Après de longues années d’amertume, le rêve est enfin réalisé pour les habitants de Doudou-Moukhtar à Hydra, qui ont commencé, hier, à quitter, et d’une manière définitive, leur anciennes «habitations» pour être relogés à Tessala-El-Merdja. Il est 8 heures. La journée s’annonce belle en cette journée printanière. À la cité, c’est le calme absolu… le silence radio.
Pas âme qui vive. Mais pas pour longtemps. Et pour cause, la cité va connaître dans quelques instants ses nouveaux occupants. Pas la peine de s’étaler trop sur la description de l’événement, car un seul mot résume tout : Bonheur. Vivre dans une favela exposée aux aléas de la nature mais aussi de l’homme n’est pas chose aisée.
C’est un véritable combat que ces gens ont dû livrer pour y survivre. Être entassés, frères et soeurs, dans une même chambre est la situation la plus difficile à supporter. Être exposé au froid glacial de l’hiver et à la chaleur suffocante de l’été n’est pas, également, une sinécure. Tout ça pour dire combien était profonde la plaie, combien était fort le prix avant de savourer ces moments qualifiés par les intéressés eux-mêmes d’inoubliables… Ils n’ont pas tort.
D’ailleurs, un heureux occupant, d’un certain âge, n’a pas omis de qualifier cet événement de « jour de l’Indépendance. » Le sourire se lisait sur les visages de ces citoyens qui n’arrivent pas à croire leurs yeux, eux, qui, il n’y a pas si longtemps, vivaient dans des conditions le moins que l’on puisse dire lamentables et pénibles.
« Et maintenant, Dieu merci, nous avons retrouvé le sourire qui nous faisait défaut depuis belle lurette. Grâce à cette opération tant attendue, nous pouvons, aujourd’hui, reprendre, aisément, notre train de vie et vivre dans la dignité comme tout le monde dans une maison respectable», dira sur place un quadragénaire.
Des youyous fusaient de partout, bref le passé est chassé des mémoires de ces riverains et place maintenant à la… joie. C’est légitime. L’événement est bel et bien réel et loin d’être un simple effet de mode. « Je n’ai jamais imaginé qu’un jour je quitterai le bidonville pour un logement digne.
Je ne sais pas encore si je suis dans un rêve ou c’est la réalité», dira un quidam, non sans avoir une pensée à ses enfants : «si je suis heureux aujourd’hui c’est beaucoup plus pour mes enfants qui pourront finalement bénéficier d’un véritable toit, Je suis très heureux pour eux», dira un père de famille, avant de renchérir : « Enfin je pourrais, désormais, dormir tranquillement. Il est inutile de vous dire que j’ai perdu mon sommeil depuis belle lurette et maintenant je veux, vraiment, rattraper le temps perdu…»
F2… «L’AGRÉABLE» SURPRISE
Le président de la République était catégorique s’agissant de la réalisation des logements du type F2. Le premier magistrat du pays n’avait-il pas intimé l’ordre de bannir ce type de logement. Mais voilà que sur le terrain, la réalité est tout autre.
Et ce n’est pas les exemples qui manquent : hier, lors du lancement de l’opération de relogement des habitants du site Doudou-Mokhtar à Hydra et leur transfert vers Tessala-El-Merdja, relevant de la circonscription administrative de Birtouta, les bénéficiaires ont eu la mauvaise surprise de constater qu’ils vont se loger, désormais, dans ce type d’habitation.
Un état de fait qui ne les a pas laissés indifférents : C’est pourquoi certaines familles, devant cette situation, n’ont pas omis d’exprimer, sur les lieux, tout le mal qu’ils ressentent.
Interrogé sur cette question paradoxale, le wali délégué de la circonscription administrative de Bir-Mourad-Raïs, Salah Cheradi fera savoir qu’il n’y a aucune loi interdisant la réalisation de cette sorte de logements. Pour lui, l’opération se déroule dans de bonnes conditions. Le même responsable indiquera qu’un programme de 10 000 logements a été mis en place pour éradiquer l’habitat précaire, notamment les bidonvilles ; ceux-ci dans la Capitale.
Dans ce sillage, il annoncera le relogement sous peu de plus de 200 familles de Zaâtcha. En tout, soutient la même voix, ce sont quelque 35 000 logements qui sont au cours de réalisation pour éradiquer définitivement l’habitat précaire.
Soulignons, enfin, que cette opération de relogement a vu le rejet de pas moins de 64 dossiers ; la raison est que ces familles ont déjà bénéficié de logements. Il a été, aussi, enregistré, durant la matinée d’hier, 4 recours dans lesquels les citoyens dénonçaient le type de logements qui leur ont été octroyés.
Il convient aussi de préciser que cette opération de relogement de 924 familles du site Doudou -Mokhtar s’effectuera sur quatre étapes : la première, celle d’hier, a concerné le relogement de 275, la deuxième concernera 286 foyers la troisième touchera 135 familles alors que la quatrième étape verra le relogement de 307 familles.
POINT D’INQUIÉTUDE POUR LA SCOLARITÉ DES ÉLÈVES
Le directeur de l’éducation d’Alger- Ouest, Saâd Zeghache rassure quant à la scolarisation normale des élèves. Et ce, pour diverses raisons : Il a été mis à la disposition des citoyens des formules pour choisir les établissements. Il a été procédé, également, à la revue de l’organisation pédagogique de la localité pour être au diapason de la nouvelle donne. À cela, il y a lieu d’ajouter la construction d’établissements scolaires.
« Il n y a pas lieu de s’inquiéter sur ce plan là ; il y a des places pédagogiques pour tous les élèves », dira le même responsable. En terme d’infrastructures, 3 écoles primaires, 2 collèges d’enseignement moyen et un lycée sont en cours de réalisation au niveau du site, dont l’avancement des travaux est jugé appréciable.
Il faut noter que le nombre des élèves, tous paliers confondus, est de l’ordre de 1 460 dont 76 des classes de terminale devant donc subir en juin prochain, les épreuves du baccalauréat. Notons enfin que cette opération de relogement intervient après celles des habitants de Diar Echems et s’inscrit dans le cadre du large programme de la wilaya d’Alger qui table sur un zéro bidonville d’ici peu. Il faut dire que ces favélas ne sont pas sans amocher le visage urbanistique de la Capitale.
Amokrane Hamiche