Des docteurs, autoproclamés spécialistes en phytothérapie, écument le marché hebdomadaire de Sidi Khettab chaque vendredi. Munis d’un porte-voix, ces imposteurs itinérants provoquent des attroupements de badauds. Ils arrivent, tant bien que mal, à fourguer leurs potions à des patients en quête désespérée d’un improbable sédatif. Ils prétendent traiter une kyrielle de maladies face auxquelles la médecine moderne s’avère souvent inefficace, voire même impuissante.
Du rhumatisme à la sclérose en plaques, en passant par la crise d’angoisse, nos charlatans proposent, donc, une thérapeutique par les plantes. «Cela ne fait pas sérieux», remarque un homme. «Il faut vraiment être naïf pour se laisser duper», lance un autre citoyen au milieu de la foule. Un homme d’un certain âge déclare souffrir de lombalgies persistantes, d’origines sciatiques.
Le «docteur» conseille, ainsi, «de la graisse d’autruche pour se frictionner le dos. Le résultat est garanti». Des crises d’angoisse ? Un breuvage à base de décoction de rhubarbe et de millepertuis vous remettra d’aplomb. Du hachis de romarin, appliqué en cataplasme sur les genoux, vous dénouera les articulations. Maîtrisant à la perfection l’art du boniment, le «phytothérapeute » n’arrête pas de s’infatuer sur ces prétendues capacités à soigner telle ou telle pathologie, en puisant dans le registre des plantes qui guérissent. Le tout, «avec la bénédiction de Dieu», lance-t-il.
Comme pour prouver sa bonne foi et la rigueur scientifique de son approche, des planches anatomiques du corps humain sont exposées à côté des «médicaments » en tout genre. Un amoncellement de sachets, de boîtes et de flacons remplis de mystérieuses mixtures.
Comme pour ajouter une touche d’extravagance à ce décor insolite, de petites dépouilles de reptiles trônent au milieu de cet étrange étal. Exploitant la crédulité et la détresse des petites gens, ces charlatans ne s’embarrassent point de scrupules pour les dépouiller de leur pécule, leur promettant une illusoire guérison.