Règle du 51/49 et augmentation des salaires,Le FMI dit non au gouvernement

Règle du 51/49 et augmentation des salaires,Le FMI dit non au gouvernement

La règle 49/51 régissant l’investissement étranger en Algérie doit être éliminée ou tout au moins limitée. C’est ce que suggère un haut conseiller au Fonds monétaire international (FMI), appelant également à budgétiser les subventions implicites, stopper l’augmentation des salaires et relancer le crédit à la consommation.

En présence du ministre des Finances, Karim Djoudi, et du gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, le conseiller et chef de mission au FMI, Zeine Ould Zeidane, avait plaidé hier à la Résidence El Mithak pour l’amélioration de l’attractivité de l’Algérie aux investissements directs étrangers.

D’où la nécessité d’une diminution des restrictions persistantes sur les échanges avec l’extérieur dont celle liée à la règle 49/51 régissant l’investissement étranger. A ce propos, le conseiller du FMI, qui intervenait lors d’une conférence sur le thème «croissance et création d’emplois en Algérie», a appelé à éliminer la règle 49/51 ou tout au moins la limiter à quelques secteurs stratégiques. Une suggestion qui répond certainement aux vœux des organisations patronales algériennes, comme l’est la proposition de M. Ould Zeidane de réformer la taxe sur l’activité professionnelle (TAP).

La budgétisation des subventions en question

Autre proposition, une gestion meilleure, transparente et ciblée des subventions publiques implicites, dans la mesure où certains services publics (énergies, carburants et loyers, notamment) bénéficient d’une tarification inférieure aux coûts d’exploitation ou d’amortissement, outre les exonérations accordées en matière de TVA (taxe sur la valeur ajoutée). A ce propos, le conseiller au FMI, abondant dans le même sens que le directeur Moyen-Orient-Asie centrale, Masood Ahmed, qui était intervenu auparavant, avait appelé à «cibler» et à «budgétiser» les subventions implicites et à réduire les exemptions de TVA. Interrogé à ce sujet, le ministre des Finances, qui précise que le Trésor prend en charge ces montants (par le biais notamment du rachat des dettes des entreprises publiques), indique, ce faisant, que son département compte «quantifier » ces subventions, les afficher sur le budget. Ainsi, le gouvernement informera les deux chambres du Parlement, dès la présentation de la prochaine loi de finances, du coût annuel des subventions non budgétisées. Mais c’est à propos de soutenabilité budgétaire que le FMI semble davantage pointilleux, son conseiller appelant à «stopper l’augmentation des salaires afin d’éviter la spirale des prix» et à un ciblage efficient des transferts sociaux.

Et ce, dans le contexte notamment d’une inflation haussière à cause de l’amélioration des revenus (de l’ordre de 253%, selon Karim Djoudi), la masse salariale augmentant de 75,4%, d’une productivité du travail plus qu’insuffisante et d’un marché du travail rigide. A ce propos, le ministre des Finances ne manquera pas de préciser que les transferts sociaux (13% de la richesse nationale) sont un corollaire du développement socioéconomique et que les revalorisations salariales ont un effet limité dans le temps. Prônant également l’amélioration de l’accès aux financements bancaires et une valorisation de l’épargne disponible, Zeine Ould Zeidane avait appelé à lever certaines mesures de régulation assez contraignantes. En ce sens, il estime opportun de relancer le crédit à la consommation, l’interdiction décidée par les pouvoirs publics restant injustifiée et pouvant être compensée par des mesures macroéconomiques appropriées.

Néanmoins, une proposition que le ministre des Finances n’a pas manqué de rejeter clairement, Karim Djoudi rappelant en marge de la conférence que la suspension du crédit à la consommation a été motivée par le souci d’éviter le surendettement des ménages et de ne pas favoriser le financement d’une production étrangère notamment automobile. L’occasion également pour les experts du FMI de saluer, certes, les performances économiques et financières réalisées mais aussi d’estimer, critique, que le potentiel de croissance reste en deçà du potentiel algérien. Voire que le risque d’aggravation du chômage perdurera alors qu’il pourrait diminuer à 5 ou 6% à moyen terme, faute de réformes, d’une accélération optimale de la croissance hors hydrocarbures et de l’amélioration du fonctionnement du marché du travail. Des problématiques et autres sur lesquelles la directrice générale du FMI, Mme Christine Lagarde, en visite de travail aujourd’hui et demain à Alger, se prononcera certainement.

C. B.