Les socialistes se projettent déjà dans l’après-Sarkozy. La victoire ne devrait pas échapper, théoriquement, à leur champion, donné largement favori par les sondages (54% contre 46%). Si la dynamique du premier round de la campagne électorale, imprimée par François Hollande sera confirmée le 6 mai, Nicolas Sarkozy ne pourra en aucun cas lui barrer la route de l’Elysée.
C’est donc une délégation de choc (Benoît Hamon porte-parole du Parti socialiste, Elisabeth Guiguou ex-ministre de la Justice garde des Sceaux dans le gouvernement Jospin en 1997…) conquérante qui a atterri lundi à Alger pour rencontrer, dans le cadre de la campagne présidentielle en France, les électeurs français résidant en Algérie et certains membres du gouvernement algérien.
L’ex-garde des Sceaux du gouvernement Jospin a été reçue par le patron de la diplomatie algérienne. Que se sont dit les deux personnalités? Les discussions ont porté sur les relations franco-algériennes en général et la colonisation en particulier puisqu’il a été question de la fameuse loi du 23 février 2005 qui glorifie la présence française en Algérie. Elle avait été votée par l’Assemblée française, les socialistes s’étaient prononcés contre.
Afin de redéfinir et renforcer les liens entre les deux pays, l’élue socialiste s’est prononcée en faveur d’une condamnation de la colonisation faisant référence à la loi du 23 février. Pour donner un nouveau souffle aux relations algéro-françaises, Elisabeth Guigou suggère que la France imite «ce qu’a fait l’Allemagne avec les pays de l’Est dans la coopération économique, c’est-à-dire concevoir un codéveloppement à une échelle plus large que ses propres frontières». Puis elle a mis l’accent sur les binationaux: une richesse que n’exploite pas la France, selon elle. «Nous ne profitons pas assez de cette richesse extraordinaire que sont ces Français qui ont leurs racines ici, par exemple, leur a-t-elle dit. Pour moi qui suis élue de la Seine Saint-Denis, c’est une richesse extraordinaire», a fait remarquer la secrétaire nationale du PS chargée de la réforme de l’État et des collectivités territoriales. «Cela pourrait donner… une perspective à nos jeunes là-bas avec tous ces liens qui ont continué à exister et pourraient être mis au service d’un développement commun aussi bien culturel qu’économique et social», a souligné Mme Guiguou.
«Ce n’est pas en créant des lignes Maginot en Europe, une forteresse, que nous résoudrons le problème. Pour y arriver, il faut un co-développement pour permettre aux personnes de trouver du travail chez eux en Algérie et plus généralement chez eux en Afrique» a confié à l’AFP l’ex-ministre de la Justice en ce qui concerne les mouvements migratoires.
De son côté, le porte-parole du Parti socialiste, qui a animé une conférence de presse à l’hôtel Sofitel d’Alger, en compagnie de la sénatrice de Paris et vice-présidente du Sénat, Bariza Khiari, et du secrétaire national du PS, Pouria Amirshahi, a mis en exergue la volonté des socialistes à instaurer des «relations privilégiées» entre la France et l’Algérie. «L’objet de notre visite en Algérie est d’adresser un message d’amitié et surtout de changement» a déclaré Benoît Hamon qui a annoncé que François Hollande se tient prêt à «tourner la page» du président sortant Nicolas Sarkozy.
Le porte-parole du PS a fustigé la loi adoptée en février 2005 par l’Assemblée française qui glorifie la colonisation. «La mémoire ne se joue pas par des lois mais par des historiens… il ne faut pas qu’il y ait de surenchères mémorielles», a tenu à souligner Benoît Hamon. Une déclaration annonciatrice de relations plus apaisées entre Paris et Alger.