Jean Pierre Raffarin s’est déplacé à Alger avec un état d’esprit qui tranche avec le profil adopté par certains responsables politiques de son pays, lors de la promulgation de ce texte de loi.
Les relations économiques algéro-françaises sont bien parties pour franchir une nouvelle étape grâce au pragmatisme affiché par les deux partenaires. «Je souhaite faire un travail en profondeur, bien cadré par la lettre de mission que m’a proposée le Président Sarkozy, c’est à dire des dossiers économiques qu’il faut faire avancer», avait déclaré à son arrivée l’ancien Premier ministre français, envoyé spécial du Président Sarkozy à Alger. Le sujet, bien «cadré», le travail de l’envoyé spécial du président français s’est trouvé allégé des lourds fardeaux des sujets politiques. Le froid dans les relations entre les deux pays, alimenté par des sujets politiques qui fâchent, semble s’estomper, du moins pour les affaires.
Les Français se sont bien rendus à l’évidence que les nouvelles règles du jeu définies par Alger à travers la loi de finances 2009 sont irréversibles et Jean-Pierre Raffarin s’est déplacé à Alger avec un état d’esprit qui tranche avec le profil adopté par certains responsables politiques de son pays, lors de la promulgation de ce texte de loi. «Je viens écouter les autorités algériennes pour respecter les orientations législatives qui sont les leurs et pour renforcer la coopération économique», avait-il déclaré dès les premiers instants où il a foulé le sol algérien.
Premier fournisseur de l’Algérie, la part de la France dans le marché algérien avoisine les 20%. Une part de marché qui risque de baisser face au dynamisme dont font preuve les entreprises étrangères en Algérie. C’est dire que le marché algérien longtemps aux mains des sociétés françaises, pour des raisons que nul n’ignore, n’est plus une chasse gardée pour les firmes de l’Hexagone. La présence de plus en plus visible des entreprises étrangères en Algérie, notamment, turques, chinoises, portugaises, espagnoles, indiennes, coréennes, allemandes, russes ou américaines ne passe pas inaperçue aux yeux des autorités françaises qui aspirent rafler la mise dans la réalisation des projets liés au plan de développement quinquennal 2010/2014 doté de 286 milliards de dollars. « Nous avons parlé de tous les dossiers, un à un, avec une volonté de progrès dans le cadre de la souveraineté de l’Algérie. Nous avons réussi à être en bonne voie sur une douzaine de dossiers», a déclaré Jean-Pierre Raffarin qui annoncé d’autres escales à Alger début 2011 pour approfondir les discussions avec ses interlocuteurs algériens.
Au menu de ces séances de travail : la promotion des investissements français dans l’industrie, celui du domaine des services, les transports dont un contrat a déjà été attribué à Alsthom, dans le secteur des assurances, et l’agro-alimentaire. D’autres responsables français envisagent de se rendre à Alger pour travailler à promouvoir la coopération dans leurs secteurs respectifs avec la ferme intention de faire mieux ou du moins égaler les résultats de Raffarin. Le vent d’optimisme qui souffle en ce moment sur les relations économiques algéro-françaises, alimenté par la visite de Raffarin, échappera-t-il aux inévitables contingences politiques. C’est là toute la question.
Par : Sadek Belhocine