Renault Algérie : La «Symbol», tout un symbole !

Renault Algérie : La «Symbol», tout un symbole !

Que n’a-t-on pas dit et écrit sur cette fameuse usine du groupe français Renault en Algérie. Depuis pratiquement deux ans, ce projet-Arlésienne, a vogué au gré de déclarations aigres-douces des dirigeants de ce constructeur automobile, manifestement pas trop chaud à l’idée de rouler en Algérie.

Il est vrai que, économiquement parlant, Renault n’a strictement rien à faire d’une usine chez nous dès lors qu’il domine à distance le marché. Passons sur le fait qu’il possède une usine, et une grande usine chez nos voisins de l’ouest à Tanger… Mais ce manque d’intérêt des français pour un projet inutile, s’est confronté à une envie irrépressible de s’offrir la marque au losange «Made in Algeria».

L’affaire est à ce point «salutaire» pour le gouvernement algérien qui souhaite brandir le contrat comme un trophée de guerre… de position vis-à-vis du Maroc. Bien que l’affaire soit très mal engagée face à un constructeur qui a dû vendre ses parts dans le groupe Nissan pour éponger ses dettes, ses dirigeants ont fini par suivre l’instruction de l’Elysée, pour dire «oui» au gouvernement algérien.

Signe que rien n’était acquis jusqu’à la dernière minute, il a fallu attendre la visite du président Hollande- l’Etat français est actionnaire de Renault- pour annoncer la (bonne) nouvelle ici même à Alger. Avec ce détail que le patron du groupe n’était pas du voyage…

Une unité d’assemblage emballée sous forme d’usine

Cet accord pour l’implantation d’une usine du groupe français en Algérie qui a été présenté comme le clou de la visite présidentielle, y compris par Hollande, semble donc plus motivé par des considération politiques qu’économiques. L’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia s’était interrogé il y a quelques jours pourquoi Renault va-t-il créer une usine en Algérie alors qu’il en possède une plus grande à Tanger ?

En réalité, Ouyahia a juste voulu nous faire une piqûre de rappel que c’est le gouvernement qui tient à cette usine et non pas le constructeur français. On sait désormais après la signature de cet accord, que notre pays ne gagne pas (ou peu) au change. Il aura certes «sa voiture» Renault sortie d’une usine à Oran, mais à quel prix !

Premier défaut de fabrication : les Algériens ne disposent d’aucun détail sur l’enveloppe que le gouvernement mettra sur la table pour donner corps à la «Symbol». Le ministre de l’industrie Cherif Rahmani s’est empressé pour on ne sait quelle raison d’annoncer le chiffre rond d’un milliard d’euros. Or, l’usine de Tanger qui est sans commune mesure avec celle d’Oran (400.000 véhicules/ et des milliers de travailleurs) n’en a pas coûté autant.

Une Renault «DZ» coûte que coûte…

Le groupe Renault, lui, s’est contenté de débloquer 50 millions d’euros pour ses 49% d’actions. Autre «malfaçon» de cette usine, le directeur pour la zone Euromed-Afrique du constructeur français, Jean-Christophe Kugler, vient de nous apprendre qu’il ne s’agit pas d’une unité de production mais juste de l’assemblage… Pour cause, les différentes pièces du véhicule seront importées en kits de Roumanie et de Turquie, tandis que les moteurs viendront de France.

A Tlelat, les quelques 350 employés algériens se chargeront juste d’assembler les pièces de ce modeste véhicule. Et ce n’est pas fini, le groupe français a obtenu une grosse concession (qui a surpris même en France) du gouvernement sous forme d’une garantie d’exclusivité de trois ans, aux termes de laquelle aucun autre constructeur automobile ne pourra s’implanter en Algérie.

Il est vrai que les gars de Renault ne pouvaient détourner le regard face à une offre aussi aguichante… En deux années de discussions, ils ont sciemment placé la barre très haute pour décourager le gouvernement algérien. Les patrons de Renault ont même refusé le site de production de Bellara pourtant retenu en Conseil des ministres. En vain.

Le régime algérien veut sa Renault à lui quitte à ce qu’elle soit une simple «Symbol». Tout un symbole d’une politique économique qui fait d’un marché de dupe une affaire de l’année… Pour les petits mots de Hollande sur la mémoire, force est d’admettre que le pouvoir a payé trop cher son usine Renault.