Le choix d’un régime politique n’est pas seulement une discussion de salon. Le débat sur la présidentielle est en train de glisser progressivement, c’est-à-dire doucement mais sûrement vers la révision de la constitution, et déjà l’on susurre quelques vérités qu’on aime à mettre en avant.
D’abord, on pense au poste de vice président, comme d’une doublure du chef de l’Etat qui compenserait lourdement une absence de relève en Algérie. Auquel cas, on ferait d’une pierre deux coups.
D’abord, on parerait à toute vacance impromptue du pouvoir, et ensuite, on aurait quelqu’un sous la main pour que le même pouvoir ne soit pas dévié de sa trajectoire. Et c’est une bonne chose, parce qu’on reproche assez souvent au système algérien d’avoir stérilisé les voies de l’alternance et de la passation des pouvoirs entre génération…
Le même modèle existe notamment aux Etats-Unis, ou un Johnson a eu à remplacer au pied levé un Kennedy assassiné et un Gerald Ford un Richard Nixon disqualifié par le scandale des écoutes du Watergate… Il existe aussi d’autres canaux permettant de désigner un dauphin ou un successeur, notamment par le biais des primaires, mais des systèmes en apparence fermés, comme ceux de la Chine ou de la Russie, ont aussi leur mode de désignation d’un dauphin…
Le parti communiste chinois joue généralement sur le consensus, alors qu’en Russie, Poutine a pu jouer au jeu des chaises musicales avec son premier ministre Medvedev… Eh oui, chacun se débrouille comme il peut…
En Algérie, on n’en est pas là… D’où cette idée qui fait son chemin de nommer un vice-président pour palier à toute éventualité… Mais là, aussi, on voit que se dessine déjà en filigrane, sinon en ombres chinoises, une sourde bataille pour la désignation du dauphin !
Bref, il y a maintenant, cette autre idée qui s’impose d’elle-même, et qui vise celle-là, à aller vers un régime semi présidentiel, mélange d’on ne sait quoi, mais qui permettrait de laisser au chef de l’Etat de larges prérogatives tout en ménageant à la majorité parlementaire une part d’aura, en lui permettant de jouer un rôle dans le contrôle de l’activité gouvernementale, et cela passe bien évidemment par la désignation d’un chef de gouvernement issu de la majorité parlementaire.
Lorsqu’on y regarde de près, on voit que les principaux ténors de la scène politique sont un peu d’accord sur ces différents cas de figure, qui avec quelques nuances qui ne sont pas insurmontables… certains penchent carrément pour un régime parlementaire, c’est le cas notamment du MSP, longtemps membre influent de l’alliance présidentielle, avant de passer carrément dans les rangs de l’opposition…
Néanmoins, les partis dits du gouvernement (le FLN, le RND, et les nouveaux arrivants que sont Taj et le MNA) attendent les décisions que prendra le chef de l’Etat lui-même, M. Messahel ayant rappelé tout dernièrement, au cours de la conférence de presse qu’il a animée avec M. Lamamra, que seul le président a les prérogatives de changer la constitution, et qu’aussi bien le timing que les dispositions à modifier lui reviennent.
Cela dit, on peut être étonné que cette révision de la constitution, que la classe politique semble appeler de ses voeux, – même si certains voudraient qu’elle se fasse après les présidentielles c’est le cas de Mme Hanoune et du MSP -, semble plutôt s’inscrire dans le sillage de la préparation même de la présidentielle, et que c’est l’un des enjeux de cette échéance électorale.
Là où le bât blesse en quelque sorte, c’est que cette révision semble aller à l’encontre de celle qui a eu lieu en 2008, notamment en ce qui concerne la nature du régime, puisqu’en 2008, on a plutôt renforcé les pouvoirs du président au détriment de ceux du parlement et du chef de gouvernement, ravalé au rang de simple coordinateur de l’action gouvernementale.
T. H.