Le président Abdelaziz Bouteflika a procédé ce jeudi 14 mai à un remaniement partiel dans le gouvernement du Premier ministre Abdelmalek Sellal. Neuf ministres ont quitté le navire. Trois autres ont été permutés à d’autres secteurs, tandis que deux ont été promus.
Un « énième » remaniement du gouvernement, dont « l’enjeu est de faire oublier que quasiment personne ne gouverne », a titré ce vendredi 15 mai le quotidien francophone El Watan. « Face au vide institutionnel, aux paralysies des organes de l’Etat et aux tentatives de fermer l’espace politique public, le régime joue l’illusionniste ».
A propos de la nomination de Salah Khebri à la tête du ministère de l’Energie, le quotidien parle du « sang neuf », pour faire oublier Yousfi, qui a « hérité de mauvaises habitudes de Chakib Khelil et d’une mauvaise situation. Youcef Yousfi, qui n’est pas dynamique, « n’a pas non plus fait évoluer les choses ».
Les mêmes « reproches » sont constatés chez Mohamed Djellab, remplacé par Abderrahmane Benkhelfa. « M. Djellab n’a pris aucune décision politique, aucune mesure significative, ni entreprise de réformes (…) Son remplaçant a été présent médiatiquement (…) c’est aussi un produit du système bancaire et financier, dont il connaît parfaitement les rouages ».
Le quotidien n’omet pas de souligner le départ de Nadia Labidi ou le remaniement de Amar Ghoul. L’ex ministre de la Culture « n’a bénéficié d’aucune solidarité gouvernementale face aux accusations de corruption lancées par Louisa Hanoune, signe d’un lâchage indélicat. » Amar Ghoul, quant à lui, « bouge vers des secteurs budgétivores, comme à son habitude après les Travaux publics et les Transports ».
Le quotidien Liberté, de son côté, a relevé le recul de la parité homme-femme dans le gouvernement 4 du Premier ministre Abdelmalek Sellal. En effet, Nadia Labidi, Zohra Derdouri, ex-ministre des TIC, Nouria Yamina Zrhouni, ex-ministre du tourisme et de l’Artisanat et Dalila Boudjemeâ, ex chargée du secteur de l’Aménagement du Territoire.
Le même constat est déploré chez Echorouk. « Elles sont devenues quatre après avoir été sept » à figurer dans le gouvernement précédent. Le quotidien arabophone s’est étonné du maintien de Nouria Benghebrit à la tête du secteur de l’éducation, en dépit des « tumultes » de cette année. Echorouk note toutefois le départ de Labidi, une semaine après son dépôt de plainte contre Louisa Hanoune.
Le même quotidien a rapproché le départ de l’ex-ministre de la Culture et Mohamed Tahmi, remplacé par Abdelkader Khomri, à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports à la suite de leurs conflits avec Louisa Hanoune et Mohamed Raouraoua.
El Khabar déplore dans ses colonnes la « domination de la bureaucratie dans la gestion » chez le gouvernement 4 de Sellal. Le quotidien arabophone a notamment rappelé le report de la révision de la Constitution, estimant que le président de la République cherche à travers ce remaniement un gouvernement favorable au prochain amendement, crié par l’opposition.
L’opposition juge « insignifiant » ce nouveau remaniement
Les partis d’opposition estiment que le remaniement ministériel du jeudi 14 mai ne changera rien et que le « statut quo » sera maintenu car les questions de fond n’ont pas été résolues.
« Ces remaniements se suivent, se ressemblent, n’ont pas de sens et il serait bien ardu de leur en donner un « , estime Ali Benflis, ex-candidat à l’élection présidentielle d’avril 2014, dans un communiqué envoyé aux rédactions. « Pour tous ceux qui savent qu’une vacance du pouvoir existe bel et bien au sommet de l’Etat les premières questions qui se posent sont celle de savoir de qui procède ce remaniement ? Qui l’a décidé ? Qui a jugé de son opportunité ? Et quels objectifs politiques ou autres lui assigne-t-il ? », interroge-t-il.
« C’est un remaniement technique et non politique », juge Sofiane Djilali, président de Jil Jadid, interrogé par le site d’information TSA. Même constat pour le Mouvement pour la société et la paix (MSP) d’Abderrazak Mokri qui qualifie ce remaniement de « mouvement administratif dépourvu de tout critère politique ».
Plus alarmant, le Front pour la justice et le développement (FJD), dirigé par Abdellah Djaballah juge que « ce gouvernement représentera la continuité de l’échec qu’on a vécu durant les trois mandats du président Bouteflika et depuis son élection au quatrième mandat », tout en se demandant si ce gouvernement Sellal IV sera en mesure d’ « assurer une transition démocratique comme souhaitée par la classe politique ? »