Tumultueuse, orageuse, la relation entre l’Algérie et la France est en train de traverser la phase la plus apaisée de l’histoire.
Le constat a a été dressé à l’occasion de la visite à Paris du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, dans le cadre du sommet France-Afrique. M. Sellal a eu droit à un rendez-vous à l’Élysée avec le président François Hollande. Cela, en attendant de recevoir à Alger, les 15, 16 et 17 décembre, son homologue Jean-Marc Ayrault en vue de la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau. Côté algérien, on se réjouit de ce climat de détente, “un moment rare de la relation bilatérale” coïncidant avec le Cinquantenaire de l’Indépendance et auquel la présidence de François Hollande ne semble pas étrangère.
Le Traité d’amitié envisagé il y a dix ans, mais visiblement enterré, c’est le projet d’un “partenariat d’exception” qui a été mis en chantier. Dans ce cadre, l’année 2012 a été une étape majeure marquée par la visite de François Hollande à Alger, sa première au Maghreb couronnée par la déclaration d’Alger. L’année 2013 a ensuite battu le record des visites officielles échangées. Il y eut un “défilé ininterrompu” de délégations voyageant dans les deux sens. Qualité, intensité et densité ont caractérisé ces échanges qui ont matérialisé le caractère exceptionnel de la relation bilatérale, observe-t-on. L’année 2014 verra sortir en novembre la première Renault de l’usine d’Oran.
Sur le plan humain, se développe un “climat très positif” qui s’est traduit côté français par l’abandon du projet de réviser l’accord bilatéral de 1968 régissant la circulation des Algériens vers la France.
Le projet obnubilait l’ancienne majorité de droite qui ne concevait cette circulation que sous le prisme de la maîtrise des flux dans le cadre d’une politique d’immigration restrictive. Face au refus de l’Algérie afin de préserver ses avantages et de ne pas rejoindre le droit commun, le gouvernement socialiste a tiré la conclusion la plus sage. La révision est retirée de l’ordre du jour.
Pour la première fois, d’ailleurs, des rencontres ont été organisées entre les préfectures et les consulats algériens de la région parisienne pour explorer les voies d’une meilleure prise en charge de la communauté nationale. Ces rencontres, à la demande d’Alger, seront suivies d’autres à Lyon et à Marseille.
Les deux pays veulent désormais se libérer de toutes les pesanteurs et être “créatifs” et “imaginatifs” en vue d’un partenariat “gagnant-gagnant”. Des deux côtés de la Méditerranée, les chefs d’État sont engagés dans cette voie. On est mûr pour ne plus éviter les sujets qui fâchent, se parler sans tabou. Qu’il s’agisse de l’histoire, de l’indemnisation des victimes des essais nucléaires, de la restitution de certaines œuvres artistiques spoliées ou des archives, “il y a une volonté commune d’aboutir”. Il faut juste savoir être patient parce que la volonté politique se heurte parfois aux arcanes du Droit.
A. O