Sur le terrain, les difficultés et les entraves rencontrées par les jeunes promoteurs s’articulent autour d’un facteur central, en l’occurrence le manque de suivi et de soutien en dehors de la phase de financement.
Devant un déficit en création d’entreprises de l’ordre d’un million de PME, pour amorcer une diversification économique efficiente, le rôle de la promotion de la culture de l’entrepreneuriat en Algérie s’avère plus qu’indispensable. Dans ce sens, Réda Bentami, enseignant à l’université de Tlemcen, et responsable de l’organisation de la Journée d’étude sur l’entrepreneuriat et le développement en Algérie, tenue ce jeudi à l’université de Tlemcen, attire l’attention sur le manque d’esprit d’initiative chez les jeunes entrepreneurs algériens. Et pour cause, les différentes actions effectuées par les pouvoirs publics pour la promotion de l’entrepreneuriat notamment en milieu universitaire, n’a pu aboutir à l’émergence de cette culture. Et ce, en dépit des incubateurs mis en place depuis des années, à l’image de celui de la cyberville de Sidi Abdallah, qui peine lourdement à opérer cette alchimie qui consiste à transformer une idée, un projet, en entreprise… Effectivement, le jeune porteur de projet, après avoir convaincu les dispositifs d’aide pour le financement de son projet, et après avoir subi les affres de la bureaucratie et de la corruption qui minent l’administration algérienne, se heurte violemment à un mur d’ignorance en matière de gestion, et au lieu de se concentrer sur l’objet de son financement, il se retrouve en train de rattraper des situations critiques pour éviter les contentieux.
Il s’agit concrètement de l’incapacité de ces jeunes à gérer de simples opérations fiscales, bancaires ou administratives, qui souvent ont une incidence considérable sur la survie de l’entreprise à moyen terme. Et ce, en plus de leurs lacunes en matière de gestion de la dette, et de respect de l’échéancier de remboursement. Il est stupéfiant de constater que, malgré une année de différé sur les remboursements et trois années d’exonération d’impôts, le nombre de microentreprises qui durent et confirment leur émergence demeure relativement faible. Pour la plupart, ce manque d’accompagnement est souvent à l’origine du dépôt de bilan prématuré. Ces projets font l’objet d’un avortement, souvent avant la fin de la première année d’exploitation.
A ce titre, ils ont le mérite d’allonger la liste des statistiques, mais aggravent un peu plus le déficit existant. Par ailleurs, il va sans dire que l’absence cruelle de bureaux d’orientation et de suivi privés ou étatiques, y est pour beaucoup. Leur rôle est indispensable à la survie des entreprises naissantes. Et pour cause, ils permettent aux promoteurs d’avancer dans l’exploitation de leurs projets, et de dépasser le seuil critique de la création et de l’investissement. Effectivement, en déchargeant les promoteurs des tâches administratives, les bureaux de suivi leur donnent le temps et la possibilité de travailler constamment sur l’amélioration de leurs produits, et de leur service marketing, qui sont les seuls atouts qui permettent la pérennité de l’entreprise. Et ce, en plus du fait que ce principe de délégation de tâches permet en profondeur et sur le long terme, l’émergence de cette culture de l’initiative qui manque tant à l’entrepreneuriat en Algérie.

A cet effet, les travaux de cette journée d’étude se sont axés essentiellement sur les expériences de l’Etat algérien dans l’accompagnement à la création d’entreprises, l’université, les jeunes et la pensée entrepreneuriale, les entraves culturelles et les cartes gagnantes et l’avenir de l’entrepreneuriat dans la conjoncture économique actuelle. Ces thèmes ont été débattus dans l’objectif de déterminer les voies et les moyens pour le développement de l’investissement à travers l’entrepreneuriat en adéquation avec le travail des universités dans ce domaine. Pour leur part, les observateurs estiment que pour arriver à des résultats probants en matière de promotion de l’entrepreneuriat et de l’esprit d’initiative, il est inévitable de construire un environnement et un climat d’affaires à même d’intervenir efficacement en matière de suivi et d’accompagnement, de prise en charge des besoins de création, et d’existence de services administratifs et juridiques. Ils estiment que sans ces conditions, le rôle des incubateurs, autant que celui des universités restera toujours au stade de gestation.