Il est dit quelque part que ce genre de postes n’est pas assorti d’assurance. C’est agréable d’être ministre, mais c’est dur de s’en aller.
Annoncé officieusement, puis démenti -officiellement- par un communiqué de la Présidence, puis relancé par le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani avant d’être nuancé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le remaniement gouvernemental ne laisse pas indifférent. S’il fait saliver les prétendants, par contre il déstabilise fortement les ministres en poste, dont certains ont déjà quitté leurs fauteuils pour s’asseoir sur leurs cartons.
L’expérience a démontré que le changement de gouvernement, aussi minime soit-il, intervient souvent par surprise, au moment où l’on s’y attend le moins, quand tout le monde pense à son repos hebdomadaire après une dure semaine de travail.
Le président Bouteflika procédera-t-il à un remaniement gouvernemental aujourd’hui? Tiendra-t-il un Conseil des ministres ou un Conseil restreint? Les questions fusent et la bulle politique exhale des relents d’un remaniement avant qu’elle m’explose pour laisser éclore une nouvelle équipe. Nous ne sommes plus devant un simple lifting pour donner l’impression d’un changement et calmer une grogne de quelque nature que ce soit.

Le gouvernement ne peut plus bâtir sur l’échec… du «printemps arabe» et les traumatismes de la décennie noire (1992 à 2002) pour consolider le luxe du statu quo et perpétuer une stabilité sociale. Il s’agira d’une équipe qui aura à gérer l’austérité ou du moins, une période de stricte rationalisation des dépenses.
Sans compter que le Premier ministre a parlé d’une nouvelle vision économique et celle-ci doit être conduite par une équipe qui devra répondre à la question de fond, celle de maintenir les équilibres et progresser effectivement sur des indices concrets, à l’image des exportations et l’intégration de nouvelles filières industrielles, mais également dans le rapport de l’Exécutif au politique à la lumière des nouvelles dispositions de la Constitution. D’où certaines surprises maintenant que l’Etat ambitionne de revêtir son costume civil.
La nouvelle équipe que va driver M. Sellal aura une autre particularité: elle sera la quintessence des nouveaux équilibres nés après les profonds changements opérés au niveau des services de renseignements. Quant au moment et à la date exacte de la tombée du couperet, ils relèvent d’un caprice exclusif du président de la République. Que de dégâts collatéraux au plan psychologique! Courtisé, sollicité, photographié, parfois caricaturé, le ministre de la République développe sa propre bulle.
Il ne fait rien comme tout le monde. Il arrête, décrète, tranche, nomme et dégomme. Il a un pouvoir, il est craint. Il traverse les villes en trombe et sa garde de motards fait gicler les voitures de part et d’autre de leurs sillons comme du gravier. Puis, subitement, la bulle si fragile explose, le téléphone ne sonne plus, il redescend dans le monde… de tous les jours et c’est le choc, le terrible choc psychologique.
Il est dit quelque part dans la charte politique, non écrite, que les postes ministériels ne sont pas assortis d’assurance. C’est agréable d’être ministre, mais c’est dur de s’en aller. Ainsi va la politique.