Cette visite peut être interprétée comme une application de la stratégie adoptée récemment par l’Algérie qui veut diversifier ses partenaires en matière de coopération économique.
Même si du côté algérien rien d’officiel n’a été annoncé sur la visite du président russe Dimitri Medvedev en Algérie, les Russes, eux, n’ont pas tardé à annoncer cette visite officielle programmée pour mercredi prochain à l’invitation du président de la République, Abdelaziz Bouteflika qui s’était rendu en Russie en 2008.
C’est en tout cas ce qui a été annoncé vendredi dernier dans un communiqué du Kremlin, repris par l’agence Rianovosti. Cependant, aucune information n’a été donnée sur le menu de ce déplacement, le premier en Algérie depuis l’accession de Medvedev au pouvoir. Il faut dire que le timing de cette visite permet de faire une lecture sur les sujets d’intérêt entre Alger et Moscou.
Premièrement, cette visite peut être interprétée comme une application de la stratégie adoptée récemment par l’Algérie qui veut diversifier ses partenaires en matière de coopération économique. Avec la Russie, l’armement a toujours primé.
Deuxièmement, les Russes comprennent les enjeux géopolitiques et économiques d’un partenariat avec l’Algérie. D’ailleurs, lors de la réunion de la commission mixte algéro-russe tenue en juin dernier, le ministre russe de l’Energie, Chmatko, avait déclaré que l’Algérie constitue «un partenaire clé de la Russie dans la région».
Surtout que l’Algérie s’apprête à lancer différents chantiers dans le cadre de la mise en œuvre du nouveau plan quinquennal tracé pour la période 2010-2014. Un programme qui sera doté d’une enveloppe financière de 286 milliards de dollars, une somme qui aiguise l’appétit des partenaires étrangers.
Il est à savoir que le président russe sera accompagné d’une forte délégation économique et commerciale, notamment les représentants de l’industrie russe. D’autre part, les Russes arrivent en Algérie après une visite d’une délégation d’hommes d’affaires américains qui a été riche en promesses d’investissement. Aux côtés des Américains, il y a les Français qui veulent préserver leur place «privilégiée» dans le marché algérien.
En matière de coopération économique avec les partenaires étrangers, il s’agit pour le gouvernement algérien d’arriver à «un partenariat gagnant-ga-gnant». D’ailleurs, malgré différentes pressions l’Exécutif maintient toujours les mesures économiques prises par la LFC 2009, la loi de finances 2010 et la LFC 2010.
S’agissant de la coopération économique avec les Russes, l’Algérie n’a pas caché son souhait de voir les entreprises russes investir en Algérie. A ce propos, l’argentier du pays, Karim Djoudi, avait en juin dernier appelé les entreprises russes «à apporter leur contribution dans l’exécution des différents projets inscrits dans le programme d’investissements publics pour la période 2010-2014».
Selon les déclarations du représentant du gouvernement, «l’Algérie est entièrement disponible pour la mise en place d’un partenariat économique fondé sur l’encouragement mutuel des investissements ainsi que le transfert de savoir-faire et de technologie de la part des entreprises russes». Cependant, les échanges commerciaux entre les deux pays sont à moins d’un milliard de dollars en 2009, hors contrats militaires. Par ailleurs, l’armement constitue un élément important pour l’Algérie dans la coopération algéro-russe.
A ce propos, selon ce qui a été rapporté précédemment par la presse en 2006, l’Algérie avait signé lors de la visite de l’ex-président russe, Vladimir Poutine, un contrat de plus de 7 milliards de dollars. Les livraisons sont prévues pour 2011. Il faut savoir que pour le dossier de l’armement l’Algérie avait manifesté ses insatisfactions dans l’affaire des Mig-29.
En outre, la Russie, qui a sa vision en matière de gaz, tient toujours à convaincre l’Algérie à l’idée de créer un cartel du gaz sur le modèle de l’Opep et autres intérêts de partenariat. En outre, l’intérêt manifesté par le Russe Vimpelco pour Djezzy sera probablement évoqué par les deux présidents. En tout cas, le sommet Bouteflika-Medvedev permettra sûrement de clarifier certains points relatifs à la coopération algéro-russe.
Par Nacera Chenafi