Une vue de la dernière tripartite
Le crédit à la consommation devait entrer en application au premier janvier dernier. Mais, il semble que les importateurs n’aient pu bénéficier d’un sursis de trois mois au moins.
Les experts s’accordent sur la nécessité d’une nouvelle tripartite destinée à recadrer le plan de relance économique à la lumière de la nouvelle donne financière du pays. La chute des prix du pétrole aura, à n’en pas douter, un impact certain sur le comportement de la machine Algérie. Ne serait-ce que sur les investissements publics, le gouvernement a évoqué la forte possibilité de suspendre quelques projets non prioritaires. Cela aura un coût en matière de création d’emplois et de croissance pour l’un des secteurs clés de la relance escomptée par l’Exécutif, à savoir le bâtiment et les travaux publics.
Les mêmes observateurs qui notent la détermination des autorités centrales à laisser en l’état les niveaux de transfert sociaux, malgré le trou annoncé dans les finances du pays, craignent une sorte de fuite en avant qui n’a pas d’issue. D’un autre côté, réduire de certaines subventions pourrait créer des tensions sociales, susceptibles de remettre en cause la stabilité qui caractérise le pays dans un contexte régional explosif.
L’équation que devra solutionner le gouvernement est donc loin d’être facile. Elle comporte même plusieurs inconnues, dont le sens de l’évolution du marché pétrolier à l’échelle internationale, et surtout la réaction de la communauté d’affaires appelée par les pouvoirs publics à prendre part à l’effort de redressement économique, dans le cadre du pacte de relance économique et de croissance cosigné par l’Ugta, le patronat et le gouvernement.
Le deal entre ces trois acteurs connaît ses premiers couacs, faut-il le relever, sur le thème de la définition de la production nationale. Entre 40% et 10% du taux d’intégration de tout produit sorti des usines algériennes, le débat semble s’éterniser et la commission mixte installée à l’issue de la tripartite, n’a toujours pas rendu ses conclusions plus d’un mois après l’entrée en vigueur de la loi de finances 2015. Celle-ci prévoit le retour du crédit à la consommation concernant spécifiquement la production nationale.
Annoncé à la fin du premier trimestre de l’année en cours, le crédit à la consommation devait entrer en application au premier janvier dernier. Le gouvernement avait même inclus la Symbol de Renault, histoire de la faire écouler sur le marché local, malgré son prix supérieur à celui de certaines marques de véhicules d’importation.
Le crédit à la consommation avait également pour objectif de donner un avantage aux entreprises nationales qui produisent principalement l’électroménager et le mobilier, principaux secteurs investis par le privé national. Or, il semble que les importateurs n’aient pu bénéficier d’un sursis de trois mois au moins, pour cause de mésentente sur des détails qui pourraient être revus à n’importe quel moment.
Le seul véritable résultat de cette réunion tripartite, reste l’abrogation de l’article 87 bis qui permet aux plus basses catégories de travailleurs de voir leurs rémunérations gonfler de quelques milliers de dinars par mois. Une mesure qui, faut-il le rappeler ne sera pas étendue à l’ensemble des salariés du secteur public. En tout cas, pas tant que l’horizon financier reste obscurci pas la déprime du marché pétrolier. Promesses non tenues donc d’une tripartite qui a misé sur un programme d’investissement de 280 milliards de dollars pour le plan quinquennal 2015-2019 pour réaliser les principauxles objectifs du gouvernement qui, dit-on, tournent autour de l’amélioration des conditions de vie de la population, avec à la clé une croissance forte de 7% à l’horizon 2019.
En fait, près de 4 mois après la tenue de la tripartite et plus d’un mois après l’entrée en vigueur de la loi de finances 2015, l’on ne sent pas le déclic salutaire de la part des principaux acteurs économiques et sociaux.
Le nouveau patron des patrons multiplie les rencontres avec les membres du gouvernement, ces derniers augmentent la cadence de leurs visites sur le terrain, mais sans que cela n’apporte un saut qualitatif au fonctionnement de l’administration qui demeure encore très lourde. Pis encore, l’impression qui se dégage est que le gouvernement a perdu une énième occasion d’associer les Algériens.
En effet, l’on se souvient que la tripartite avait «intéressé» l’opinion nationale au sens où des décisions portant sur l’amélioration du quotidien des Algériens devaient être prises. Ce fut le cas, sauf que l’absence de concrétisation sur le terrain a refroidi les ardeurs des Algériens. Aujourd’hui, il sera difficile de convaincre un citoyen sur la volonté affichée du gouvernement.