Alors qu’il est majoritaire dans les assemblées élues, le FLN est minoritaire dans cette «assemblée désignée», qu’est le gouvernement.
Le grand perdant du dernier remaniement gouvernemental, opéré avant-hier, est sans nul doute le FLN. Le parti majoritaire au niveau de toutes les assemblées élues (APC, APW, APN et Sénat) est minoritaire dans la composition du gouvernement Sellal.
Il ne compte que trois ministres dans une équipe de 32 membres! Il s’agit de Tayeb Louh, ministre de la Justice, garde des Sceaux, de Abdelkader Messahel, ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé des Affaires maghrébines et africaines et de Khelil Mahi, ministre des Relations avec le Parlement.
A part Tayeb Louh, proche parmi les proches du président Bouteflika, les deux autres occupent des postes minimes. «C’est une gifle historique au FLN», regrette un cadre du parti. Amar Saâdani, secrétaire général du parti, qui claironnait qu’après l’élection présidentielle, le FLN sera le pouvoir lui-même, a vu son souhait s’évaporer. Bien au contraire, son parti est carrément exclu des centres de décision. Allant jusqu’à dire que Abdelmalek Sellal est militant du FLN, il avait même annoncé un gouvernement partisan, constitué de représentants des partis politiques.
Ce qui ne fut pas le cas. Pour les observateurs, l’une des raisons qui président à l’exclusion des partis politiques du pouvoir, le FLN, le RND, le TAJ et le MPA, (le nombre des ministres de ces partis réunis ne dépasse pas 10), est le refus de l’opposition de faire partie du gouvernement. Mais pour les initiés du FLN, il faut ajouter à cette raison la qualité des propositions faites par les responsables du parti dont aucune n’est retenue.
Selon une source bien informée, le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, aurait proposé une liste de neuf personnes qu’il estime ministrables. Il s’agit, entre autres, de Bahaeddine Tliba, député de Annaba, Mohamed Djemaïa, député de Tébessa, Mohamed Cherif Mohamed El Hocine, parlementaire et ancien président de la Chambre nationale de l’agriculture, Fodhil Saâdeddine, chef de cabinet de M.Saâdani (à l’APN et actuellement au FLN) et Moussa Benhamadi, ancien ministre. Selon notre source, certains de ces «proposés» sont en colère contre Amar Saâdani qui leur aurait promis des postes de ministres après l’élection présidentielle. M.Saâdani n’est pas le seul à proposer une liste. L’ex-secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, aurait, lui aussi, soumis la sienne.
M.Belkhadem aurait proposé, selon toujours notre source, quelques parlementaires dont certains sont opposants à Amar Saâdani. Parmi les noms proposés par Belkhadem, on cite: Boualem Djaâffar, sénateur de Bordj Bou Arréridj, Boutaleb Azzedine, député de Tiaret, Hanachi Nadia, députée de Sétif et Habiba Bahloul, députée de Constantine. Il y a aussi le professeur Bourezzag, Zebbar Berrabah et Grine Abdelmalek, Boulahia Brahim et Mahdjoub Beda. «C’est des propositions scandaleuses. Personne n’est retenu car cela s’apparente à une volonté d’introduire l’argent sale au sein de l’équipe gouvernementale», soutient notre interlocuteur.
Pour Abderrahmane Belayat qui tient toujours à son poste de coordinateur du bureau politique, le FLN n’a pas eu la part méritée dans le gouvernement. «Le désaveu de cette composition concerne ceux qui ont fait des propositions. Pour notre part, on se respecte et on sait que la composition du gouvernement est une attribution du président», a-t-il déclaré au téléphone. Belayat précise que sa priorité reste la réunion du comité central en vue d’élire un nouveau secrétaire général légitime.