Réhabilitation des immeubles de la rue Larbi Ben M’hidi ,Alger:Opération compromise ?

Réhabilitation des immeubles de la rue Larbi Ben M’hidi ,Alger:Opération compromise ?

Presque neuf mois après leur lancement, les travaux de réhabilitation des immeubles, au niveau de la rue Larbi Ben M’hidi (Alger), se trouvent toujours à l’arrêt, sinon avancent à pas de tortue.

6 immeubles seulement sont réhabilités sur les 17 prévus. Outre les fissures, les infiltrations d’eau et imprévus d’ordre architectural, le transfert des réseaux électriques de Sonelgaz, et d’Algérie Télécom, expliquent, en partie, le retard qu’accuse cette opération pourtant lancée en grande pompe. À ce rythme, les travaux ne se termineront pas avant le lancement de la saison estivale prochaine comme prévu. Certains locataires, commerçants et même des passants craignent que le projet tombe à l’eau.

Lancé en février dernier par la wilaya d’Alger, le projet de réhabilitation des immeubles de l’ex-rue d’Isly a commencé par les immeubles faisant face à la Grande- Poste et quelques autres bâtiments relevant de cette rue. D’autres quartiers sont également concernés par cette opération qui a bénéficié d’un budget conséquent. La rue Didouche Mourad, ex-rue Michelet fera incessamment l’objet d’une opération similaire.

Les services de l’APC d’Alger Centre ont mobilisé à cet effet des moyens humains et matériels dans le cadre d’une opération destinée à préparer le terrain aux quatre entreprises chargées de réaliser les travaux de réhabilitation. Abdelhakim Bettache, élu et 1er viceprésident de l’APC d’Alger Centre, chargé des affaires sociales et de l’environnement, assure le suivi sur le terrain du déroulement du projet. «Nous allons supprimer toutes les extensions qui ont été ajoutées à la structure originale des bâtisses.

Il dira justement que des mises en demeure ont été remises à tous les commerçants concernés par la réhabilitation de leurs façades. Les propriétaires ou locataires sont soumis à un cahier des charges pour toute intervention sur les façades. Fini les bricolages qui ternissent cette artère considérée depuis toujours comme la vitrine de la capitale.

Un minimum de normes est désormais exigé pour tout projet de décoration. Les revêtements multicolores et les installations débordantes ne seront plus permises. Dans ce contexte, on a dû exclure plusieurs entreprises dans l’opération, faute de qualification. «Nous allons, à ce titre, toucher à tous les biens communs tels que les buanderies, les cages d’escaliers et les terrasses», affirme Abdelhakim Bettache.

Les ajouts sont multiples et multiformes. Cela va de la toiture des magasins à l’installation des climatiseurs et des paraboles qui pullulent dans le quartier. À ce propos, les paraboles seront enlevées des façades des immeubles pour être provisoirement installées sur les toits. Pour soustraire aux regards des passants le décor «agressif », l’APC prend en charge leurs déplacements, épargnant ainsi les frais des travaux aux citoyens. Un locataire rencontré sur place s’est dit réjoui de cette attention de la part de la wilaya.

«C’est un héritage immobilier distinct à sauvegarder », a-t-il souligné. Il s’agit d’une vraie «opération chirurgicale », digne d’ «Alger la blanche». Elle consiste à relooker ou plus exactement rallonger la vie de ces immeubles qui présentent depuis quelques temps déjà des signes de maladies diverses. Ce programme qui s’étale sur 5 ans est chapeauté par la wilaya d’Alger. Selon le responsable de ARCHI- DESIGN, bureau d’étude chargé du suivi du chantier, Djedaidia Imad, ce plan de travail concerne tous les immeubles d’Alger.

D’ailleurs une autre équipe de cette même entreprise travaille à la cité des Annassers de Kouba. Au niveau de la rue Larbi Ben M’Hidi (Alger centre), quatre entreprises se partagent la rénovation. Il faut aller vers le fond, d’abord décaper jusqu’au noyau en enlevant l’ancien ciment. Ensuite on cimente, puis on met de l’enduit-ciment et enfin on étale une couche d’enduit extérieur. Ce travail minutieux concerne, également, les travaux d’étanchéité, la pose de nouvelles tuiles et de descentes des eaux pluviales et usées, la réfection des escaliers, les balustrades des balcons et de la rampe d’escalier. Des démolitions partielles seront effectuées si nécessaire. Pour cette opération, il s’agit d’enlever toutes les couches de peinture et toute la rouille pour ensuite passer de l’antirouille et enfin la peinture », explique Djedaidia.

Pour chaque immeuble, ce travail dure de 3 à 4 mois. Les échafaudages qui posent problème Les commerces qui se trouvent dans cette artère qui grouille de monde pendant la journée, connaissent d’énormes difficultés à cause des échafaudages. les personnes ayant l’habitude de s’attabler dans les terrasses des cafés, dont quelques unes sont déjà supprimées, ont ras-le –bol de cette situation. Les entreprises concernées par ces opérations ne travaillent pas en coordination, s’indigne un commerçant.

C’est pour cela que les travaux avancent lentement, voire compromis, à l’image du projet de la réhabilitation du port d’Alger au temps de Cherif Rahmani, l’ancien gouverneur du Grand-Alger qui a décidé, relève-t-il, de « reprendre la structure ». Toutefois, la dissolution du gouvernorat a fait que les choses sont restées en l’état », chose qui n’est pas à écarter puisque l’actuel wali d’Alger en est à sa fin de mandat, dira-il.

Malheureusement dans ce beau tableau, qui nous rappelle cet Alger d’antan il y des couacs. Les autres parties concernées par cette opération à savoir, les locataires ou propriétaires, la Sonelgaz et Algérie Télécom ne coopèrent pas facilement. À deux reprises un ouvrier a été mortellement électrocuté car des fils électriques sortant de la colonne principale, à l’intérieur des immeubles, n’étaient pas encastrés.

Idem pour les fils de téléphone et d’Internet. Algérie Télécom jusque là fait la sourde oreille. Du côté des locataires, là aussi, il y a à se plaindre. Certains balcons ont été refaits carrément, mais les habitants n’ont pas jugé utile de laisser sécher le ciment des carrelages. Résultat : tout le travail est à refaire. Les syndics à la place des concierges Il est à noter que la conciergerie, dont l’utilité aurait été mise en cause un certain temps, est à réhabiliter pour que l’entretien soit permanant, seulement l’appellation change, il s’agira de syndic.

Il est préférable qu’ils soient désignés par les habitants des immeubles, à défaut, ce seraient le président d’APC ou le procureur de la République qui s’en charge. Fini le badigeonnage anarchique, seul le syndic à le droit de décider de rafistoler ou de repeindre. C’est lui qui veille sur l’entretien et la collecte des contributions. Dans le cas où un locataire refuse de payer ses cotisations, il lui seront retirées directement de son compte.

Rebiha Akriche