La négociation du virage économique n’est pas acquise.
En deux ans de lutte pour redresser l’économie nationale, profondément affectée par la chute des prix du baril depuis juin 2014, l’Algérie arrive à une phase hautement sensible. Et pour cause, les experts s’accordent à dire que de nombreuses avancées ont été réalisées, mais le plus gros reste à faire. Dans ce sens, l’équation est claire, il s’agit de réamorcer la production par la promotion de la création de richesse et d’emplois et ce dans les délais impartis et fixés par le volume de nos réserves de devises et le Fonds de régulation des recettes. Sur un fond stratégique basé sur la rationalisation des dépenses et le lancement de projets structurants.
Les médications et les mesures inscrites par les pouvoirs publics pour amortir le choc externe et relancer l’économie nationale, commencent à donner des résultats en matière de production et d’investissements, et cela se fait ressentir notamment dans les secteurs de l’industrie, l’agriculture et les services. Les derniers chiffres de l’ONS sont plus qu’éloquents, il font part d’une évolution positive des rapports de croissance dans plusieurs secteurs, en 2015 elle a été de 7,6% pour l’agriculture, la sylviculture et la pêche (contre 2,5% en 2014), de 4,6% pour l’industrie (contre 3,9%).Il est à rappeler qu’en deux ans de gestion de crise, un nombre fascinant de partenariats dans différents domaines a été concrétisé, notamment dans l’industrie où l’on a assisté au lancement de la production automobile à travers les projets de Renault- Algérie, qui était un déclic et un atout important pour convaincre les autres constructeurs d’investir le marché algérien. Actuellement, les plus grandes marques s’installent sur le sol algérien, avec une promesse de production de 200 000 véhicules à l’horizon 2019, toutes marques confondues.
Pour le secteur agricole, les mesures introduites pour réanimer la production de produits de large consommation, en vue d’assurer les besoins internes et sauvegarder la sécurité alimentaire, ont donné des résultats inespérés. Dans le sens où le secteur est passé de la gestion des pénuries et les augmentations incontrôlées des prix à la gestion des surplus de production, et ce, pour des produits aussi stratégiques que la pomme de terre, la tomate et les céréales. Et cela sans parler de la facture d’importation de la poudre de lait qui a reculé de 43%, et de la semence «A», avec également la promesse de réduire à néant l’importance de ces produits à l’échéance 2019. Les deux offices de régulation, l’Office national interprofessionnel de lait (Onil) et l’Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic), ont encore dominé les importations de poudre du lait et des blés respectivement. Au demeurant, le secteur se débat pour trouver des solutions dans le domaine de la conservation frigorifique et le transport, en vue d’asseoir des bases solides pour promouvoir l’exportation de ces produits.

Le même scénario est en train de se réaliser dans le secteur du bâtiment, où l’introduction de licences d’importation a eu pour premiers effets, une baisse des prix à l’importation et s’inscrit dans l’effort d’investissement consenti par les pouvoirs publics pour réduire fortement l’importation de ce matériau, dès l’entrée en exploitation des nouvelles cimenteries en réalisation.
Parallèlement, d’autres secteurs se débattent entre des tendances baissières d’importance et l’épineux problème de la disponibilité, à l’image du secteur des médicaments, qui durant toute l’année 2015, avait enregistré des baisses sensibles en matière d’importation avant de connaître une envolée aux premiers mois de 2016.
En somme, il est clair que la négociation de ce virage économique déterminant, n’est pas acquise, et repose justement sur l’aboutissement des leviers enclenchés dans ce sens, qui sera le seul indicateur de réussite de cette transition économique hors hydrocarbures. Et pour cause, l’étape actuelle demeure très sensible et se présente comme une étape charnière entre le constat et la prise de conscience de l’échec de la politique économique basée substantiellement sur la rente, au détriment de la production. Autrement dit, le défi actuel est de réussir à faire émerger une économie «d’offre», qui sera le résultat d’une convergence globale et commune des résultats de tous les plans d’investissement lancés depuis le début de la crise et se caractérisera par l’explosion des PME et des TPE(très petites entreprises).
Ceci étant, un nombre important d’obstacles mine toujours le climat des affaires en Algérie, notamment la corruption, la bureaucratie et la fuite des capitaux, qui constitue l’ultime lutte à mener pour optimiser les chances de réussite d’une transition économique en cours. Dans ce sens, la solution réside sans conteste dans l’émergence de l’économie numérique dont on ressent déjà les prémices.