Le président Abdelaziz Bouteflika va entamer dés la semaine prochaine des consultations liées au remaniement d’un nouvel exécutif avec les deux patrons des deux plus grandes formations politiques du pays, le FLN et le RND.
Selon des sources dignes de foi, le chef de l’Etat va reconduire pour la cinquième fois Abdelmalek Sellal en tant que Premier ministre, on pense que ces consultations pour la formation d’un cabinet soudé et cohérent devraient plutôt servir à faire baisser la tension entre les deux partis alliés et à surtout à faire passer le message que le président va rapidement mettre à exécution le fameux article 77 de la nouvelle Constitution.
Il n’est pas exclu que Bouteflika (organiquement président du FLN) cherche à tempérer les ardeurs du secrétaire général du FLN Amar Saidani , en associant à ces consultations le deuxième parti politique du pays, alors que l’article constitutionnel stipule que le président consulte « uniquement » le parti majoritaire au niveau de l’APN.
Le FLN et le RND sont, depuis 1997, les principaux pourvoyeurs en cadres rompus aux rouages des appareils de l’Etat. Pour se montrer le plus apte à occuper ses appareils, le SG du vieux parti ne cesse de décocher des flèches et des critiques acerbes à l’endroit d’Ahmed Ouyahia, le SG intérimaire du RND.
Il n’hésitera pas à affirmer dans des déclarations à la presse qu’Ouyahia ne devrait pas diriger le gouvernail de l’exécutif. Il poussa le bouchon très loin en estimant que Ouyahia n’est « qu’un accident de parcours », fabriqué par des circonstances politiques et que le pays a « besoin de sang neuf et des hommes nouveaux ».
Pourtant en 20 ans, Ouyahia a été trois fois à la tête de l’exécutif sous deux chefs d’Etat et de surcroit à des moments de crise. En matière d’expérience dans la gestion des affaires de l’Etat, Ouyahia a un CV plus fourni que son alter égo du FLN. Les attaques de Saidani, loin d’être surprenantes, ont failli toutefois provoquer une mésentente les deux alliés au président.
Prudent néanmoins, Ouyahia semble vouloir éviter ce type de provocations. Selon son entourage, il s’évertue plutôt à ne pas céder à la polémique, conscient de ses responsabilités de chef à la fois d’un parti politique et de ministres d’Etat, directeur du cabinet de la Présidence.
Bien qu’on ne sache rien des raisons poussant Saâdani à multiplier ses déclarations même si certains observateurs semblent les expliquer par son souci de faire le vide et de baliser le terrain e prévision prochains législatives et élections présidentielles, estimant à que les sorties de Saâdani visent plutôt à « affaiblir » son allié stratégique dans la foulée des pourparlers engagés pour la formation d’un nouveau gouvernement. Tous deux semblent en tous cas disposer chacun de leur liste de personnalités ministrables à défendre.
Mais il revient à seule Bouteflika seul de décider, en dernier ressort du personnel devant composer le prochain gouvernement dont la tâche, que complique de jour en jour la crise économique autrement plus préoccupante s’annonce d’ores et déjà extrêmement difficile, et surtout loin de ces petites querelles de chapelles.
S’il est sûr que l’alliance présidentielle de février 2004 (FLN, RND et MSP) est bel et bien morte, il est encore sûr et certain que celle-ci ne sera pas reconduite et que celle que vient de lancer Saidani n’est qu’un simple épouvantail.