Relations Algéro-Françaises : De nouveaux développements annoncés

Relations Algéro-Françaises : De nouveaux développements annoncés

«Il nous revient, pour préparer l’avenir, de nous confronter au passé. Nos deux pays sont liés par l’histoire, par la géographie, par des liens humains exceptionnels. Notre relation doit être à la hauteur de ces liens.»

La ministre chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, répondant à une question du député Jean Lassalle, lors d’une séance aux questions orales à l’Assemblée nationale française a déclaré: «Notre relation avec l’Algérie va connaître de nouveaux développements en matière économique, dans une logique de coproduction et d’investissements croisés, privilégiant les transferts de technologies et le travail pour les petites et moyennes entreprises.» La transcription de la réponse de la ministre auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, vient d’être rendue publique et a été publiée au Journal officiel. Revenant sur la visite qu’a effectuée Emmanuel Macron en Algérie le 6 décembre dernier, la ministre a précisé que «c’est bien dans cet esprit que nous préparons l’avenir ensemble, avec l’Algérie». «Juste après cette visite, le Premier ministre français a accueilli son homologue algérien pour la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau. Nous avons donc pu oeuvrer ensemble pour nous fixer des axes de travail sur la durée du quinquennat», a-t-elle ajouté, soulignant que la relation avec l’Algérie «doit aussi connaître de nouveaux développements en matière de formation, dans l’objectif de favoriser l’employabilité des jeunes Algériens». Elle a encore affirmé qu’elle doit connaître de «nouveaux développements» en matière de mobilité, dans l’objectif de «lutter contre la mobilité illégale, tout en facilitant la mobilité légale, particulièrement pour les forces vives: intellectuels, entrepreneurs, étudiants». Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, la ministre a mis en valeur la coopération entre les deux pays, rappelant que «l’Algérie a payé à cette cause un lourd tribut dans les années 1990, en affrontant le terrorisme et la radicalisation. Notre combat est bien un combat commun». «Il nous revient, pour préparer l’avenir, de nous confronter au passé. Nos deux pays sont liés par l’histoire, par la géographie, par des liens humains exceptionnels. Notre relation doit être à la hauteur de ces liens», a-t-elle conclu. Les relations algéro-françaises sont intenses, mais n’ont pas réussi à atteindre le niveau privilégié espéré par les deux pays. Pour les services de l’ambassade de France en Algérie, «nos échanges ont effectivement triplé entre 1999 et 2013. En 2014, la France est devenue le second partenaire de l’Algérie avec 10,9% de parts de marché (12,08% en 2012) derrière la Chine (12,4%) et devant l’Italie (10,3%). Néanmoins, notre part de marché subit une érosion constante depuis 2000, en raison d’une concurrence accrue (Italie, Espagne, Allemagne, Turquie mais surtout Chine). La France semble proportionnellement avoir moins profité que ces concurrents de l’ouverture relative de l’économie algérienne». En fait, la France a longtemps tergiversé face au marché algérien, perdant ainsi l’opportunité d’y jouer le rôle moteur à travers une politique claire et offensive, mais mutuellement rentable. Pourtant, la France est le premier investisseur hors hydrocarbures et premier employeur étranger en Algérie, selon l’ambassade de France. «Nos entreprisesemploient près de 40.000 salariés (100.000 si l’on inclut les indirects), pour environ 500 entreprises implantées (une trentaine du CAC 40 sont actives ou présentes sur le marché algérien).» Les services économiques de l’ambassade de France précisent que «le principal secteur porteur d’emplois et d’activité est celui des services: les services financiers grâce à la présence de Société Générale et BNP Paribas, les transports (avec notamment la présence d’Air France). Dans le domaine maritime, CMA-CGM, avec un effectif de 400 personnes, est leader sur le marché algérien, l’hôtellerie-restauration (groupes Accor, Sodexo, Newrest), la distribution automobile à travers Renault et Renault Trucks, le secteur de l’environnement avec Suez Environnement». Par ailleurs, les exportations françaises qui étaient de 6,9 Mds euros en 2014, ont progressé, mais la Chine est devenue le premier fournisseur de l’Algérie avec 8,4 Mds euros de produits exportés, reconnaît l’ambassade de France. «La progression des exportations françaises est portée par la dynamique des ventes de céréales alors que nos exportations de véhicules se réduisent. Dans le même temps nos importations qui ont atteint 4,2 Mds euros enregistrent une forte hausse (+49,7%) à 2,4 Mds euros (1,6 Mds euros sur la même période 2012). Cette évolution est imputable au pétrole qui représente près de la moitié de nos importations sur la période (1,1 Mds euros).» affirment les services économiques de l’ambassade de France qui rappellent que Jean-Louis Levet a été mandaté en mai 2013 comme Haut responsable à la coopération industrielle et technologique franco-algérienne, et qu’en fin 2014, Jean-Louis Bianco a été nommé Représentant spécial du ministre des Affaires étrangères pour les relations économiques de la France avec l’Algérie, succédant ainsi à Jean-Pierre Raffarin et renouvelant cette fructueuse formule d’accompagnement politique de projets économiques.

Échanges commerciaux, accords, diplomatie, expatriés, résidents: la France et l’Algérie ont des liens économiques, politiques et humains très forts.

Relations humaines… 7 millions: selon les estimations données pour la première fois par Bernard Emié, l’ambassadeur de France en Algérie en 2015, au moins

7 millions de Français ont un lien avec l’Algérie. Ce sont principalement les rapatriés (harkis, pieds-noirs) et leurs familles, les anciens appelés de la guerre d’Algérie, les émigrés, et les binationaux.

…économiques… 500 entreprises: elles sont 500 entreprises françaises présentes en Algérie, et représentent 40.000 emplois directs et 100.000 emplois indirects.

l 10,5 milliards d’euros d’échanges:la France est le deuxième partenaire économique de l’Algérie avec 10,5 milliards d’euros d’échanges en 2014, le pays pourra-t-il reconquérir son rang de premier fournisseur perdu en 2013 au profit de la Chine?

6,4 milliards d’euros d’exportations: c’est le montant des exportations de la France vers l’Algérie. Le pays est la 3e destination mondiale hors Ocde, la première pour l’ensemble du continent africain en termes d’exportations pour les entreprises françaises.

4e client: la France est le 4e client de l’Algérie avec 4,4 milliards d’euros d’importations.

1er investisseur: hors hydrocarbures, la France est le premier investisseur en Algérie avec 2,15 milliards d’euros en stock d’IDE (Investissement direct étranger).

… et de vie 31 677: c’est le nombre d’expatriés français qui vivent en Algérie.

440.000 retraités: parmi 1,3 million de retraités percevant une pension de retraite française, 44% s’expatrient en Afrique, et l’Algérie est le premier pays d’accueil, toutes destinations confondues, avec près de 440.000 retraités. Mais la majorité d’entre eux est constituée de travailleurs émigrés rentrés pour leurs vieux jours.

740.000: les personnes originaires d’Algérie et présentes sur le territoire français en janvier 2011 étaient au nombre de 740.000, soit le groupe le plus important d’émigrés.

1 million: ce sont les binationaux franco-algériens sur le territoire français.

422.000: c’est le nombre de touristes algériens ayant demandé un visa pour la France en 2015.

1000 accords signés: le nombre d’accords et de conventions signés entre les universités algériennes et françaises arrêté en 2015. Un chiffre qui reflète l’importance de la coopération algéro-française dans le domaine de la recherche.

22.000 étudiants algériens: en 2015, cela représente 90% des étudiants algériens poursuivant leurs études à l’étranger.

(Chiffres fournis par le magazine Le Point d’avril 2016)

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