Le constructeur Renault SA a confirmé, jeudi dernier qu’il travaillait sur un projet de construction d’un site d’assemblage de véhicules en Algérie. «Ce n’est qu’un projet, rien n’a été conclu», a déclaré le directeur général délégué du groupe, M. Patrick Pelata, en marge d’une présentation des résultats 2009 de Renault.
«Les discussions sont toutefois bien avancées» a-t-il ajouté. M. Pelata a expliqué que l’objectif était d’éviter les taxes élevées d’importation qui existent en Algérie et que Renault, qui réalise 25% de parts de marché
dans ce pays, a «des volumes suffisants pour y réaliser une usine».
l précisera par ailleurs que les véhicules ne seront pas exportés d’Algérie.
Il faut dire que l’idée d’une industrie automobile fait son chemin depuis quelque temps déjà en Algérie. Pour y parvenir, il a été décidé que la Société nationale des véhicules industriels (SNVI), s’associera à un partenaire étranger. Des discussions ont eu lieu avec plusieurs constructeurs étrangers, attirés par un marché automobile très porteur dans ce pays. Parmi les candidats faisant figure de favoris, le constructeur Renault.
Le projet, d’un montant de plusieurs dizaines de millions d’euros, est à l’étude sous le contrôle du ministère de l’Industrie. Prévu sous la forme d’une entité -détenue à 51% par la SNVI et 49% par le constructeur français- il réalisera le montage de 50 000 Dacia Logan et Sandero et Renault Symbol. Si le projet de montage automobile aboutit, celui-ci prévoit un taux d’intégration de 15% de composants automobiles fabriqués sur place, avant d’arriver à 40% après 5 ans.
Il faut rappeler que le constructeur Renault-Nissan avait choisi le Maroc pour installer son usine Dacia. Un investissement de 600 millions d’euros qui permet la création de 6 000 emplois directs et près de 30 000 emplois indirects.
Un choix qui n’avait pas été du goût des Algériens à l’époque et que les responsables de Renault-Nissan avaient justifié par des raisons de compétitivité et pour profiter des opportunités «d’exportation considérables qu’offre la plate-forme Tanger-Med». D’autres négociations avec le constructeur français avaient été entamées il y a près de cinq ans mais n’avaient également pas abouti.
Il s’agit, rappelons-le, de négociations entre Renault Trucks et SNVI pour le montage de camions Renault en Algérie. Aujourd’hui, tout porte à croire que l’actuel projet à l’étude est en bonne voie. Surtout si l’on souligne que le groupe français est actuellement très performant sur le marché national.
Le constructeur français a vendu plus de 56 000 modèles dans les deux marques Renault et Dacia cette année, enregistrant une progression de 29% par rapport à 2008. Il est à préciser enfin que le constructeur Renault a eu une année «difficile» après avoir enregistré en 2009 des pertes de plus de 3,1 milliards d’euros, les premières depuis 1996. M. Carlos Ghosn, le P-DG de cette firme, a prévenu que 2010 serait aussi une «année difficile» pour le secteur automobile avec «encore beaucoup d’incertitude et de volatilité».
Frappé de plein fouet par la crise, Renault SA enregistre la moitié de ses pertes (1,56 milliard) des entreprises associées (Nissan, Volvo, Avtovaz).
En 2010, Renault prévoit certes une croissance de 3% du marché mondial mais les régions majeures pour ses ventes, l’Europe de l’Ouest et de l’Est et l’Afrique du Nord, devraient baisser de 10%, essentiellement en raison de l’arrêt des primes à la casse.
Dans ce contexte incertain, Renault a reconduit sa ligne d’action de 2009, à savoir mettre la priorité sur les liquidités et réduire son endettement. Mais le constructeur met l’accent surtout sur les marchés émergents : tirer parti de ses investissements et nouer des relations stratégiques et à long terme dans les pays où il n’en a pas encore.
Par Hasna Yacoub