Le séisme qui a frappé la capitale la semaine dernière a relancé le débat autour du règlement parasismique algérien. Première impression : les architectes et autres ingénieurs en génie civil refusent de remettre en cause ce règlement conçu en 2003, après le séisme de Boumerdès. Pour eux, ce sont les conditions de construction qu’il faut revoir et non la réglementation.
Pour Djamel Djemaï, architecte et ex-SG du Conseil national de l’ordre des architectes, la question n’est pas de revoir et de mettre à niveau le règlement antisismique actuel, mais d’appréhender la manière de construire et le savoir-faire des entreprises de réalisation. Car selon lui, les nouvelles constructions répondent bel et bien aux normes, puisqu’elles ont été édifiées suivant un certain nombre de mesures, y compris des simulations de séisme assistées par ordinateur. Peuvent-elles résister à un tremblement de terre de forte magnitude ? Le spécialiste refuse d’avancer la moindre affirmation. Toutefois, il estime impératif de lancer le débat sur les normes actuelles et ne pas attendre la survenue d’un autre tremblement de terre pour en parler. Mais que renferme le concept de construction parasismique ?
Réponse de l’architecte : chaque citoyen doit suivre les démarches suivantes : confectionner un plan chez un architecte, détenir un permis de construire délivré par l’administration habilitée et préparer un contrat de suivi toujours chez l’architecte. Pour sa part, l’ancien président du Conseil national de l’ordre des architectes, Athmane Touileb, souligne que le processus est différent d’une région à une autre et selon le classement de chaque localité. A titre d’exemple, il fait savoir que dans une région classée zone 3 en termes d’activité sismique, la réalisation d’un édifice de moins de huit mètres de hauteur se fera sans voile. Au-delà de cette hauteur, le voile devient nécessaire. Il a indiqué qu’au stade de la conception, les architectes et autres ingénieurs procèdent à une simulation sismique à l’aide d’un logiciel de calcul pour fixer les positons des poteaux, des poutres et des voiles. De ce fait, Touileb affirme que le régalement mis en place en 2003 a été « très bien » confectionné et ne nécessite nullement une remise à niveau. Pour lui, le problème réside plutôt dans les modalités d’exécution, autrement dit, les conditions deu chantier liées, entre autres, aux entreprises de réalisation, aux compétences des ouvriers mais aussi et surtout au suivi.
Il regrette que les architectes et les ingénieurs n’aient droit qu’à deux visites sur chantier par semaine. Ce qui reste, à ses yeux, insuffisant. « Les erreurs de construction constatées après un séisme ne sont ni au niveau du calcul ni dans les plans, mais dans la réalisation », soutient-il. Même appréciation chez le président du bureau régional des architectes de Bejaïa, Amine Ikhlef, à propos du règlement parasismique algérien de 2003, et ce, pour la bonne raison que le comportement des bâtiments construits après cette année a été jugé positif suite au séisme de la semaine dernière. « Il n’y a pas eu d’impact sur les immeubles », observe-t-il, signalant qu’il faut, plutôt prendre en charge le vieux bâti qui devient « de plus en plus vulnérable ». « Les nouvelles constructions sont réalisées pour résister à des secousses telluriques d’une magnitude de 7 degrés sur l’échelle ouverte de Richter », rappelle Azzedine Bahloul, ingénieur en génie civil. Lui aussi signale que le problème réside beaucoup plus dans les conditions de réalisation que dans la réglementation même si, selon lui, le RPA de 2003 mérite d’être élargi en développant notamment les systèmes de construction spécifiques à chaque zone. Car selon lui, le RPA a traité les grandes lignes du séisme par rapport à la sécurité des personnes sans donner beaucoup de détails sur l’acte de construire. Résultat des courses, des constructions ont été surdimensionnées et d’autres sous-dimensionnées par rapport à la réglementation. En outre, « 90% des constructions ont été réalisées sur des terrains accidentés », relève-t-il.
Amokrane H.