Les représentants de la société civile malienne participant dimanche à Alger à la Conférence internationale de solidarité de la société civile des pays du Sahel avec le Mali, ont appelé l’Algérie à jouer un « rôle central » pour mettre fin à la crise malienne.
Les intervenants à cette rencontre ont unanimement souligné que l’Algérie était le seul pays à même de jouer un rôle central et efficace dans le règlement de la crise que traverse le Mali, la consécration de la démocratie et le rétablissement de la paix dans ce pays.
« Nul ne peut jouer un rôle central dans le rétablissement de la stabilité au Mali comme l’Algérie, eu égard à son rôle pionnier dans la région du Sahel et dans tout le continent », a estimé le directeur général de l’Organisation Al-Farouk, Ibrahim Kountao.
Il a souligné dans ce sens que le peuple malien sollicitait «la bonne volonté de l’Algérie pour accompagner le Mali dans la recherche d’une issue à la crise et l’aider à jeter les bases de la démocratie», rappelant «l’aide matérielle et morale apportée par l’Algérie au Mali depuis 30 ans.»
Il a indiqué que les efforts déployés par l’Algérie pour mettre fin à la « tragédie » du Mali «ne datent pas d’aujourd’hui d’autant qu’elle (l’Algérie) a toujours été l’initiatrice du dialogue entre toutes les parties et tribus du pays », ajoutant que le Mali « aura besoin de l’Algérie même après la crise, compte tenu de son expérience dans la lutte contre l’extrémisme.»
Pour sa part, le coordinateur national des associations de la société civile du nord du Mali, Heydra Mohamed a souligné que l’Algérie était en tête des pays attachés à un «règlement, à moindre frais, de la crise malienne.»
Dans une déclaration à l’APS en marge de la conférence, Heydra a estimé que «la relation fraternelle qui unit les deux pays exige de l’Algérie de continuer de nous accompagner dans nos efforts de sortie de crise.» En outre, les participants à la conférence internationale de solidarité de la société civile des pays du Sahel avec le Mali, ont été unanimes à privilégier le dialogue dans la crise malienne dans leurs déclarations.
«Toutes les solutions jusque là mises en oeuvre n’ont pas eu les effets escomptés et le dialogue reste la seule voie pacifique à tous les enfants du Mali pour stabiliser réellement le pays», a relevé le président du Haut-Conseil islamique du Mali, Mahmoud Dicko.
Une position partagée par le président du Conseil régional de Kidal, Homeny B. Maiga, qui a noté que «cette conférence d’Alger montre bien qu’il est possible de discuter dans un cadre civil pour dégager des solutions pouvant apporter le bien être à toutes les populations locales du Mali.»
C’est dans ce sens, d’ailleurs, que le conseiller personnel et spécial du président du parti du Rassemblement populaire du Mali (RPM), Cheick Omar Diarra, a soutenu que «ce qui ne passe pas par un dialogue entre toutes les composantes du peuple malien peut nuire aux efforts de stabilisation du Mali, aujourd’hui comme dans l’avenir. »
D’où la remarque du Mauritanien Maroufa Diabera, avocat et ancien bâtonnier, pour qui «les crises et les conflits internes ne trouvent leur véritable aboutissement que par des rencontres, des discussions et un dialogue entre les parties concernées, avec l’objectif de rendre service à son pays.»
Pour sa part, le président de la Croix-Rouge du Niger, Ali Bandiare, a estimé qu’«il ne faut pas trop compter sur les solutions extrêmes alors que dans le cas du Mali, les populations du pays sont en mesure de décider, après dialogue, de ce qu’il leur convient aujourd’hui étant donné que ce sont elles qui souffrent depuis des années.»
La Conférence internationale de solidarité de la société civile des pays du Sahel avec le Mali, qui va durer deux jours, accueille quelque 300 invités dont 123 représentants d’organisations de la société civile des pays du Sahel ainsi que des personnalités africaines.
Elle abordera des aspects spécifiques générés par la crise que vit le Mali: sauvegarde de l’unité du peuple malien et défense de l’intégrité territoriale du Mali, problème de la restauration des institutions constitutives de l’État malien, réconciliation nationale et cohésion sociale, assistance humanitaire aux réfugiés, reconstruction et codéveloppement dans les régions sinistrées.
Une rencontre qui sera également l’occasion de discuter des réalités du terrorisme transnational, du narco-trafic et de la criminalité organisée afin de proposer les voies et moyens de nature à assainir la région de ces fléaux criminels dévastateurs et de garantir aux populations la paix, la stabilité et la sécurité.
R.N.
GROUPES ARMÉS ACTIVANT OU EN DORMANCE AU MALI: UNE MENACE POUR TOUTE LA RÉGION
Les groupes armés présents dans le nord du Mali restent une menace pour l’ensemble de la région, a affirmé le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, dans un nouveau rapport sur la situation au Mali.
«Malgré, les opérations menées par les troupes françaises, maliennes et la force de maintien de la paix de l’ONU dans le nord du Mali, les groupes armés restent une menace pour toute la région», indique Ban Ki-moon dans son rapport samedi au Conseil de sécurité. Les groupes armés «conservent la capacité de faire peser une menace importante» et «ont toujours des réseaux de soutien et des structures de recrutement », déplore le secrétaire général de l’ONU.
«Il est important de garder à l’esprit le danger représenté par des éléments armés qui se déplacent vers des pays voisins pour mener des attaques terroristes et participer à des activités criminelles», ajoute- t-il.
Le Secrétaire général exprime aussi « son inquiétude à propos des attentats suicides et autres opérations de guérilla menés par ces groupes au Mali et dans des pays voisins comme au Niger fin mai ». Il craint que les soldats de la paix ne doivent faire face à des actions de guérilla, comme celles que les forces africaines et maliennes ont déjà subies.
Il a estimé dans son rapport que les opérations menées par les troupes françaises et maliennes dans le nord du Mali ont « affaibli » les groupes armés. «Ils ont perdu l’avantage tactique et une grande partie du sanctuaire auquel ils ont eu accès pendant des années dans le nord du Mali», ajoute-t-il.
Évoquant les élections prévues au Mali fin juillet, le secrétaire général de l’ONU approuve le déploiement à partir du 1er juillet d’une force de maintien de la paix de l’ONU, même s’il souligne qu’elle est pauvrement équipée et mal entraînée.
La Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) est censée prendre en juillet le relais de la force panafricaine (Misma). Sa tâche sera de stabiliser le nord du Mali et d’encourager la transition politique du pays. La Minusma comprendra à terme 12 600 soldats dont 6 000 qui sont venus des pays d’Afrique de l’Ouest sont déjà sur place. Les troupes françaises resteront dans la région pour effectuer des opérations antiterrorisme.
Ban Ki-moon a en outre mis en avant le manque de matériel et d’entraînement des troupes ouestafricaines déjà au Mali. Les forces africaines ont disposé d’une « période de faveur» de quatre mois pour atteindre les normes de l’ONU, relève-t-il. «Un gros effort devra être fait pour combler les manques» en équipement et en formation, notamment sur les hélicoptères d’attaque, avertit Ban.
Ce rapport de l’ONU intervient alors qu’un porte-parole du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) des rebelles touareg maliens, a indiqué dans un communiqué publié à Ouagadougou que les groupes armés touareg dont le MNLA ne déposeront pas les armes avant un règlement de la crise dans le nord du Mali.
K. Z.