, la nouvelle usine assemblera un minimum de 25 000 à 30 000 véhicules par an, avant d’augmenter sa capacité à 75 000 unités.
Contrairement au site marocain de Tanger, qui pourra produire bientôt jusqu’à 400 000 voitures pour l’Europe et le reste du monde, l’usine algérienne ne produira que pour le marché local.
« Une clause interdisant l’exportation des véhicules vers l’Europe a été ajoutée. En cas de production excédentaire par rapport au marché algérien, les véhicules seront exportés vers l’Afrique », explique un proche des négociations.
« Au départ, l’Algérie voulait avoir une usine comme Tanger, alors qu’il n’existe aucune industrie dans le pays ! C’était impossible, remarque un professionnel de l’automobile. Il faut commencer beaucoup plus modestement. »
VOLKSWAGEN ÉCARTÉ
Cette usine s’apparente plus à celle de la Somaca, qui monte des véhicules de la marque au losange pour le marché marocain depuis 1959 à Casablanca. Ce site emploie 1 500 salariés et peut produire jusqu’à 78 000 véhicules par an.
A Oran, le véhicule assemblé sera la Symbol, une Clio II dotée d’un coffre séparé. Importé jusqu’à présent de l’usine Renault de Bursa, en Turquie, ce modèle est le best-seller de la marque en Algérie.
En étant le premier à monter sur place certaines de ses voitures, Renault veutrenforcer sa mainmise sur un marché en forte croissance (de 300 000 unités en 2011, il devrait passer à 450 000 cette année). Et sur lequel il est leader aujourd’hui avec 25 % des immatriculations.
Afin d’éviter qu’un autre groupe, notamment Volkswagen, vienne le concurrencer trop brutalement, le constructeur français aurait exigé une clause interdisant l’installation dans les cinq ans d’un autre constructeur. Intéressé par une implantation en Algérie, Volkswagen aurait dès lors décidé de prospecter auMaroc.