Ce n’est pas faute de moyens, encore moins de textes de loi, mais c’est la persistance de la culture du “baylik” qui a fait tant de dégâts et qui résiste à toutes les volontés de changement.
Le dernier Conseil des ministres a remis sur la table un sujet cher au Premier ministre : la réhabilitation du service public. Cette fois-ci, c’est le président Bouteflika qui prend le train en marche en appelant le gouvernement à “déployer davantage d’efforts pour mettre en place les conditions les plus adéquates et les plus transparentes afin d’assurer un égal accès de tous les citoyens à un service public continu et de qualité”.
L’intention est, à première vue, bonne et louable. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en a fait sa priorité dès son installation. Mais dans les faits, cela reste au stade des slogans. Et ce ne seront ni les lois, encore moins les moyens qui changeraient la donne. C’est une culture bien ancrée dans les administrations publiques qui sera difficile à combattre.
Qu’on aille dans une antenne de mairie, ou celle de Sonelgaz ou de la Poste, le spectacle est le même. On est vite saisi par cette impression d’être dans un milieu hostile et on vous fera comprendre que vous dérangez la quiétude des fonctionnaires. Pour un simple retrait d’un document administratif ou le paiement d’une facture, on vous fera voir de toutes les couleurs. Alors, si c’est pour une réclamation, ou encore une demande d’audience avec un chef de service, c’est quasiment une course d’obstacles qui n’est pas sûre d’aboutir.
Que dire alors des hôpitaux ? Véritables mouroirs, où la saleté et l’indifférence du personnel vous donnent froid dans le dos, les établissements de santé sont l’archétype de la déliquescence du service public et de l’absence de l’État. Les transports publics, les commerces, le ramassage des ordures, pour ne citer que ces services, font partie du lot quotidien des souffrances des citoyens.
On avait essayé, par le passé, de simplifier les procédures administratives, au point où dans certaines administrations on pouvait avoir son permis de conduire et sa carte grise en un temps record. C’est, donc, possible ! Mais la machine bureaucratique aura été plus forte que toutes les bonnes volontés et les vieilles habitudes ont repris le dessus. C’est que dans ces administrations, on a l’impression que le fonctionnaire ne se rend compte de son importance que s’il a en face de lui une foule qui attend, qui supplie et qui, parfois, paye pour se faire délivrer un papier. Un fonctionnaire ne se sent nullement obligé de justifier à un citoyen pourquoi son passeport n’est pas prêt depuis plus de trois mois.
Dire qu’un jour le citoyen pourrait aller retirer son argent n’importe où, à n’importe quelle heure, relève de l’utopie en l’état actuel du service public.
Dire que les prestations Internet vont s’améliorer ressemble à une mauvaise blague dans un pays classé parmi les derniers de la classe en matière de vitesse de débit Internet. Pour la téléphonie de 3e génération, démodée de par le monde, l’Algérie est toujours au stade des promesses.
Ce n’est pas faute de moyens, encore moins de textes de loi, mais c’est la persistance de la culture du “baylik” qui a fait tant de dégâts et qui résiste à toutes les volontés de changement.
Abdelmalek Sellal réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué ? Attendons pour voir.
A B