La réhabilitation du vieux bâti n’est pas aussi simple, vu les trésors architecturaux que recèle la ville d’Oran
«7 à 8 mois est le temps nécessaire pour achever la réhabilitation d’un seul immeuble, et à présent, 700 bâtiments sont au programme», a-t-on indiqué.
Un budget de 1,6 milliard de dinars vient d’être dégagé pour la réhabilitation d’un nouveau lot composé essentiellement de plusieurs immeubles situés aux alentours immédiats de la place du 1er-Novembre, ex-place d’Armes. La réhabilitation du vieux bâti n’est pas aussi simple, vu les trésors architecturaux que recèle la ville d’Oran; il se trouve dans un piteux état. C’est pour quoi l’Etat vient d’allouer un budget faramineux de 1.6milliard de dinars dédié exclusivement à la réhabilitation d’un nouveau lot d’une centaine d’immeubles. Un autre pactole de 100 milliards de dinars pour l’amélioration urbaine à Oran. Une telle déclaration a été confirmée, tout récemment par le wali d’Oran qui a souligné qu’«un avis d’appel d’offres sera lancé durant la premiere quinzaine du mois de janvier prochain». Des entreprises étrangères dont notamment, des polonaises, françaises et italiennes, devront soumettre leurs offres sous conditions. «Que ces entreprises aient un savoir-faire, et qu’elles ne rechignent pas à le transférer à la main-d’oeuvre locale», a affirmé le wali qui a indiqué que «cet avis d’appel d’offres est lancé à toutes les entreprises désireuses de travailler à Oran» et d’ajouter: «Plus elles seront nombreuses, plus cela fera jouer la concurrence, et de ce fait, la ville d’Oran en tirera le meilleur profit. La ville d’Oran constitue ce réservoir débordant en matière d’immeubles qui menacent ruine à tout moment. La deuxième ville du pays recense près de 2000 immeubles en sursis, leur effondrement est imminent. Les responsables en charge de la question ont, vraisemblablement, pour mission la réhabilitation des immeubles situés dans les pourtours de la place du 1er Novembre. «Ils (immeubles) seront réhabilités de fond en comble», a-t-on expliqué ajoutant que «cette place, qui est l’une des plus grandes de la ville, abrite également le Musée de l’Armée». D’autant qu’en 2011, une décision a été prise pour que l’armée déménage de la place, question d’élargir cette dernière avant de mettre en place un pont en bois, destiné aux piétons. Le pont devra être relié au futur siège de l’APC d’Oran (Châteauneuf).
Fini le gré à gré
La passation des marchés sous forme de gré à gré, ne sera plus prise en compte, toutes les entreprises souhaitant investir dans la restauration sont appelées à se soumettre à la réglementation, en paraphant des contrats avec l’entité en charge de la question. La course est donc ouverte, le moins-disant sera désigné pour entretenir les immeubles d’Oran. Jusque-là, seules les entreprises italiennes et espagnoles ont signé des contrats pour seulement 73 immeubles à rénover, et ont entamé la rénovation d’autres immeubles, sans pour autant apposer leur émargements sur un quelconque contrat. Lancée depuis déjà quelques années, l’opération de réhabilitation du vieux bâti à Oran concerne 600 immeubles, sans compter le nouveau lot qui vient d’être décidé par les autorités. A ce jour, pas plus d’une vingtaine d’immeubles ont été entièrement réhabilités. «07 à 8 mois est le temps nécessaire pour achever la réhabilitation d’un seul immeuble, et à présent, 700 bâtiments sont au programme, si on reste dans ce même rythme, le parachèvement de la réhabilitation de l’ensemble des immeubles d’Oran se fera dans quelques décennies», a expliqué un spécialiste en réhabilitation et restauration. Et d’ajouter qu’«il est plus urgent d’accélérer la cadence». La réhabilitation des immeubles du centre-ville d’Oran est une première expérience et un apprentissage dans le métier qui ne peut s’apprendre qu’avec le temps.
La bureaucratie, le grand obstacle
Cette grande opération a été décidée au plus haut niveau par le président de la République, lors de l’une de ses visites qu’il a effectuée en 2007 à Oran. Elle bute malheureusement sur un certain nombre d’embûches, dont la bureaucratie qui ralentit la cadence des travaux et aussi le manque de communication qui a engendré une polémique sur les désagréments causés aux occupants des immeubles, suite aux travaux menés. Si la cadence des travaux a régressé, cela est dû, selon les entreprises de réhabilitation italiennes et espagnoles, à la lenteur de l’administration pour la signature de nouveaux contrats. Tout est prêt, les chantiers sont installés. Ces entreprises n’attendent que le feu vert de l’administration. Une contrainte qui a eu son effet sur la gestion du personnel recruté et l’avancement des travaux, est la signature du contrat car sans celui-ci, ces entreprises se disent handicapées pour mener à bien l’opération. Le directeur technique de Mat Peint Algérie, entreprise espagnole, M.Juan José Ros, a souligné que le seul problème qui entrave le bon déroulement des travaux est la signature du contrat. Mais pour l’entreprise italienne, une autre problématique se pose, celle de l’absence d’études préliminaires, avant la réhabilitation. Le directeur du projet de l’entreprise Refit Algérie, M.Lannino Angelo, regrette le manque de bureaux d’études spécialisés dans la réhabilitation et la restauration, le travail de cette entreprise bute sur les études préliminaires. «Pour les immeubles réhabilités, c’est nous qui avons proposé ces études, nous savons que toute cette opération est quelque chose de nouveau pour l’Algérie», a-t-il souligné. «Les architectes et les bureaux d’études n’étaient pas prêts pour ça. Il faut, donc, une formation universitaire et aussi de l’expérience», a-t-il expliqué soulignant que «la difficulté dans la restauration réside dans l’existence de plusieurs théories, dans le domaine, quand on a des interventions sur un immeuble, il faut décider de ce qu’on va faire, tout démolir, maintenir l’habitation ou la rénover, cela dépend du choix du bureau d’études et aussi de l’administration et du maître d’ouvrage». Et d’ajouter «on ne peut pas prendre des initiatives, sans étude, si le diagnostic n’est pas fait, cela peut gâcher tout le travail fait. Nombreux sont les experts spécialisés qui ont salué l’initiative d’Oran d’autant qu’ailleurs, notamment à Alger qui a vécu l’expérience de la rénovation du quartier de la Casbah, la réhabilitation a été superficielle. Ce sont un total de 100 immeubles qui ont été choisis, dans la premiere phase. Leur réhabilitation a été confiée à des entreprises espagnoles et italiennes. Les premiers ont pris en charge 68 immeubles, tandis que les deuxièmes assument la restauration de 7 bâtiments. L’opération devra s’achever très prochainement. La 2ème phase sera entamée, tout de suite après, pour un autre lot de près de 100 immeubles pour lequel un budget de 160 milliards de centimes a été alloué. La réhabilitation est très complexe. Aucun ne peut déterminer le coût exact de l’opération vu «les pathologies des anomalies rencontrées sur le terrain», apprend-on. En tout, 600 immeubles sont à réhabiliter. Les travaux de restauration de 100 immeubles ont été lancés, un autre chantier, devant concerner 100 autres bâtisses, le sera bientôt. Les désagréments sont nombreux. Les responsables en charge du dossier ne disent pas le contraire tout en expliquant qu’«on ne peut pas faire de la réhabilitation sans gêner l’occupant, il faut dire que toute cette opération est dans son intérêt, on va le gêner, rien qu’en montant l’échafaudage devant sa fenêtre. Nous n’avons pas le choix». Ce sont là les dommages collatéraux causés par une opération qui appelle à la patience. «Soit nous intervenons avec des désagréments, soit nous n’intervenons pas du tout, le choix est vite fait. Je préfère intervenir au risque de gêner momentanément l’occupant», indique le premier responsable de l’Opgi. Et d’ajouter qu’«en finalité, nous pensons que tout le monde y gagnera». Plusieurs habitants se sont plaints d’innombrables dégâts causés aux immeubles réhabilités après les dernières précipitations.