Une volonté de fixer un nouveau cap entre l’Algérie et la France
Même si la question de la mémoire demeure, en plein Cinquantenaire de l’Indépendance, au centre des tensions entre l’Algérie et la France, il reste que des signes de relance des relations bilatérales sont perceptibles.
Depuis l’élection de François Hollande, une nouvelle ère qualitative semble s’ouvrir devant Alger et Paris. Les visites croisées entre les deux capitales et les déclarations plutôt «positives» du chef de la diplomatie française devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, quelques jours après sa visite en Algérie, laissent présager des perspectives encourageantes.
Le nouveau locataire de l’Elysée qui compte reconstruire sur les vestiges de cinq années d’une gestion ruineuse de la droite sarkozienne est, non seulement un fin connaisseur de l’Algérie, mais surtout un président animé de la volonté de rectifier le tir de son prédécesseur.
Il y va avant tout de l’image de marque d’un pays, mais pas celle d’un individu qui est sorti par la petite porte. Car comment expliquer qu’aussitôt élu, Sarkozy a commencé par enterrer le traité d’amitié et le «partenariat» d’exception tant voulu par Jacques Chirac? Ce dernier, contrairement à son successeur, a été triomphalement accueilli par le peuple algérien lors de sa visite, en 2003, en Algérie. C’est cet esprit que François Hollande compte instaurer. Aussitôt investi, Hollande s’est attelé à reprendre le contact avec son premier partenaire économique de la rive sud, en dépêchant son chef de la diplomatie.
Il s’agit, en premier lieu, de reprendre l’initiative, et surtout de rassurer le gouvernement algérien de son intention de mettre une croix sur la gestion chaotique du précédent quinquennat.
A travers la dernière visite de Laurent Fabius, la première dans un pays arabe depuis sa nomination à la tête du Quai d’Orsay, on perçoit une volonté de fixer un nouveau cap entre l’Algérie et la France, en accordant la priorité au rapprochement et à la diversification des relations. La France a également tout intérêt à soigner son image aux yeux des Algériens, notamment de la communauté immigrée, non encore remise des «poussées» xénophobes de l’ère Sarkozy.
C’est cette même communauté qui avait renversé la vapeur en faveur du candidat socialiste au second tour de la présidentielle, révèle un sondage de l’Ifop. Cependant, à quelques mois de la visite de Hollande en Algérie, plusieurs dossiers doivent être assainis. Selon le chef de la diplomatie française, ces dossiers concernent la question des propriétés immobilières, la circulation des personnes et l’ouverture d’écoles.
Des dossiers qui seront ficelés bien avant la visite de François Hollande prévue pour la fin de l’année. Mais pour faire de la visite de Hollande une fête, Manuel Valls, qui sera à la rentrée sur les traces de Laurent Fabius, s’attellera, outre la préparation de la prochaine visite du président français, à renégocier les accords de 1968, inhérents à la circulation des personnes.
Sur un autre chapitre, et à l’inverse de ses prédécesseurs, en l’occurrence Brice Hortefeux et Claude Guéant, dont le passage à Alger a été «contrarié», Valls va sans doute envoyer des messages rassurants, aussi bien en direction de ses interlocuteurs que de la communauté immigrée.
Mais, comme la question de la mémoire constitue l’écueil principal pour une relation apaisée, Hollande va-t-il réussir là où ses prédécesseurs ont échoué? Lui qui, il y a une semaine, a reconnu la responsabilité de la France de Vichy dans la rafle des juifs au Vélodrome d’hiver, le 17 juillet 1942, va-t-il en faire de même pour les crimes coloniaux à grande échelle jusque-là restés impunis?
Car, si M.Hollande a qualifié la rafle du Vel d’Hiv de «crime commis en France et par la France», il ne doit pas feindre d’ignorer que les crimes perpétrés en Algérie lors de la période coloniale, ont été commis par la France et hors de ses frontières.