Y a-t-il une vie après la première division algérienne de football ? Assurément. Et elle peut parfois être rose et même très rose et sans épines. Hervé Renard en est le dernier exemple, lui qui avait quitté (volontairement, il faut le préciser) l’USM Alger suite à des critiques subies de la part de dirigeants du club, de joueurs et d’une partie de la presse et qui se retrouve, trois mois plus tard… champion d’Afrique des nations. C’est fou ce que quitter le championnat d’Algérie peut procurer comme bien !
Saâdane en connaît un bout, Benchikha aussi
C’est que Renard n’est qu’un exemple de cette fâcheuse tendance qu’ont les clubs algériens de saborder les compétences, qu’elles soient algériennes ou étrangères. On se rappelle de l’épisode de Rabah Saâdane, vilipendé, décrié, raillé, méprisé après la déconvenue algérienne à la Coupe du monde de 1986 au Mexique, au point de le pousser à quitter l’Algérie pour aller exercer son métier ailleurs, au Maroc plus exactement, avant de revenir trois ans plus tard à la tête du Raja Casablanca pour remporter la Coupe d’Afrique des clubs champions aux dépens du MCO, à Oran même. Abdelhak Benchikha, à un degré moindre, avait aussi été chassé du MC Alger, puis du CA Bordj Bou Arréridj et de l’USM Bel Abbès comme un malpropre, avant de gagner ses galons de «Général» au Club Africain, club qu’il mènera au titre de champion de Tunisie après une douzaine d’années de disette.
Nouzaret et Accorsi, incompétents dites-vous ?

Au rayon des entraîneurs étrangers, il y a eu deux exemples frappants. Le premier, c’est Robert Nouzaret, limogé du MC Alger parce qu’il s’était solidarisé avec ses joueurs dans des déclarations faites à la Chaîne III et qui, à la tête de la Guinée, a non seulement réussi à se qualifier pour la CAN-2008, mais il l’a surtout fait au détriment de la sélection algérienne, qu’il a battue 0-2 dans ce stade du 5-Juillet qu’il connaissait très bien et duquel il avait été éjecté injustement. Le second, c’est Jules Accorsi, que la JSM Béjaïa avait mis à la porte en le jugeant médiocre et incompétent, mais qui s’est rappelé au bon souvenir des Algériens en battant les Verts à la tête de la modeste équipe de la République centrafricaine à Bangui.
Renard avait été jugé incapable de mener les Verts au titre africain
Soit dit en passant, Hervé Renard s’était porté ouvertement candidat pour le poste de sélectionneur national depuis la CAN-2010. Dans diverses déclarations, il avait exprimé son souhait d’entraîner les Verts, surtout après avoir découvert la passion du peuple algérien pour le football. Il s’était même dit disposé à être l’adjoint de Rabah Saâdane pendant quelque temps avant que la succession ne se fasse en douceur. S’il avait accepté le poste d’entraîneur de l’USM Alger, c’était surtout pour se faire connaître davantage en Algérie pour être accepté comme sélectionneur. Bref, il ne manquait plus qu’il se mette à genoux pour demander qu’on lui confie la sélection nationale. Or, les décideurs de la FAF avaient estimé qu’avoir entraîné la Zambie et l’Angola n’était pas une référence et que Renard n’avait pas l’envergure pour mener les Verts au sacre africain. On connaît la suite.
Renard venu bronzer ? Demandez à Asamoah, Drogba et Platini !
Ce qu’il y a à retenir des mésaventures de ces techniciens descendus en flammes en Algérie, mais qui réussissent à l’étranger, c’est le fait que des «dirigeants» (on ne sait pas trop dans quelle direction ils dirigent) se sont crus assez connaisseurs et spécialistes en football pour juger de la compétence ou non d’un technicien. Ils n’ont même pas le courage, après coup, de reconnaître leurs erreurs. Quand on lit les déclarations faites par Mouldi Aïssaoui après le départ de Renard de l’USMA, où il est dit notamment que «les supporters et les connaisseurs ne se trompent pas sur l’envergure et la qualité de l’apport de cet entraîneur, que ce soit les aspects technique, tactique ou psychologique» et qu’il «sait faire la différence entre un entraîneur qui s’implique dans son travail et celui venu bronzer dans notre pays», on a juste envie d’une chose : demander leurs avis à Gian Asamoah, André Ayew, Didier Drogba, Yaya Touré et Gervinho, sans oublier Joseph Blatter et Michel Platini. A moins que tout ce monde-là connaisse moins le football que nos «connaisseurs»…
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La FAF n’a envoyé aucun technicien en superviseur à la CAN !
La Coupe d’Afrique des nations s’est achevée avant-hier dans une quasi indifférence générale. C’est vrai qu’une CAN avec l’Algérie et sans l’Algérie, ce n’est pas la même chose. Voilà donc l’édition disputée au Gabon et en Guinée équatoriale réduite à être évoquée comme un «fait divers» par l’opinion publique algérienne, plus préoccupée par les effets des intempéries, le feuilleton du faux départ de Hannachi et les mini crises à répétition au MCA. Est-ce pour autant que cette phase finale de la Coupe d’Afrique des nations doit être négligée ou prise de haut ? Que les Algériens fassent peu cas de la CAN relève du naturel, surtout que l’actualité en ce moment est assez «chaude» (façon de parler, bien sûr), mais que la FAF en fasse de même est surprenant à plus d’un titre. En effet, l’instance dirigeante du football algérien n’a pas pensé à envoyer au Gabon et en Guinée équatoriale un panel de techniciens afin d’étudier les tendances du football africain et prendre des notes sur les sélections qui y ont participé. Ne pas prendre part à une compétition n’autorise pas à en être absent totalement, même par l’observation et l’analyse.
Le Mali y a joué six matches sans qu’on en profite
Deux motifs au moins auraient dû inciter la FAF à envoyer des techniciens assister aux matches de la CAN. Le premier est que le Mali, adversaire de l’Algérie au deuxième tour des éliminatoires pour la Coupe du monde 2014, y était. Il devait y jouer trois matches au moins et du fait de son passage aux demi-finales, il en a disputé six, soit le double. Six, c’est autant d’occasions de disséquer le jeu de la sélection malienne. Bien sûr, des esprits bien pensants diront que ce n’est pas grave car on pourrait toujours analyser le jeu des Maliens en visionnant des vidéos de leurs matches, mais tous les entraîneurs vous diront qu’à partir des tribunes, on peut remarquer des choses qu’on ne peut pas voir à la télévision ou sur un enregistrement vidéo. L’explication en est simple : à la télévision, la caméra suit en général uniquement le porteur du ballon alors qu’un technicien a besoin de voir les mouvements et placements de tous les joueurs dans un match, ainsi que l’évolution du plan de jeu de l’équipe suivant les développements que connaît le match.
Si elle passe la Gambie, l’Algérie affrontera l’un des participants à la CAN
Le deuxième motif pour analyser la CAN qui vient de s’achever est le fait que les Verts, en cas de qualification au troisième tour face à la Gambie, affronteront l’une des sélections qui étaient présentes au Gabon et en Guinée équatoriale. N’aurait-il pas été judicieux de préparer dès à présent des fiches signalétiques de tous ces adversaires potentiels, surtout qu’on peut tirer plus d’enseignements sur une équipe en trois matches plutôt que sur un seul match ? La question mérite d’être posée à la FAF qui, d’habitude, ne lésine pas sur les moyens pour réunir les conditions de réussite pour les Verts. Pourtant, à la FAF, on voyage souvent…